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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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à lui procurer l’or qui était son idole, et dont la passion était son plus grand faible, quoiqu’il s’en fallût que ce fût son plus grand vice. Il excusait ce penchant sordide à ses propres yeux en se persuadant qu’il prenait sa source dans l’amour du pouvoir.
    – Henbane Dwining, se disait-il en regardant avec délices le trésor qu’il avait secrètement amassé, et qu’il visitait de temps en temps ; Henbane Dwining n’est pas un stupide avare qui n’admire dans ces pièces d’or que leur lustre et leur éclat ; c’est le pouvoir dont elles investissent celui qui les possède, qui le fait les adorer ainsi. Qu’existe-t-il que leur influence magique ne puisse mettre à votre disposition ? Aimez-vous les belles, et êtes-vous laid, difforme, vieux et infirme : voilà un hameçon auquel la plus fière beauté se prendra. Êtes-vous faible, sans appui, exposé à l’oppression : voilà qui armera pour vous des défenseurs plus puissans que le petit tyran que vous craignez. Êtes-vous magnifique dans vos désirs, et voulez-vous étaler tout le luxe extérieur de l’opulence : cette petite cassette, contient bien des collines et des prairies fertiles, bien des forêts remplies de gibier et des milliers de vassaux. Désirez-vous la faveur des cours, temporelles ou spirituelles, les sourires de monarques, le pardon de papes et de prêtres pour d’anciens crimes, et l’indulgence qui encourage à en commettre de nouveaux : tous ces pieux stimulans qui poussent au vice peuvent s’obtenir pour de l’or. La vengeance elle-même que les dieux, dit-on, se réservent parce qu’ils envient aux hommes un si friand morceau, la vengeance peut s’acheter l’or à la main. Mais on peut, aussi se la procurer par la ruse et l’adresse, et c’est le plus noble moyen de l’obtenir. Je réserverai donc mon trésor pour d’autres usages, et j’accomplirai gratuitement ma vengeance, ou plutôt je joindrai le plaisir d’augmenter mes richesses à la douceur de me venger.
    Telles étaient les pensées de Dwining, lorsqu’à son retour de chez sir John Ramorny il ajouta à la masse l’or qu’il avait reçu pour ses différens services. Après avoir contemplé le tout pendant une ou deux minutes, il ferma soigneusement à clef son coffre-fort, et sortit pour aller faire ses visites à ses malades, cédant le côté du mur à tous ceux qu’il rencontrait, saluant en ôtant son bonnet le plus mince bourgeois qui tenait une petite boutique, et même le plus simple artisan qui ne gagnait son pain précaire qu’à la sueur de son front.
    – Misérables, pensait-il au fond de son cœur en faisant ces saluts, êtres vils et bornés, si vous saviez ce que cette clef peut montrer à vos regards, quelle est la tempête du ciel qui pourrait vous empêcher de vous découvrir devant moi ? Il n’est pas dans votre affreux taudis un chenil assez dégoûtant pour que vous hésitassiez à y tomber à genoux afin d’adorer le possesseur de tant de richesses. Mais je vous ferai sentir ma puissance, quoiqu’il me plaise de la cacher. Je serai comme un incube pour votre ville, puisque vous n’avez pas voulu de moi pour magistrat. Comme le cauchemar, je pèserai sur vous sans cesser d’être invisible. Ce misérable Ramorny aussi, lui qui, en perdant sa main, a comme le pauvre artisan perdu la seule partie précieuse de son être, il accumule sur moi les propos outrageans, comme si rien de ce qu’il peut dire était capable d’intimider un esprit aussi ferme que le mien ! Ah ! lorsqu’il me traite de fripon, de scélérat, d’esclave, il agit aussi prudemment que s’il s’amusait à me tirer des cheveux de la tête, tandis que ma main tient les fibres de son cœur. Je puis me payer au moment même de chaque insulte en lui infligeant quelque bonne peine physique et morale, et… eh ! eh ! eh !… Il faut convenir que je ne reste pas beaucoup en arrière avec Sa Seigneurie.
    Pendant que le médecin se livrait ainsi à ses réflexions diaboliques, et qu’il se glissait à sa manière le long de la rue, plusieurs voix de femmes se firent entendre derrière lui.
    – Ah ! le voilà, la sainte Vierge en soit bénie ! – Voilà l’homme le plus secourable de Perth, dit une voix.
    – Qu’on parle tant qu’on voudra de chevaliers et de rois pour redresser les torts, comme ils le disent ; moi, qu’on me parle de notre digne apothicaire maître Dwining, reprit une autre.
    Au même moment le

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