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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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gémissement.
    – Qu’y a-t-il donc ? qu’avez-vous encore qui vous tourmente ?
    – J’ai quelque soupçon, mon cher Henry Smith, que le misérable s’est enfui parce qu’il a eu peur de vous et non de moi.
    – N’en croyez rien. Il a vu deux hommes et il s’est enfui. Qui peut dire si sa fuite a été causée par l’un ou par l’autre ? D’ailleurs il connaît par l’expérience combien vous êtes vigoureux et agile. Nous avons tous vu comme vous vous êtes escrimé des pieds et des jambes pendant que vous étiez étendu par terre.
    – Vraiment ? dit le pauvre Proudfute, je ne m’en souviens pas ; mais je sais que c’est mon côté fort. Je suis un fier homme quant aux reins. Mais l’ont-ils vu tous ?
    – Aussi bien que moi, répondit Smith, étouffant avec peine une envie de rire.
    – Et vous le leur rappellerez ?
    – Bien certainement, ainsi que la poursuite désespérée que vous venez de faire. Écoutez bien ce que je dirai au bailli Craigdallie, et faites-en votre profit.
    – Ce n’est pas que j’aie besoin d’aucun témoignage en ma faveur, car je suis naturellement aussi brave que la plupart des bourgeois de Perth ; seulement… L’homme brave n’acheva pas sa phrase.
    – Seulement quoi ? demanda Henry.
    – Seulement je crains d’être tué. Vous sentez, Smith, qu’il serait fâcheux de laisser au dépourvu une jolie femme et une jeune famille. Vous le sentirez encore mieux quand vous serez dans le même cas. Vous verrez que le feu de votre courage s’amortira.
    – Cela n’est pas impossible, dit l’armurier d’un ton pensif.
    – Ensuite, je suis tellement habitué au maniement des armes, et j’ai la respiration si libre, que peu de gens peuvent jouter contre moi. Voyez, ajouta le petit homme en poussant en avant sa poitrine comme celle d’un poulet prêt à mettre à la broche, et en y passant la main, il y a place ici pour tout le mécanisme du souffle.
    – J’ose dire que vous avez l’haleine longue. Du moins vos discours le prouvent.
    – Mes discours ! vous voulez gouailler. Mais j’ai fait venir de Dundee le tableau de couronnement d’un dromond , et…
    – Le tableau de couronnement d’un Drummond ! s’écria l’armurier. En conscience, maître Olivier, cela vous fera tomber sur les bras tout le clan ; et ce n’est pas le moins vindicatif des montagnes, à ce que j’ai entendu dire.
    – Par saint André ! Henry, vous ne me comprenez pas. Je vous parle d’un dromond, qui est un grand navire. J’ai fait tailler et reprendre ce tableau de couronnement, de manière à lui donner, à peu près la forme d’un soudan ou d’un Sarrasin. Je l’ai fait placer et sceller bien solidement dans ma cour, et je m’évertue contre lui des heures entières, en lui portant des coups de taille et d’estoc avec mon épée à deux mains.
    – Cela doit vous rendre familier l’usage de cette arme.
    – Sans contredit ; et quelquefois je place un bonnet, – un vieux bonnet, bien entendu, – sur la tête de mon soudan, et je le fends d’un coup si bien appliqué qu’il ne lui restera bientôt plus de crâne.
    – Cela est malheureux, car vous perdrez votre pratique. Mais qu’en direz-vous, maître bonnetier ? Je mettrai un jour mon casque et ma cuirasse, et vous me traiterez comme votre soudan, pourvu que vous m’accordiez l’usage de mon épée pour parer vos coups et vous les rendre. Cela vous convient-il ?
    – Nullement, mon cher ami ; je ne voudrais pas vous faire tant de mal. D’ailleurs, pour vous dire la vérité, je frappe avec plus de certitude sur un casque ou un bonnet quand il est placé sur la tête de mon soudan. – Oh ! alors je suis sûr de l’abattre. Mais quand je le vois surmonté d’un panache qui brandille, que deux yeux pleins de feu brillent sous l’ombre de la visière, enfin que j’ai devant moi un adversaire qui se meut en avant et en arrière, de droite et de gauche, comme s’il dansait, j’avoue que cela me rend la main moins sûre.
    – Mais si quelqu’un voulait se tenir immobile devant vous comme votre soudan, vous joueriez le rôle de tyran avec lui, maître Proudfute ?
    – Avec le temps et la pratique, je crois que je le pourrais. Mais nous voici près de nos compagnons. Le bailli Craigdallie a l’air d’avoir de l’humeur, mais ce n’est pas son genre de colère qui m’effraie.
    Il est bon que vous sachiez, ami lecteur, qu’aussitôt que le bailli et ceux qui

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