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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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dévotions furent finies le prêtre s’assit, et resta pendant quelques minutes les yeux fixés sur ce magnifique tableau, qui conservait toutes ses beautés malgré une saison encore froide. Enfin il s’adressa à sa compagne.
    – Quand je contemple, dit-il, cette terre variée, avec ses châteaux, ses églises, ses couvens et ses places fortes, ces champs fertiles, ces hautes forêts et cette noble rivière, je ne sais pas, ma, fille, ce qui doit le plus m’étonner de la bonté ! de Dieu ou de l’ingratitude des hommes. Il nous a donné une terre belle et fertile, et nous avons fait de cette terre un cimetière et un champ de bataille. Il nous a donné le pouvoir sur les élémens, l’adresse d’élever des maisons pour notre bien-être et notre défense, et nous en avons fait des cavernes de voleurs et des lieux de débauches.
    – Et cependant, mon père, dit Catherine, il y a sur la terre bien des lieux où l’on pourrait vivre tranquille, même dans la belle contrée qui est devant nos yeux. Là-bas quatre couvens, avec leurs églises et leurs tours, qui semblent dire d’une voix éclatante aux citoyens de la ville de songer à leurs devoirs de religion. Les habitans de ces demeures se sont séparés du monde, de son ambition, de ses plaisirs, pour se dévouer entièrement au service du ciel ; et tout, autour de nous, témoigne que si l’Écosse est une terre de sang et de crimes, elle est cependant convaincue des devoirs que la religion exige des hommes.
    – Ce que vous dites, ma fille, a l’apparence de la vérité ; néanmoins lorsqu’on peut en juger de plus près, on trouve malheureusement moins de bonheur dans les lieux dont vous venez de parler. Il est vrai qu’il fut une époque du monde chrétien où des hommes respectables existant du travail de leurs mains s’étaient rassemblés, non pour vivre dans l’aisance ni reposer sur des lits moelleux, mais pour s’affermir les uns les autres dans la foi chrétienne, et enseigner au peuple la parole de Dieu. Sans doute il existe encore des hommes semblables à ceux-là, dans les saints édifices sur lesquels nous arrêtons nos regards ; – mais il est à craindre que la charité se soit refroidie dans le plus grand nombre. Les hommes d’église sont devenus riches, tant par les dons des personnes pieuses que par ceux des méchans qui les ont offerts dans leur ignorance, s’imaginant obtenir en dotant les églises un pardon que le ciel n’accorde qu’au pénitent sincère. À mesure que l’Église devint riche, ses doctrines devinrent plus indulgentes et plus obscures, comme une lumière paraîtrait moins brillante placée dans une lampe enchâssée d’or qu’elle ne le serait sous un simple verre. Dieu sait que si je vois toutes ces choses et si je les remarque, ce n’est point pour me singulariser ni pour devenir un docteur dans Israël ; mais parce que le feu qui brûle dans mon sein ne me permet plus de garder le silence. J’obéis aux règles de mon ordre, et ne m’écarte point de ses austérités ; qu’elles soient essentielles à notre salut, ou de simples formalités adoptées pour suppléer au manque de pénitence et d’une sincère dévotion, n’importe : j’ai promis, j’ai fait plus, j’ai juré de les observer ; elles seront respectées par moi, d’autant plus qu’en m’élevant contre elles on pourrait croire que je désire les commodités de la vie. Le ciel m’est témoin que j’attacherais une bien légère importance à ce que mon corps pourrait souffrir, si l’Église recouvrait sa pureté première et la discipline religieuse son ancienne simplicité.
    – Mais, mon père, pour ces opinions seules on vous appelle un Lollard et un disciple de Wicleff {62} . On dit que vous voulez détruire les églises et les couvens et rétablir la religion des païens.
    – C’est pour cela, ma fille, que je suis forcé de chercher un refuge au milieu des montagnes et des rochers, et de vivre parmi les habitans des hautes-terres, qui malgré leurs mœurs sauvages approchent plus de l’état de grâce que ceux que je laisse derrière moi. Leurs crimes sont ceux de l’ignorance et non de la présomption. Je n’omettrai aucun des moyens que le ciel me suggérera pour échapper à leur cruauté ; car tant que la bonté de Dieu me retiendra sur la terre, je croirai que c’est un signe qu’il ne reste encore un devoir à remplir ; mais quand la volonté de mon maître en décidera, il sait avec quel

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