La Guerre des Gaules
retard toute leur cavalerie, et dix mille fantassins qu'il répartirait dans divers postes pour la protection des convois de vivres. Il fit ensuite deux parts de son armée quatre légions furent confiées à Labiénus pour marcher contre les Sénons et les Parisii, et il mena lui-même les six autres chez les Arvernes, vers la ville de Gergovie, en suivant l'Allier ; il donna une partie de la cavalerie à Labiénus et garda l'autre part. Quand Vercingétorix apprit ces nouvelles, il coupa tous les ponts de l'Allier et se mit à remonter le fleuve sur la rive opposée.
35. Les deux armées se voyaient l'une l'autre et campaient généralement face à face ; et comme Vercingétorix disposait des éclaireurs pour empêcher les Romains de faire un pont et de franchir le fleuve, César se trouvait dans une situation fort difficile : il risquait d'être arrêté par l'Allier la plus grande partie de l'été, car ce n'est guère avant l'automne que, d'habitude, l'Allier est guéable. Pour éviter qu'il en fût ainsi, César alla camper dans une région boisée en face de l'un des ponts que Vercingétorix avait fait détruire, et le lendemain il y demeura secrètement avec deux légions, tandis qu'il faisait partir comme à l'habitude le reste de ses troupes avec tous les bagages, ayant eu soin de fractionner un certain nombre de cohortes pour faire croire que le nombre des légions n'avait pas changé. Il leur donna l'ordre de se porter aussi loin que possible en avant, et quand l'heure lui fit supposer qu'elles étaient arrivées au campement, il se mit à rétablir le pont sur les anciens pilotis, dont la partie inférieure restait entière. L'ouvrage fut rapidement terminé ; il fit passer les légions et, ayant choisi un emplacement favorable pour son camp, rappela à lui les autres corps. Quand Vercingétorix apprit la chose, craignant d'être obligé à livrer bataille malgré lui, il força les étapes pour prendre de l'avance.
36. César parvint à Gergovie en quatre étapes ; ayant livré le jour de son arrivée un petit combat de cavalerie, et ayant reconnu la place, qui était sur une montagne fort haute et d'accès partout difficile, il désespéra de l'enlever de force ; quant à un siège, il décida de n'y songer qu'après avoir pourvu aux subsistances. De son côté, Vercingétorix avait campé près de la ville, sur la hauteur, et il avait disposé autour de lui les forces de chaque cité, en ne les séparant que par un léger intervalle tous les sommets de cette chaîne que la vue découvrait étaient occupés par ses troupes, en sorte qu'elles offraient un spectacle terrifiant. Ceux des chefs de cités qu'il avait choisis pour former son conseil étaient convoqués par lui chaque jour à la première heure pour les décisions à prendre ou les mesures à exécuter ; et il ne se passait presque point de jour qu'il n'éprouvât, par des engagements de cavalerie auxquels se mêlaient les archers, l'ardeur et la valeur de chacun. Il y avait en face de la ville, au pied même de la montagne, une colline très bien fortifiée par la nature, et isolée de toutes parts : si nous l'occupions, nous priverions l'ennemi d'une grande partie de son eau et il ne fourragerait plus librement. Mais cette position était tenue par une garnison qui n'était pas méprisable. Pourtant César, étant sorti de son camp au milieu du silence de la nuit, bouscula les défenseurs avant que l'on eût pu les secourir de la place et, maître de la position, y installa deux légions ; il relia le petit camp au grand camp par un double fossé de douze pieds de large, afin que même des hommes isolés pussent aller de l'un à l'autre à l'abri des surprises de l'ennemi.
37. Tandis que ces événements se déroulent devant Gergovie, Convictolitavis, cet Héduen à qui, comme on l'a vu, César avait donné la magistrature suprême, cédant aux séductions de l'or arverne, entre en rapports avec certains jeunes gens, à la tête desquels étaient Litaviccos et ses frères, issus d'une très grande famille. Il partage avec eux le prix de sa trahison, et les exhorte à se souvenir qu'ils sont des hommes libres et nés pour commander. « Il n'y a qu'un seul obstacle à la victoire des Gaulois, qui est certaine : c'est l'attitude des Héduens ; l'autorité de leur exemple retient les autres cités qu'ils abandonnent les Romains, et ceux-ci ne pourront plus tenir en Gaule. Sans doute, il n'est pas sans avoir à César quelque
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