Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Guerre et la Paix - Tome III

La Guerre et la Paix - Tome III

Titel: La Guerre et la Paix - Tome III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Léon Tolstoï
Vom Netzwerk:
métiers ; vos maisons, vos boutiques, protégées par des patrouilles de sûreté, vous attendent, et votre labeur recevra la paye qui lui est due. Vous enfin, paysans, sortez des bois où la peur vous retient, retournez sans terreur dans vos isbas, avec la certitude d’y trouver protection. Des magasins sont établis dans la ville, où les paysans peuvent déposer le surplus de leurs provisions et les produits de la terre. Le gouvernement a pris les mesures suivantes pour en protéger la vente : 1° À dater d’aujourd’hui, les paysans et agriculteurs des environs de Moscou peuvent en toute sécurité déposer leurs provisions de toute sorte dans les deux magasins de la Mokhovaïa et de l’Okhotny-riad ; 2° ces provisions seront achetées aux prix convenus entre le vendeur et l’acheteur, mais si le vendeur ne reçoit pas le prix demandé par lui, il a le droit de remporter ses marchandises à son village, et cela en toute liberté ; 3° le dimanche et le mercredi de chaque semaine sont les jours fixés pour les grands marchés, aussi un nombre suffisant de troupes seront-elles échelonnées, les samedi et mardi, sur toutes les grandes routes et jusqu’à une certaine distance de la ville, afin de protéger les files de chariots ; 4° des mesures semblables garantiront également le retour des paysans et de leurs voitures ; 5° on avisera sans délai à rétablir les marchés ordinaires. Habitants de la ville et de la campagne, ouvriers et artisans, quelle que soit votre nationalité, vous êtes appelés à exécuter les dispositions paternelles de Sa Majesté l’Empereur et Roi, et à contribuer au bien-être général. Déposez à ses pieds le respect et la confiance, et ne tardez point à vous réunir à nous. »
    Pour relever le moral de l’armée et du peuple, il passe des revues et donne des récompenses, se montre dans les rues, console les habitants, et, malgré les soucis que lui causent les affaires de l’État, visite les théâtres organisés par son ordre. En ce qui touche à la bienfaisance, le plus beau fleuron de la couronne des princes, Napoléon fait tout ce qu’il lui est humainement possible de faire : il inscrit sur le fronton des établissements de charité publique : « Maison de ma Mère », unissant ainsi le tendre sentiment de la piété filiale à la majesté bienfaisante du monarque ; il inspecte la maison des Enfants-Trouvés, donne sa blanche main à baiser à ces enfants sauvés par lui, et témoigne à Toutolmine la plus grande bienveillance. Puis, selon l’éloquente narration de M. Thiers, il paye la solde de ses troupes au moyen de faux assignats russes {29}  ! Relevant l’emploi de ces moyens par un acte digne de lui et de l’armée française, il fait distribuer des secours aux incendiés. Mais, les vivres étant trop précieux pour être donnés à des étrangers la plupart ennemis, Napoléon aime mieux leur fournir de l’argent, afin qu’ils s’approvisionnent au dehors, et il leur fait distribuer, à eux aussi, des roubles-papier. Enfin, pour maintenir la discipline de l’armée, il ne cesse d’ordonner de sévères enquêtes au sujet des infractions au service, et de rigoureuses poursuites contre les fauteurs de pillage.

X
    Mais, chose étrange ! toutes ces mesures, qui n’étaient en rien inférieures aux dispositions qu’il avait prises ailleurs en pareille circonstance, n’atteignaient que la superficie, comme on voit les aiguilles d’un cadran, séparé de son mécanisme, tourner au hasard sans en entraîner les rouages dans leur mouvement.
    M. Thiers dit, en parlant du plan si remarquable de Napoléon, que son génie n’avait jamais rien imaginé de plus profond, de plus habile et de plus admirable, et il prouve, dans sa polémique avec M. Fain, que la rédaction doit en être portée, non au 4, mais bien au 15 octobre {30} . Ce plan « si remarquable » ne fut jamais et n’aurait jamais pu être exécuté, parce qu’il n’était pas applicable aux circonstances présentes. Les fortifications du Kremlin, pour la construction desquelles il fallait détruire la mosquée (ainsi que Napoléon appelait l’église de Saint-Basile), furent inutiles, et les mines creusées sous le Kremlin n’eurent d’autre effet que de l’aider à accomplir son désir de faire sauter cet édifice en quittant Moscou ; de même que, pour consoler un enfant d’une chute, on s’en prend au plancher sur lequel il est tombé. La poursuite de

Weitere Kostenlose Bücher