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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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la respiration pénible et entrecoupée semblait annoncer qu’il était au moment de terminer sa courte existence. Un dominicain était assis près du lit, tenant l’autre enfant dans ses bras et paraissant de temps en temps adresser un mot ou deux de consolations spirituelles, ou faire quelque remarque sur la maladie de l’enfant.
    Le médecin jeta sur le bon père un seul regard, rempli de ce dédain profond que les hommes de la science éprouvent pour ceux qui leur semblent se mêler de ce qui ne les regarde pas. Les secours qu’il administra furent aussi prompts qu’efficaces. Il arracha l’enfant des mains de sa mère, lui découvrit la gorge, ouvrit une veine, et le sang en coulant avec abondance soulagea à l’instant le petit malade. Déjà tout symptôme dangereux avait disparu, et Dwining ayant bandé la blessure remit l’enfant entre les bras de sa mère éperdue.
    Tant que la vie de son fils avait été en danger, la douleur de la veuve avait été suspendue pour faire place à l’angoisse déchirante de la mère ; mais lorsqu’elle sut qu’il était sauvé, le sentiment de la perte qu’elle avait faite revint l’assaillir de nouveau avec la force d’un torrent qui a brisé l’écluse qui pendant un moment l’avait comprimé.
    – Hélas ! très savant docteur, dit-elle, vous retrouvez bien pauvre celle que vous avez connue plus riche autrefois ; mais les mains qui ont rendu ce cher enfant à ma tendresse ne doivent pas s’en aller vides. Généreux, excellent maître Dwining, acceptez son chapelet… les grains en sont d’ivoire et d’argent… Il aimait toujours à avoir tout aussi beau qu’un gentilhomme, et dans toute sa manière d’être il ressemblait plus à un gentilhomme que pas un de nous, et voilà ce qui lui en est advenu.
    En disant ces mots dans un muet accès de douleur, elle pressa sur son cœur et contre ses lèvres le chapelet de son défunt mari et le mit entre les mains de Dwining.
    – Prenez-le, dit-elle, pour l’amour de quelqu’un qui vous aimait bien. Ah ! il avait coutume de dire que si jamais un homme pouvait être ramené des bords du tombeau, ce devait être par maître Dwining, et son enfant en est revenu aujourd’hui tandis que lui il est étendu là, raide et glacé, sans se douter que son fils a été malade ni qu’il est guéri. Ah ! malheureuse ! malheureuse ! Mais prenez le chapelet, et pensez à sa pauvre âme quand vous le tiendrez entre les doigts. Il n’en sortira que plus vite du purgatoire si les bonnes personnes comme vous veulent prier pour lui.
    – Reprenez vos grains, femme ; je n’entends rien aux sortiléges ni aux jongleries, dit le médecin qui, plus ému peut-être qu’il n’eût cru son cœur endurci susceptible de l’être, s’efforçait de repousser le don de sinistre présage ; mais les derniers mots qu’il avait prononcés offensèrent le moine, auquel il ne songeait plus et qu’il croyait bien loin.
    – Qu’est-ce à dire, monsieur le docteur ? dit le dominicain ; appelez-vous les prières pour les morts des jongleries ? Je sais que Chaucer, l’auteur anglais, dit de vous autres médecins que la Bible n’est pas ce que vous étudiez beaucoup. Notre sainte mère l’Église a sommeillé quelque temps, mais à présent ses yeux sont ouverts pour distinguer ses amis de ses ennemis, et soyez bien convaincu…
    – Eh mais ! très révérend père, dit Dwining, vous ne m’avez pas laissé finir ma phrase. Je disais que je ne pouvais point faire de miracles, et j’allais ajouter que comme l’Église pouvait assurément en opérer, c’était entre vos mains qu’il fallait remettre ce riche chapelet pour que vous en fissiez l’usage le plus convenable pour le soulagement de l’âme du défunt.
    En disant ces mots il laissa tomber le chapelet dans les mains du dominicain, et sortit précipitamment de cette maison de deuil.
    – Voilà une singulière visite, se dit-il à lui-même dès qu’il se vit dans la rue. Je ne sais par quelle sotte idée, moi qui ne tiens pas beaucoup à ces misères-là, je ne suis pas fâché d’avoir sauvé la vie de ce criard d’enfant ; mais rendons-nous vite chez mon ami Smotherwell, qu’il ne me sera pas difficile de faire entrer dans mes projets au sujet de Bonthron ; et ainsi je sauverai deux vies, tandis que je n’en ai détruit qu’une, après tout.

CHAPITRE XXIII.
     
    L’église de Saint-Jean à Perth étant celle du saint patron de la ville, avait

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