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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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comte en frappant lourdement avec sa large main sur la table du conseil, où est-il celui qui ose en accuser Douglas ? Je ne voudrais pas voir de pauvres gens brûlés pour des pensées légères, mais mon bras et mon épée seront toujours prêts à soutenir la foi chrétienne.
    – Je n’en doute pas, milord, repartit le prieur, cela fut toujours ainsi dans votre noble maison. Quant aux plaintes de l’abbé, nous nous en occuperons une autre fois ; ce que je désire maintenant c’est une commission donnée à un des principaux seigneurs de l’état, qui s’adjoindrait aux membres de la sainte Église pour soutenir par la force, si cela était nécessaire, les perquisitions que le révérend official des limites et d’autres prélats au nombre desquels, moi indigne, je me compterai, ont l’intention de faire touchant la cause des nouvelles doctrines qui corrompent la pureté de la foi, trompent le simple et méprisent le saint père et ses révérends prédécesseurs.
    – Que le comte de Douglas reçoive une commission royale à cet effet, dit Albany, et qu’aucun ne soit à l’abri de sa juridiction, excepté la personne du roi. Pour ma part, quoique je sois certain de n’avoir jamais, soit en action soit en pensée, reçu ou encouragé une doctrine que la sainte Église n’a pas sanctionnée, cependant je rougirais de réclamer une immunité comme appartenant au sang royal d’Écosse, dans la crainte de paraître chercher un refuge contre un crime aussi horrible.
    – Je ne veux rien avoir à démêler dans ces questions, répondit Douglas ; marcher contre les Anglais et le traître Dunbar est une tâche assez forte pour moi. De plus je suis un véritable Écossais, et je ne désire pas que l’église d’Écosse s’humilie davantage encore sous le joug de Rome, ni que la couronne d’un baron s’abaisse devant la mitre et le capuchon. Ainsi, noble duc d’Albany, placez votre nom sur la commission, et je prie Votre Grâce de mitiger le zèle des membres de la sainte Église qui seront associés avec vous, afin qu’on ne passe point les bornes ; car l’odeur d’un fagot sur le Tay ramènerait Douglas, fût-il sous les murs d’York.
    Le duc se hâta d’assurer que la commission serait exercée avec prudence et modération.
    – Sans aucun doute, dit le roi Robert. La commission doit avoir de grands droits, et si cela était convenable à la dignité de notre couronne, nous ne dédaignerions pas sa juridiction ; mais nous espérons que tandis que les foudres de l’Église seront dirigées contre les vils auteurs de ces détestables hérésies, on n’agira qu’avec douceur et compassion envers les malheureuses victimes de leurs perfides séductions.
    – C’est ainsi que se conduit toujours la sainte Église, milord, dit le prieur de Saint-Dominique.
    – Ainsi, que la commission soit expédiée suivant les règles au nom de notre frère d’Albany et de ceux qui seront trouvés propres à ces fonctions, dit le roi. Notre conseil est levé. Rothsay ; viens avec moi ; prête-moi ton bras, je veux te parler en particulier.
    – Ho, là ! s’écria le prince du même ton avec lequel il se serait adressé à son cheval.
    – Que veut dire ce grossier jargon ? dit le roi. Rothsay, n’auras-tu jamais ni raison ni courtoisie ?
    – Ne pensez pas que j’aie voulu offenser Votre Grâce, répondit Rothsay ; mais nous nous séparons sans avoir délibéré sur l’aventure de cette main morte que Douglas a si galamment tirée de sa poche. Nous ne serons pas à notre aise ici et à Perth, si nous sommes en guerre avec les citoyens.
    – Laissez-moi cette affaire, dit Albany. Avec quelques faibles dons de terre et d’argent, et beaucoup de belles paroles, les bourgeois s’apaiseront pour cette fois ; mais il serait bien de recommander aux barons que leur devoir retient à la cour, ainsi qu’à leurs gens, de respecter la paix de la ville.
    – Certainement cela doit être ainsi, dit le roi ; que des ordres sévères soient donnés à cet égard.
    – C’est accorder trop de faveur à ces vilains, reprit Douglas ; mais que cela soit suivant les désirs de Votre Altesse. Je prends la permission de me retirer.
    – Mais non pas avant que vous ayez goûté d’un flacon de vin de Gascogne, milord, dit le roi.
    – Pardonnez-moi, répliqua le comte : je ne suis point altéré, et je ne bois jamais par mode, mais seulement par amitié ou par besoin. En parlant ainsi il

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