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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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nous pouvons placer dans la bouche de Bonthron un mot qui ne mettra pas dans un médiocre embarras celui que j’ai tout lieu de maudire pour avoir été la cause de mon infortune. Rendons-nous au chenil du boule-dogue, et expliquons-lui ce qu’il doit faire en prévoyant tous les cas. Si nous pouvons le décider à subir l’épreuve du droit de cercueil, ce n’est peut-être qu’une pure simagrée ; alors nous sommes en sûreté. S’il préfère le combat, il est farouche comme l’ours que les chiens relancent, et il est possible qu’il triomphe de son adversaire ; dans ce cas nous sommes plus qu’en sûreté, nous sommes vengés. Si Bonthron lui-même est vaincu, nous aurons recours à ton expédient ; et si tu t’y prends avec adresse, nous pourrons dicter ses aveux, nous en prévaloir, comme je te l’expliquerai tout à l’heure, et faire un pas de géant dans la carrière si douce de la vengeance. – Cependant il reste encore un risque à courir. Supposons notre mâtin mortellement blessé dans la lice, qui empêchera qu’il ne grommèle quelque espèce de confession différente de celle que nous lui aurions dictée ?
    – Qui ? – Eh ! mais, son médecin, dit Dwining. Que je puisse le soigner et mettre seulement un doigt sur sa blessure, et je vous réponds qu’il ne trahira, pas vos secrets.
    – Parbleu, voilà un coquin qui ne se fait pas prier pour rendre service ! dit Ramorny.
    – Comme le maître ne se fera pas prier pour accorder la récompense, ajouta Dwining.
    – Allons faire la leçon à notre agent, reprit le chevalier ; nous le trouverons très docile, car tout limier qu’il est, il sait distinguer la main qui le nourrit de celle qui le maltraite, et il garde une profonde rancune à un mien maître, ou qui le fut du moins, pour quelque traitement injurieux et quelques expressions de mépris qu’il a sur le cœur. Il faut aussi que j’apprenne de toi comment tu t’y prendrais pour sauver notre boule-dogue des mains de cette canaille de bourgeois.
    Nous laisserons ce digne couple concerter leurs intrigues secrètes, dont nous verrons plus tard les résultats. Quoique composés d’élémens différens, ils étaient aussi bien accouplés pour imaginer et mettre à exécution de sinistres complots, que des chiens de chasse dont les uns sont habiles à découvrir le gibier et à le faire lever, les autres à se jeter sur lui pour le détruire. L’orgueil et l’égoïsme les caractérisaient l’un et l’autre ; seulement par suite de la différence de rang, d’éducation et de talens, ces vices se manifestaient chez eux de la manière la plus opposée.
    Rien ne pouvait moins ressembler à la haute ambition du courtisan favori, du galant privilégié, du guerrier intrépide, que le petit apothicaire soumis et rampant qui semblait rechercher les outrages et se faire un plaisir des affronts, tandis qu’au fond de l’âme il sentait que son esprit et ses connaissances lui assuraient une supériorité qui l’élevait bien au-dessus des seigneurs grossiers de ce temps. Henbane Dwining le savait si bien que, comme un gardien de bêtes sauvages, il se hasardait quelquefois pour son propre amusement à exciter les passions fougueuses d’hommes tels que Ramorny, certain, avec son air d’humilité, d’éluder la tempête qu’il avait soulevée, comme un jeune Indien lance sans crainte son léger canot que sa fragilité même garantit sur des brisans redoutables où un bâtiment plus solide serait infailliblement mis en pièces. Que le baron féodal méprisât l’humble apothicaire, c’était une chose toute simple ; mais Ramorny n’en éprouvait pas moins l’influence que Dwining exerçait sur lui, et s’ils en venaient aux prises, il était presque toujours maté par lui, de même que les écarts les plus furibonds d’un cheval fougueux sont arrêtés par un enfant de douze ans, s’il entend l’art du manége. Dwining ne méprisait pas moins Ramorny, mais son mépris était bien moins équivoque. Il regardait le chevalier, en comparaison avec lui, comme s’élevant à peine au-dessus de la brute, en état sans doute d’opérer la destruction comme le taureau avec ses cornes ou le loup avec ses griffes, mais dominé par de vils préjugés et sous l’empire des fraudes sacerdotales, nom sous lequel Dwining comprenait toute espèce de religion. En somme Ramorny à ses yeux était une créature que la nature lui avait assignée à titre de serf pour travailler

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