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La Guerre des Gaules

Titel: La Guerre des Gaules Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules César
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pourvoir au blé, pour surveiller les événements de Gaule et prendre les décisions que comporteraient les circonstances ; lui-même, avec cinq légions et autant de cavaliers qu'il en avait laissés sur le continent, il leva l'ancre au coucher du soleil. Il fut d'abord poussé par un léger vent du sud-ouest ; mais vers minuit le vent tomba, il ne put tenir sa route, et, emporté assez loin par le courant de marée, quand le jour parut, il aperçut sur sa gauche la Bretagne qu'il avait manquée. Alors il suivit le courant qui portait maintenant en sens contraire et fit force de rames pour aborder à cet endroit de l'île que l'été précédent il avait reconnu pour très favorable à un débarquement. En cette occasion nos soldats furent au-dessus de tout éloge avec des navires de transport, et lourdement chargés, ils purent, en ramant sans relâche, aller aussi vite que les vaisseaux longs. On atteignit la Bretagne, avec toute la flotte, vers midi, sans voir l'ennemi sur ce point ; comme César le sut plus tard par des prisonniers, des groupes nombreux s'y étaient assemblés et, effrayés à la vue de tant de vaisseaux – avec ceux de l'année précédente, et ceux que des particuliers avaient construits pour leur usage, c'était plus de huit cents navires qui avaient paru à la fois, – ils avaient quitté le rivage pour aller se cacher sur les hauteurs.
    9. César fit débarquer ses troupes et choisit un emplacement convenable pour son camp ; lorsqu'il sut par des prisonniers où s'était arrêté l'ennemi, laissant près de la mer dix cohortes et trois cents cavaliers pour la garde des navires, avant la fin de la troisième veille, il marcha à l'ennemi ; il craignait d'autant moins pour sa flotte qu'il la laissait à l'ancre sur une plage douce et tout unie ; il donna le commandement du détachement et de la flotte à Quintus Atrius. Pour lui, une marche de nuit d'environ douze milles l'amena en vue de l'ennemi. Celui-ci s'avança vers le fleuve avec sa cavalerie et ses chars et, d'une position dominante, essaya de nous interdire le passage et engagea la bataille. Repoussés par nos cavaliers, les Barbares se cachèrent dans les bois : ils trouvaient là une position remarquablement fortifiée par la nature et par l'art, qu'ils avaient aménagée antérieurement, sans doute pour quelque guerre entre eux : car on avait abattu un grand nombre d'arbres, et on s'en était servi pour obstruer tous les accès. Disséminés en tirailleurs, ils lançaient des traits de l'intérieur de la forêt et nous interdisaient l'entrée de leur forteresse. Mais les soldats de la septième légion, ayant formé la tortue et poussé une terrasse d'approche jusqu'au retranchement ennemi, prirent pied dans la place et les chassèrent de la forêt sans éprouver de pertes sensibles. César défendit qu'on les poursuivît plus loin, parce qu'il ne connaissait pas le pays et parce que, la journée étant déjà fort avancée, il voulait en consacrer la fin à la fortification du camp.
    10. Le lendemain matin, il envoya fantassins et cavaliers en trois corps, à la poursuite de l'ennemi en fuite. Ils avaient fait un assez long chemin, et déjà on apercevait les derniers fuyards, quand des cavaliers envoyés par Quintus Atrius vinrent annoncer à César que, la nuit précédente, une très violente tempête s'était élevée, et que presque tous les vaisseaux avaient été désemparés et jetés à la côte, câbles et ancres ayant cédé et les matelots et les pilotes n'ayant pu soutenir la violence de l'ouragan les navires, heurtés les uns contre les autres, avaient beaucoup souffert.
    11. A cette nouvelle, César ordonne qu'on rappelle légionnaires et cavaliers, qu'ils s'arrêtent et fassent demi-tour ; lui-même retourne aux navires ; ce que messagers et lettre lui avaient appris se confirme, en somme, à ses yeux : quarante navires étaient perdus, mais les autres paraissaient pouvoir être réparés, au prix d'un grand travail. Il choisit des ouvriers dans les légions et en fait venir d'autres du continent ; il écrit à Labiénus d'avoir à construire, avec les légions dont il dispose, le plus de navires possible. De son côté, bien que ce fût un grand travail, et qui dût coûter beaucoup de peine, il prit le parti, qui lui parut le meilleur, de tirer à sec toute la flotte et de l'enfermer avec le camp dans une fortification commune. Cette opération demanda environ dix jours d'un labeur que la nuit

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