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La Guerre des Gaules

Titel: La Guerre des Gaules Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules César
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nos machines leur offraient de singulier, les Barbares s'arrêtèrent, puis reculèrent légèrement. Mais nos soldats hésitaient surtout à cause de la profondeur de l'eau ; alors celui qui portait l'aigle de la dixième légion, après avoir demandé aux dieux que son initiative fût favorable à la légion : « Camarades, s'écria-t-il d'une voix forte, sautez à la mer, si vous ne voulez pas livrer votre aigle à l'ennemi moi, du moins, j'aurai fait mon devoir envers Rome et envers notre général. » A ces mots, il s'élança du navire et se dirigea vers l'ennemi, l'aigle en mains. Alors les nôtres, s'exhortant mutuellement à ne pas souffrir un tel déshonneur, sautèrent ensemble hors du vaisseau. Et quand ceux des navires voisins les aperçurent, ils les suivirent et s'avancèrent vers l'ennemi.
    26. On combattit avec acharnement des deux côtés. Cependant, comme les nôtres ne pouvaient ni garder leurs rangs, ni prendre pied solidement, ni suivre leurs enseignes, et que chacun au sortir de son navire se rangeait sous les enseignes qu'il rencontrait, il en résultait un grand désordre ; les ennemis, eux, qui connaissaient tous les bas-fonds, dès qu'ils apercevaient quelques isolés sortant d'un navire, profitant de leur embarras, poussaient leurs chevaux sur eux et les attaquaient ; ils entouraient en force les petits groupes, tandis que d'autres, sur notre droite, prenaient de flanc l'ensemble sous une grêle de traits. Voyant cela, César fit emplir de soldats les chaloupes des vaisseaux longs et les bateaux de reconnaissance, et il envoyait des renforts à ceux qu'il voyait en danger. Dès que nos soldats purent se reformer sur le rivage, et comme tous avaient rejoint, ils chargèrent l'ennemi et le mirent en déroute ; mais ils ne purent le poursuivre bien loin, parce que la cavalerie n'avait pu rester dans la bonne direction et atteindre l'île. Ce fut tout ce qui manqua à la fortune accoutumée de César.
    27. Les ennemis, après leur défaite, dès qu'ils eurent cessé de fuir, s'empressèrent d'envoyer une ambassade à César pour lui demander la paix : ils promirent de donner des otages et d'exécuter ce qu'il commanderait. En même temps qu'elle, vint Commios l'Atrébate, dont j'ai dit plus haut que César l'avait envoyé avant lui en Bretagne. Comme il venait de débarquer et faisait connaître aux Bretons, en porte-parole de César, son message, ils s'étaient emparés de lui et l'avaient chargé de chaînes ; après le combat, ils le renvoyèrent, et en demandant la paix ils rejetèrent sur la foule la responsabilité de cet attentat, en le priant de pardonner une faute due à l'ignorance. César, après leur avoir reproché de lui avoir fait la guerre sans motif, alors qu'ils lui avaient spontanément envoyé des députés sur le continent pour solliciter la paix, déclara qu'il pardonnait à leur ignorance et demanda des otages ; ils en fournirent une partie sur-le-champ ; les autres, qu'ils devaient faire venir d'assez loin, seraient livrés dans peu de jours. En attendant, ils renvoyèrent leurs soldats aux champs et les chefs commencèrent de venir de toutes parts pour recommander à César leurs intérêts et ceux de leurs cités.
    28. La paix étant ainsi assurée, quatre jours après que nous étions arrivés en Bretagne, les dix-huit navires dont il a été question plus haut, qui avaient embarqué la cavalerie, quittèrent le port du nord par vent léger. Ils approchaient de l'île et on les voyait de notre camp, lorsque soudain s'éleva une tempête d'une telle violence qu'aucun d'eux ne put plus tenir sa route, et que les uns furent ramenés à leur point de départ, tandis que les autres étaient fort dangereusement entraînés vers l'extrémité sud-ouest de l'île ; ils jetèrent l'ancre malgré la tempête, mais menacés d'être submergés par les vagues, ils durent piquer vers le large et s'enfoncer dans la nuit ; ils finirent par atteindre le continent.
    29. Le sort voulut que cette même nuit ce fût pleine lune, moment où les marées de l'océan sont les plus hautes ; et les nôtres ignoraient la chose. Aussi les vaisseaux longs, dont César s'était servi pour transporter son infanterie et qu'il avait tirés au sec, se trouvèrent-ils remplis d'eau, cependant que les vaisseaux de transport, qu'on avait mis à l'ancre, étaient maltraités par la tempête sans qu'on eût aucun moyen d'y faire la manœuvre ou de leur porter secours. Un très grand nombre de

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