La Guerre des Gaules
vaisseaux possible et de faire réparer les anciens. Il indique quelles doivent en être les dimensions et la forme. Pour la rapidité du chargement et la facilité de la mise à sec, il les fait un peu plus bas que ceux dont nous avons coutume d'user sur notre mer, d'autant qu'il avait observé que les vagues, par suite du flux et du reflux, étaient moins hautes ; à cause des charges et du grand nombre de chevaux et bêtes de somme qu'ils devaient transporter, il leur donne une largeur un peu supérieure à celle des bâtiments dont nous nous servons sur les autres mers. Il ordonne qu'ils soient tous du type léger, à voiles et à rames, disposition que facilite beaucoup leur faible hauteur. Ce qui est nécessaire à leur armement, il le fait venir d'Espagne. Puis, ayant achevé de tenir ses assises dans la Gaule citérieure, il part pour l'Illyricum, sur la nouvelle que les Pirustes désolaient par leurs incursions les confins de la province. Dès son arrivée, il ordonne aux cités de lever des troupes et leur fixe un point de rassemblement. Quand ils apprennent la chose, les Pirustes lui envoient des députés pour lui dire que la nation n'est pour rien dans ce qui s'est passé, et se déclarent prêts à fournir toutes les satisfactions qu'il exigera. Après les avoir entendus, César leur ordonne de lui livrer des otages et fixe le jour de la remise : en cas de manquement, ce sera la guerre. On les amène au jour dit, selon ses ordres ; il nomme des arbitres pour estimer les dommages subis par chaque cité et en fixer la réparation.
2. Ayant réglé cette affaire et tenu ses assises, il retourne dans la Gaule citérieure, et de là, part pour l'armée. Dès son arrivée, il visite tous les quartiers d'hiver et trouve tout équipés, grâce à l'activité singulière des troupes, alors qu'on manquait de tout, environ six cents navires du type que nous avons décrit plus haut, et vingt-huit vaisseaux longs : il ne manquait pas grand-chose pour qu'on pût les mettre à la mer sous peu de jours. Il félicite les soldats et ceux qui ont dirigé l'entreprise, explique ses intentions, et ordonne que tous se concentrent à Portus Itius, d'où il savait que la traversée était la plus aisée, et d'où il n'y a que trente milles environ du continent en Bretagne ; il laissa les effectifs qu'il jugea nécessaires pour cette opération. Quant à lui, prenant quatre légions sans bagages et huit cents cavaliers, il se rend chez les Trévires, parce qu'ils s'abstenaient de venir aux assemblées, ne reconnaissaient pas son autorité et essayaient, disait-on, d'attirer les Germains trans-rhénans.
3. Ce peuple a la plus forte cavalerie de toute la Gaule, une infanterie nombreuse et il touche, comme nous l'avons dit, au Rhin. Deux hommes s'y disputaient le pouvoir Indutiomaros et Cingétorix. Celui-ci, dès qu'on sut l'approche de César et de ses légions, vint le trouver, donna l'assurance que lui et les siens resteraient dans le devoir et ne trahiraient pas l'amitié du peuple romain, et l'instruisit de ce qui se passait chez les Trévires. Indutiomaros, au contraire, se mit à lever de la cavalerie et de l'infanterie et à préparer la guerre, cachant dans la forêt des Ardennes, qui s'étend sur une immense étendue, au milieu du territoire des Trévires, depuis le Rhin jusqu'aux frontières des Rèmes, ceux à qui leur âge ne permettait pas de porter les armes. Puis quand il voit qu'un assez grand nombre de chefs trévires, cédant à leur amitié pour Cingétorix et à la frayeur que leur causait l'arrivée de nos troupes, se rendaient auprès de César et, ne pouvant rien pour la nation, le sollicitaient pour eux-mêmes, il craint d'être abandonné de tous et envoie des députés à César : « S'il n'avait pas voulu quitter les siens et venir le trouver, c'était pour pouvoir mieux maintenir la cité dans le devoir, car on pouvait craindre que, si tous les nobles s'en allaient, le peuple, dans son ignorance, ne se laissât entraîner ; la cité lui obéissait donc, et si César y consentait, il viendrait dans son camp placer sous sa protection sa personne et la cité. »
4. César n'ignorait pas ce qui lui dictait ces paroles et ce qui le détournait de ses premiers desseins ; pourtant, ne voulant pas être contraint de passer tout l'été chez les Trévires quand tout était prêt pour la guerre de Bretagne, il ordonna à Indutiomaros de venir avec deux cents otages. Quand celui-ci les eut amenés,
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