Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
nous résisterait, et nous prendrions possession du pays. Je serais maître de Perth, il le serait de Dundee, et toute la grande vallée nous appartiendrait jusqu’aux bords du Frisch et du Tay. Telle est la politique que j’ai apprise de votre vieille tête grise, père Simon, tandis que je tenais une assiette, debout derrière vous, et que je vous écoutais jaser le soir avec le bailli Craigdallie.
    – On a bien raison de dire que la langue est un membre désordonné, pensa le gantier. Voilà que j’ai tenu une chandelle au diable pour lui montrer le chemin.
    Mais il se contenta de dire tout haut : – Ces plans viennent trop tard.
    – Trop tard sans doute, répondit Eachin. Les conventions du combat ont reçu nos marques et nos sceaux ; des insultes et des forfanteries mutuelles ont fait de la haine ardente du clan de Quhele et de celui de Chattan une flamme inextinguible. Oui, le temps en est passé. Mais parlons de vos affaires, père Glover. C’est la religion qui vous a amené ici, à ce que Niel Booshalloch m’a dit. Certainement j’avais appris à reconnaître assez bien votre prudence pour ne pas vous soupçonner d’être, en querelle avec l’Église. Quant à mon ancienne connaissance le père Clément, c’est un de ces hommes qui courent après la couronne du martyre ; il croit qu’un poteau entouré de fagots embrasés est plus digne d’embrassemens qu’une jeune épouse. C’est un vrai chevalier errant, armé de toutes pièces pour la défense de ses opinions religieuses, et partout où il va, il trouve à combattre. Il s’est déjà fait une querelle avec les moines de l’île de Sibyle, je ne sais sur quel point de doctrine. L’avez-vous vu ?
    – Je l’ai vu, mais je ne lui ai parlé qu’un instant ; j’étais pressé par le temps.
    – Il peut vous avoir dit qu’il existe une troisième personne, une personne qui vraisemblablement, je crois, pourrait fuir pour la religion à meilleur titre que vous, citoyen circonspect, ou que lui, prédicateur fougueux, et qui serait bien accueillie si elle venait réclamer notre protection. Ton esprit est bien obscur, vieillard, ou tu ne veux pas me comprendre… ta fille Catherine !
    Le jeune chef dit ces derniers mots en anglais, et il continua la conversation dans la même langue, comme s’il eût craint d’être entendu et même comme s’il eût hésité involontairement à s’exprimer comme il le faisait.
    – Ma fille Catherine, dit le gantier se rappelant ce que lui avait dit le père Clément ; elle se porte bien ; elle est en sûreté.
    – Mais où est-elle ?… avec qui se trouve-t-elle ?… pourquoi n’est-elle pas venue avec vous ?… Croyez-vous que le clan de Quhele n’ait pas pour servir la fille de l’ancien maître de son chef quelques caillachs {95} aussi actives que la vieille Dorothée dont la main a plus d’une fois échauffé mes joues ?
    – Je vous remercie encore une fois, et je ne doute ni de votre pouvoir ni de votre bonne volonté pour protéger ma fille ainsi que moi-même. Mais une honorable dame, amie de sir Patrice Charteris, lui a offert un asile sûr, sans qu’elle eût besoin de courir les risques d’un voyage fatigant à travers un pays désolé et déchiré par des dissensions.
    – Oh ! oui, sir Patrice Charteris, dit Eachin d’un ton plus réservé et plus froid ; sans contredit il doit être préféré à tout autre. Il est votre ami, je crois ?
    Simon Glover mourait d’envie de punir cette affectation d’un jeune homme qu’il avait grondé quatre fois dans un seul jour pour courir dans la rue afin de voir passer sir Patrice Charteris et sa suite ; mais il retint la répartie qui était prête à lui échapper, et répondit simplement :
    – Sir Patrice Charteris a été prévôt de Perth pendant Sept ans, et il est probable qu’il l’est encore ; puisqu’on élit les magistrats, non en carême, mais à la Saint-Martin.
    – Ah ! père Glover, dit Eachin d’un ton plus amical et plus familier, vous êtes si habitué à voir à Perth des spectacles somptueux, que la vue de notre fête barbare à dû être bien peu de chose pour vous en comparaison. Que pensez-vous de notre cérémonie d’hier ?
    – Elle était noble et touchante, surtout pour moi qui connaissais votre père. Quand vous étiez appuyé sur votre claymore et que vous regardiez autour de vous, il me semblait que je voyais mon ancien ami Gilchrist Mac Ian sorti glorieux du tombeau et ayant

Weitere Kostenlose Bücher