Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
mettent leur suite sous les armes quand ils reçoivent leurs plus chers et leurs plus proches amis en-deçà de la grille de fer de leur château ; et s’il plaît à Notre-Dame, je n’apporterai pas moins de soins pour la sûreté de la personne du roi qu’ils n’en apportent pour la leur. Les Brandanes composent le cortége immédiat de Sa Majesté, ils appartiennent à sa maison, et cent d’entre eux sont une faible garde autour d’un roi quand vous-même, milord, aussi bien que le comte de Douglas, ayez souvent à votre suite un nombre d’hommes dix fois plus considérable.
    – Milord duc, répondit March, lorsque le service du roi l’exigera, je pourrai me mettre en campagne avec dix fois le nombre de cavaliers que vous venez de nommer ; mais je ne l’ai jamais fait avec des intentions hostiles contre Sa Majesté, non plus que par orgueil pour surpasser les autres nobles.
    – Frère Robert, dit le roi remplissant encore son rôle de pacificateur, vous avez tort d’élever un soupçon contre milord de March. Et vous, cousin de March, vous vous méprenez sur la prudence de mon frère ; mais écoutez : pour faire diversion à cette violente conférence, j’entends les sons d’une musique qui n’est pas sans agrément ; vous connaissez cette joyeuse science, milord, et vous l’aimez ; allez à cette fenêtre qui est là-bas, à côté du saint prieur, auquel nous ne voulons adresser aucune question touchant les plaisirs mondains ; vous nous direz si la musique et le lai sont dignes d’être écoutés. Les paroles sont françaises, je crois. Le jugement de mon frère d’Albany ne vaut pas celui d’une huître sur de pareilles matières ; ainsi c’est vous, cousin, qui nous direz si la pauvre chanteuse mérite une récompense. Notre fils et lord Douglas arriveront bientôt, et alors, lorsque notre conseil sera assemblé, nous traiterons des sujets plus importans.
    Quelque chose de semblable à un sourire dédaigneux se montra sur les lèvres et sur les fiers sourcils du comte de March, tandis qu’il se rendait dans l’embrasure de la fenêtre. Il se plaça en silence à côté du prieur. Tout en obéissant aux ordres du roi, il devinait et méprisait la timide précaution employée par le monarque pour prévenir une querelle. L’air qui était joué sur une viole fut d’abord vif et gai ; on y reconnaissait une teinte de la simple musique des troubadours. Mais peu à peu la voix de femme et les sons de l’instrument qui l’accompagnait devinrent plaintifs et interrompus comme s’ils eussent exprimé les sentimens pénibles de la chanteuse.
    Le comte offensé, quel que fût d’ailleurs son goût pour les talens sur lequel le roi l’avait complimenté, donna comme on doit le supposer peu d’attention à la voix de l’étrangère. Son cœur orgueilleux était combattu par la fidélité qu’il devait à son souverain, aussi bien que par l’amour qu’il conservait encore pour le bon monarque, et un désir de vengeance né d’une ambition trompée et de l’injure qui lui avait été faite par la substitution de Marjory Douglas, devenue la femme de l’héritier du trône à la place de sa propre fille déjà fiancée à ce jeune prince. March avait les vices et les vertus des caractères irrésolus ; et même alors qu’il venait adresser ses adieux au roi, avec l’intention de renoncer à la fidélité qu’il lui avait jurée aussitôt qu’il serait rendu dans ses propres domaines féodaux, il restait indécis sur un projet si criminel et rempli de tant de périls. Il fut occupé de ces réflexions pendant la première partie du lai de la jeune fille. Mais de nouveaux objets attirèrent plus puissamment son attention, détournèrent le cours de ses pensées et les fixèrent sur ce qui se passait dans la cour du monastère. La romance était dans le dialecte provençal, langage de la poésie dans toutes les cours de l’Europe et particulièrement en Écosse. Les vers en étaient plus simples cependant que ne l’étaient en général les sirventes , et ressemblaient plutôt au lai d’un ménestrel du nord. On peut les traduire ainsi :
     
    LE LAI DE LA PAUVRE LOUISE.
     
    Pauvre Louise ! ta douce voix
    Dans les manoirs, dans les chaumières,
    Répète aux timides bergères :
    Gardez-vous bien d’aller au bois.
    Pauvre Louise !
     
    Pauvre Louise ! déjà le jour
    Dardait ses feux sur ton visage :
    L’air était frais dans le bocage,
    Les oiseaux y chantaient

Weitere Kostenlose Bücher