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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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sévère ainsi qu’il convenait à son âge et à son rang. Comme le roi son frère, il ne portait d’armes d’aucune espèce : une gaine de petits couteaux occupait à sa ceinture la place d’un poignard ou d’une épée.
    Au moment où le duc entra, le prieur après s’être incliné devant lui se retira respectueusement dans un renfoncement de la salle, afin que la conversation des deux frères ne fût point gênée par la présence d’un tiers. Il est nécessaire de dire que c’était dans une embrasure de fenêtre placée dans la façade intérieure des bâtimens du monastère appelés le Palais à cause des fréquens séjours qu’y faisaient les rois d’Écosse, mais qui ordinairement était la résidence du prieur ou de l’abbé. La fenêtre ouverte au-dessus de l’entrée principale des appartemens royaux présentait à la vue la cour intérieure du couvent, bornée à droite par la longueur de la magnifique église, à gauche par un bâtiment contenant les cellules, le réfectoire, la chapter-house ou salle du chapitre, et d’autres appartemens qui s’élevaient au-dessus. Toute cette partie était indépendante de l’espace occupé par le roi Robert et sa suite. Un quatrième rang de bâtimens dont la noble façade extérieure était située au levant, consistait dans un vaste hospice pour la réception des étrangers ou des pèlerins, et dans des offices et des magasins pour les amples provisions nécessaires à l’hospitalité fastueuse des pères dominicains. Une voûte élevée conduisait à la cour intérieure par la façade orientale ; elle se trouvait précisément opposée à la fenêtre où le prieur Anselme s’était placé ; ses regards pouvaient pénétrer sous la voûte sombre, et observer les rayons de lumière qu’elle recevait du portail de l’est qui était ouvert ; mais en raison de la hauteur à laquelle il était élevé, et de la profondeur de la voûte, son œil ne distinguait qu’imparfaitement le portail opposé. Il est nécessaire de faire attention à ces localités : nous revenons maintenant à la conversation qui eut lieu entre les deux princes.
    – Mon cher frère, dit le roi en arrêtant le duc d’Albany comme il s’inclinait pour lui baiser la main ; mon cher frère, pourquoi ce cérémonial ? ne sommes-nous pas l’un et l’autre fils du même Stuart d’Écosse et de la même Élisabeth More ?
    – Je ne l’ai point oublié, répondit le duc d’Albany en se levant, mais je ne dois pas oublier, même dans l’intimité de mon frère, le respect qui est dû au roi.
    – Oh ! cela est vrai, trop vrai, Robin ! dit le roi ; le trône est comme un roc élevé et stérile sur lequel ni fleur ni verdure ne peuvent jamais prendre racine. Les affections les plus tendres, les sentimens les plus doux sont interdits à un souverain. Un roi ne doit pas serrer son frère contre son cœur, il n’ose pas montrer son amour à un fils.
    – Tel est en effet, sous quelque rapport, le destin de la grandeur, sire ; mais le ciel qui a écarté un peu de la sphère de Votre Majesté les membres de sa propre famille, lui a donné tout un peuple pour enfans.
    – Hélas ! Robert, votre cœur eût rempli mieux que le mien les devoirs de la royauté. Je vois de la hauteur où le sort m’a placé cette foule que vous appelez mes enfans : je les aime, je les voudrais voir heureux, mais ils sont nombreux et trop loin de moi. Hélas ! le plus pauvre d’entre eux a quelque être chéri qu’il peut presser sur son sein et sur lequel il répand toute la tendresse d’un père ! Tout ce qu’un roi peut donner à son peuple est un sourire, un sourire semblable à ces inutiles rayons que le soleil jette de loin sur la cime glacée des monts Grampiens. Robert ! notre père nous caressait, ses réprimandes étaient mêlées d’affection ; cependant c’était un monarque comme moi. Pourquoi ne me serait-il pas permis comme lui de ramener mon pauvre enfant prodigue par la tendresse autant que par la sévérité ?
    – La tendresse n’a-t-elle pas déjà été essayée, sire ? reprit le duc d’Albany avec le ton d’un homme affligé des vérités qu’il se croit obligé de dire ; les moyens de douceur sont assurément les premiers dont on devait faire usage. Votre Grâce est le meilleur juge pour décider s’il n’y a pas assez longtemps que ces moyens sont employés, et si la sévérité ne serait pas plus efficace. Il est exclusivement en votre

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