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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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viandes qu’on regardait comme une friandise. Il y avait aussi du laitage préparé de différentes manières, servi de même sur des plats de bois, et dont on faisait grand cas. Le pain était l’objet le plus rare du festin ; mais par une distinction spéciale, on servit deux petits pains à Glover et à son ami Niel. Pour manger, et à la vérité la même coutume avait lieu alors dans toute la Grande-Bretagne, les convives se servaient de leurs petits couteaux de chasse nommés skenes , ou de leurs grands poignards appelés dirks , sans s’inquiéter de la réflexion qu’ils pouvaient avoir quelquefois servi à un usage tout différent et plus fatal.
    Au haut bout de la table était un fauteuil non occupé, élevé de deux marches au-dessus du plancher, couvert d’un dais formé par des branches de houx et de lierre, et sur lequel étaient appuyés une épée dans son fourreau, et une bannière ployée : c’était le siége du chef défunt, et on l’avait laissé vacant par respect pour sa mémoire. Eachin occupait une chaise plus basse à main droite de la place d’honneur.
    Le lecteur se tromperait grandement si d’après cette description il supposait que les convives se conduisirent comme une troupe de loups affamés, en profitant en vrais gloutons d’un repas tel qu’ils en trouvaient rarement. Au contraire, tous les membres du clan de Quhele se comportèrent avec cette sorte de réserve polie, et cette attention aux besoins des autres, qu’on trouve souvent chez les nations primitives, et surtout parmi celles qui ont toujours les armes à la main, parce que le soin d’observer les règles de la politesse est nécessaire pour éviter les querelles, l’effusion de sang et la mort. Les convives prirent les places qui leur furent assignées par Torquil du Chêne qui, remplissant les fonctions de maréchal Taeh , c’est-à-dire d’intendant du festin, indiquait à chacun celle qu’il devait occuper en la touchant d’une baguette blanche sans prononcer un seul mot. Ainsi placés en ordre ils attendirent patiemment la distribution des vivres, qui fut faite par les Leichtachs, les hommes les plus braves, les guerriers les plus distingués du clan, recevant une double portion qu’on appelait emphatiquement biey fir , ou portion d’un homme. Lorsque les écuyers tranchans eurent terminé leurs fonctions ils prirent leurs places à table, et chacun d’eux reçut une de ces doubles portions. On plaça de l’eau à portée de chacun, et une poignée de mousse tenait lieu de serviette, de sorte que, comme à un banquet de l’Orient, on se lavait les mains chaque fois qu’on renouvelait le service. Le barde chanta les louanges du chef défunt, et exprima la confiance du clan dans les vertus naissantes de son successeur. Le Seanachie fit l’histoire de la généalogie de la tribu, qu’il fit remonter à la race des Dalriades {92} . Les joueurs de harpe {93} firent retentir la salle du son de leurs instrumens, tandis que celui des cornemuses égayait la multitude en plein air. La conversation fut grave, civile et paisible ; on ne se permit aucun bon mot qui passât les bornes d’une plaisanterie agréable, et qui pût exciter plus qu’un sourire passager ; nulle voix ne s’éleva au-dessus des autres, et l’entretien ne dégénéra jamais en argumentation. Simon Glover avait entendu cent fois plus de bruit dans un repas de corps dans la ville de Perth que n’en firent en cette occasion deux cents montagnards sauvages.
    Les liqueurs qu’on servit n’eurent pas même le pouvoir de faire oublier aux convives les lois du décorum et de la gravité. Elles étaient de différentes espèces. – Le vin ne parut qu’en petite quantité et l’on n’en offrit qu’aux personnages les plus distingués. Simon Glover eut encore l’honneur de se trouver compris dans ce nombre privilégié. Il est vrai que le petit pain et le vin furent les seuls marques d’attention qu’il reçut pendant tout le festin ; mais Niel, voulant faire à son maître une réputation d’hospitalité, ne manqua pas d’insister sur ce qui était selon lui les preuves d’une haute considération. – Les liqueurs distillées, si généralement en usage depuis chez les montagnards, étaient alors presque inconnues. On ne servit que très peu d’usquebaugh, et il était tellement saturé d’une décoction de safran et d’autres herbes aromatiques, qu’il aurait pu passer pour une potion médicinale plutôt que pour

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