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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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est un jeune homme livré au libertinage, qui se porterait à toutes les extrémités pour satisfaire une passion d’un moment, sans calculer les malheurs qui en résulteraient pour moi. Son émissaire Ramorny a même eu l’insolence de me dire que mon père en souffrirait le premier si je préférais devenir la femme d’un honnête homme plutôt que l’indigne maîtresse d’un prince marié. Je ne vois point d’autre remède que de prendre le voile, ou de courir le risque de ma propre perte et de celle de mon pauvre père. Quand même il n’y aurait pas d’autres raisons, la terreur que m’inspirent les menaces d’un homme malheureusement si capable de tenir sa parole serait suffisante pour m’empêcher de devenir la femme d’aucun honnête homme : ce serait comme si j’ouvrais sa porte pour y admettre des assassins. Ô bon Dieu ! quel partage est le mien ! suis-je donc destinée à causer le malheur de mon père et de celui au sort de qui je pourrais unir mon malheureux sort !
    – Ne te plains pas, ma fille, répondit le moine ; il y aura encore du bonheur pour toi, même dans cette détresse apparente. Ramorny est un traître qui abuse de la confiance de son maître. Le prince est il est vrai frivole et dissipé ; mais ou bien on en impose à mes cheveux gris, ou son caractère va bientôt changer. On lui a montré la bassesse de son favori, et il regrette profondément d’avoir suivi ses mauvais conseils. Je crois, ou plutôt je suis convaincu, que sa passion pour vous en deviendra plus pure et plus noble, et que les leçons qu’il a reçues de moi sur la corruption de l’Église et sur celle du siècle vont pénétrer dans son cœur, et y produiront des fruits qui étonneront et réjouiront le monde. Si vos lèvres lui répètent les mêmes leçons, d’anciennes prophéties ont dit que Rome serait renversée par la parole d’une femme.
    – Ce sont des rêves, mon père, répondit Catherine ; des visions d’un esprit trop occupé des choses d’en-haut pour juger sainement des choses de la terre. Quand nous avons regardé trop long-temps le soleil, nous ne voyons plus distinctement les autres objets qui se présentent à nos yeux.
    – Vous jugez trop promptement, ma fille, et vous serez bientôt convaincue de ce que je viens de vous dire. La carrière que je vais ouvrir devant toi ne pourrait être montrée à une femme d’une vertu moins ferme et d’un caractère plus ambitieux. Peut-être ne devrais-je pas, même à vous, confier mes espérances ; mais ma confiance est forte dans ta sagesse et dans tes principes. Apprends donc qu’il est possible que l’église de Rome brise les liens qu’elle a formés elle-même, et dégage le duc de Rothsay de son union avec Marjory de Douglas.
    Après avoir prononcé ces mots le père Clément s’arrêta.
    – Et si l’Église a le pouvoir et la volonté de briser ces liens, dit Catherine, quelle influence peut avoir le divorce du duc de Rothsay sur la fortune de Catherine Glover ?
    Elle regarda le religieux avec inquiétude, tandis qu’elle parlait : il parut éprouver quelque embarras pour lui répondre, car il baissa les yeux en disant :
    – À quoi servit la beauté de Catherine Logie ? à moins que nos pères nous aient, fait un mensonge, elle lui fit partager le trône de David Bruce.
    – Vécut-elle heureuse et mourut-elle regrettée, mon père ? demanda Catherine toujours avec le même calme et la même fermeté.
    – Elle forma cette alliance poussée par une ambition criminelle, et trouva sa récompense dans la vanité et les troubles d’esprit ; mais si elle se fût mariée dans le dessein de convertir son époux ou de l’affermir dans sa foi, quelle eût été sa récompense ? l’amour et les honneurs sur la terre et dans le ciel, une part à l’héritage de la reine Marguerite et de ces héroïnes qui ont été les mères de l’Église.
    Jusque là Catherine était restée assise sur une pierre qui se trouvait placée à côté des pieds du religieux : elle levait les yeux vers lui quand elle lui adressait la parole ou lorsqu’elle l’écoutait, mais dans ce moment, comme animée par le sentiment d’une désapprobation ferme quoique calme, elle se leva et elle étendit sa main vers le moine, en lui adressant la parole : elle ressemblait alors à un ange envoyé pour réprimer les erreurs d’un mortel, et qui le plaint en le condamnant.
    – Ai-je bien entendu, dit-elle ? et les désirs, les

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