La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
plaisir Clément Blair, animé d’une divine espérance, changera cette misérable vie contre celle qui nous est promise dans un monde plus heureux. Mais pourquoi regardes-tu si attentivement vers le nord, ma fille ? Tes jeunes yeux sont plus prompts que les miens. Vois-tu quelqu’un venir de notre côté ?
– Je regarde, mon père, si le jeune montagnard ne paraît pas… Conachar, celui qui doit être votre guide à travers les montagnes, et dont le père peut vous offrir une retraite grossière mais sûre. Il me l’a souvent promis lorsque nous parlions ensemble de vous et de vos leçons ; je crains qu’il ne soit maintenant avec des gens qui le lui feront promptement oublier.
– Le jeune homme a en lui des étincelles de la grâce, dit le père Clément quoiqu’il soit d’une race trop fidèle à ses mœurs féroces et sauvages pour supporter avec patience les contraintes imposées par la religion ou les lois de la société. Tu ne m’as jamais dit, ma fille, comment ce jeune homme est venu habiter la maison de ton père ; c’est une chose également contraire aux usages des montagnes et à ceux de la ville.
– Tout ce que je sais, répondit Catherine, c’est que le père de Conachar est un homme d’importance parmi les Montagnards, et qu’il demanda comme une faveur que mon père qui avait eu quelques relations avec lui à cause de son commerce gardât son fils chez lui pendant quelque temps. Il y a deux jours ils se séparèrent, et il retourna dans ses montagnes.
– Et comment, ma fille, avez-vous pu conserver de tels rapports avec lui, et savoir, dans quels lieux l’envoyer chercher pour lui demander de me rendre service ? Certainement j’ai lieu d’être surpris qu’une fille possède autant d’influence sur un jeune sauvage comme ce montagnard.
Catherine rougit, et répondit en hésitant :
– Si j’ai quelque influence sur Conachar, Dieu est témoin que je ne l’ai employée que pour modérer son caractère altier et le faire plier devant les lois de la civilisation. Il est vrai aussi, mon père, que je supposais depuis long-temps que vous seriez obligé de prendre la fuite, et que j’étais convenue avec lui que nous nous rencontrerions dans ce lieu aussitôt qu’il aurait reçu de moi un messager et un gage que je lui envoyai hier. Le messager était un garçon agile de son propre clan, qu’il envoyait souvent en commission dans les hautes-terres.
– Et dois-je comprendre, ma fille, que ce jeune homme si beau ne vous intéressait que par le désir que vous éprouviez d’éclairer son esprit et de réformer ses manières ?
– Il en est ainsi, mon père, et point autrement, répondit Catherine. Peut-être ai-je eu tort d’entretenir une telle intimité avec lui, même pour son bien et son instruction ; mais nos conversations n’ont jamais eu un autre but.
– Alors je me suis trompé, ma fille ; mais je croyais avoir aperçu depuis quelque temps un changement dans vos desseins, et quelques regards d’envie jetés sur le monde que vous vouliez abandonner autrefois.
Catherine pencha la tête, rougit vivement encore, et dit ; – Vous-même, mon père, vous me conseilliez de ne point prendre le voile.
– Je n’approuverais pas davantage ce projet aujourd’hui, mon enfant ; le mariage est un état honorable, ordonné par le ciel pour perpétuer la race humaine. Et je n’ai point lu dans l’Écriture, comme les inventions de l’homme l’ont affirmé depuis, que le célibat est un état supérieur et privilégié, mais je suis aussi jaloux de ta gloire, mon enfant, qu’un père peut l’être de sa fille unique, et je ne voudrais pas que tu sacrifiasses ta destinée à quelque homme indigne de toi. Ton père, moins difficile que je ne le serais à ton égard, approuve les prétentions de ce vaillant batailleur qu’on appelle Henry du Wynd. Il est riche, cela peut être ; mais celui qui fréquente une société légère et débauchée, mais un batailleur qui verse le sang humain aussi facilement que de l’eau, peut-il être un mari convenable pour Catherine Glover ? et cependant chacun parle de leur union prochaine.
Les joues de la Jolie Fille de Perth devinrent alternativement rouges et pâles, tandis qu’elle se hâta de répondre :
– Je ne pense point à lui ; quoiqu’il soit vrai que depuis long-temps quelques politesses aient été échangées entre nous parce qu’il est l’ami de mon père, et que suivant l’usage du temps
Weitere Kostenlose Bücher