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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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recevraient avec le même respect que si elle était fille de Mac Callanmore. Mais vous rejetez ma demande ! ajouta Eachin avec aigreur.
    – Vous mettez dans ma bouche des paroles offensantes, dit le vieillard, et vous pouvez me punir ensuite comme si je les avais prononcées, puisque je suis entièrement en votre pouvoir. Mais ma fille n’épousera jamais, de mon consentement, qu’un homme de sa condition. Son cœur se briserait au milieu des guerres et, des scènes sanglantes auxquelles votre situation vous expose constamment. Si vous l’aimez réellement, et que vous vous souveniez de la terreur que lui inspirent les querelles et les combats, vous ne voudriez pas qu’elle eût, à vivre au milieu des horreurs de la guerre, qui doit être votre occupation inévitable et éternelle comme elle était celle de votre père. Choisissez une épouse parmi les filles des chefs de vos montagnes, mon fils, ou parmi celles des fiers nobles des basses-terres. Vous êtes jeune, bien fait, riche, noble, puissant, et vous ne ferez pas la cour en vain. Vous trouverez facilement une épouse qui se réjouira de vos victoires, et qui vous consolera dans vos revers. Les unes et les autres seraient également effrayantes pour Catherine. Un guerrier doit porter un gantelet d’acier ; un gant de peau de chevreuil serait mis en pièces en une heure.
    Un nuage sombre passa sur le front du jeune chef, qui un moment auparavant avait été animé d’un feu si vif.
    – Adieu donc, dit-il, la seule espérance qui aurait pu me conduire à la renommée ou à la victoire. Il resta quelques instans en silence, plongé dans de profondes réflexions, les yeux baissés, fronçant les sourcils et les bras croisés. Enfin il leva les yeux sur Glover, et lui dit : – Mon père, car vous avez été un père pour moi, je vais vous dire un secret. La raison et l’orgueil me conseillent de me taire, mais le destin m’ordonne de parler ; et il faut que je lui obéisse : Je vais vous confier le secret le plus cher qu’un homme ait jamais confié à un homme ; mais prenez garde, de quelque manière que se termine cette conférence, prenez bien garde de ne jamais laisser échapper une syllabe de ce que vous allez apprendre ; car sachez que si vous en parliez dans le coin le plus éloigné de l’Écosse, j’ai des oreilles pour entendre, même à cette distance, et une main et un poignard pour atteindre le cœur du traître. Je suis… le mot ne veut pas sortir de ma bouche.
    – Ne le prononcez donc pas, dit le prudent gantier ; un secret n’est plus en sûreté quand il a passé les lèvres de celui à qui il appartient, et je ne désire nullement recevoir une confidence aussi dangereuse que celle dont vous me menacez.
    – Il faut que je le prononce et que vous l’entendiez. Dans ce siècle guerrier, mon père, vous avez sans doute vous-même combattu ?
    – Une fois seulement, et ce fut quand les Anglais attaquèrent la Belle Ville. Je fus sommé de prendre les armes pour la défendre, comme j’y étais obligé, puisque tous les corps de métiers sont tenus de veiller à la sûreté de la ville et de la protéger.
    – Et qu’éprouvâtes-vous en cette occasion ?
    – Quel rapport a cette question à ce qui nous occupe ? demanda Simon avec quelque surprise.
    – Un rapport très direct, sans quoi je ne l’aurais pas faite, répondit Eachin avec le ton de hauteur qu’il prenait de temps en temps.
    – Il est facile de décider un vieillard à parler des anciens temps, dit Simon, qui après un moment de réflexion ne fut pas fâché de laisser arriver la conversation sur un autre sujet que sa fille. J’avouerai donc que le sentiment que j’éprouvai alors n’avait rien de cette confiance, de cette ardeur, de ce plaisir même dont j’ai vu d’autres hommes animés en marchant au combat. J’avais embrassé une profession paisible et mené une vie tranquille, et quoique le courage ne m’ait pas manqué quand l’occasion l’exigeait, j’ai rarement plus mal dormi que la nuit qui précéda cette affaire. J’avais l’esprit tourmenté par tout ce que j’ai entendu dire des archers saxons, ce qui n’était que la pure vérité, qu’ils décochaient des flèches d’une aune de longueur, et qu’ils se servaient d’arcs d’un tiers plus longs que les nôtres. Quand je m’endormais un instant, si une paille de mon matelas me piquait le côté je me réveillais en tressaillant, croyant sentir une flèche anglaise

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