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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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espérances, les honneurs de ce monde méprisable peuvent-ils occuper à ce point celui qui peut-être demain sera appelé à donner sa vie pour s’être opposé aux corruptions du siècle et avoir accusé un clergé dégénéré ? Est-ce bien le vertueux, le sévère père Clément qui conseille à son enfant d’aspirer à un trône et à un lit qui ne peuvent devenir vacans que par une indigne injustice envers celle qui les possède maintenant ? est-ce le sage réformateur de l’Église qui appuie ses projets sur des fondemens si précaires ? Depuis quel temps, bon père, le prince libertin a-t-il changé de morale, et a-t-il montré le désir de courtiser honorablement la fille d’un artisan de Perth ? Deux jours ont dû produire ce changement ; car ce court espace de temps est à peine écoulé depuis qu’il attaqua la maison de mon père, au milieu de la nuit et avec des desseins plus coupables que ceux d’un misérable voleur. Et pensez-vous que si le cœur de Rothsay pouvait lui inspirer l’idée d’un mariage si peu digne de sa naissance, croyez-vous qu’il pût y réussir sans exposer en même temps sa succession et sa vie ? car ce serait insulter à la fois et la maison du comte de March et celle de Douglas. Ô père, Clément ! où étaient vos principes, où était votre prudence quand ils laissèrent votre esprit s’égarer dans ce singulier rêve, et donnèrent le droit à la plus humble de vos prosélytes de vous adresser des reproches ?
    Les yeux du vieillard se remplirent de larmes, et Catherine, visiblement émue par ce qu’elle venait de dire, garda le silence.
    – C’est par la bouche des jeunes enfans, dit le moine, que Dieu a donné des leçons à ceux qui se disaient les sages de leur génération ; je remercie le ciel de m’avoir fait suggérer des pensées plus justes que celles qui m’étaient inspirées par une voix si douce, par ma propre vanité. Oui, Catherine, je ne m’étonnerai plus lorsque ceux que j’ai déjà jugés si sévèrement ambitionneront un pouvoir temporel, et tiendront en même temps le langage d’un zèle religieux. Je te remercie, ma fille, de tes salutaires réprimandes, et je remercie le ciel de l’avoir fait sortir de tes lèvres plutôt que de celles d’un sévère censeur.
    Catherine avait levé la tête et allait répondre pour consoler le vieillard dont l’humiliation affligeait son cœur, quand ses yeux s’arrêtèrent sur un objet placé près d’elle. Parmi les fragmens de granit qui entouraient ce lieu solitaire, il y en avait deux tellement rapprochés qu’ils semblaient avoir été une portion du même roc et séparés par un violent orage ou par un tremblement de terre. On voyait entre eux une ouverture d’environ quatre pieds de largeur entre des masses de pierres. Un chêne avait crû dans cette ouverture et présentait les formes les plus fantastiques.
    Les racines de l’arbre s’étaient élancées dans mille directions différentes, et cherchaient dans les crevasses du rocher l’aliment nécessaire à leur subsistance ; leurs courbures, inégales et noueuses, offraient l’aspect de ces immenses serpens de l’archipel des Indes. Au moment où les regards de Catherine tombèrent sur cette curieuse complication de branches et de racines mêlées ensemble, elle remarqua tout à coup deux grands yeux brillans comme ceux d’un animal sauvage. Elle frémit, et sans parler montra du doigt cet objet à son compagnon. Regardant encore avec plus d’attention, Catherine découvrit, une barbe touffue et des cheveux roux, qui jusqu’alors avaient été cachés derrière les branches.
    Quand il se vit surpris, le montagnard, car c’en était un, sortit de son embuscade et s’avança. C’était un homme d’une taille colossale, couvert d’un plaid d’une étoffe à carreaux rouges, verts et violets, et sous lequel on voyait une jaquette de peau de taureau ; son arc et ses flèches étaient sur ses épaules ; sa tête était découverte, et une chevelure touffue dont les mèches mêlées ressemblaient aux tresses des Irlandais servait à lui couvrir la tête au lieu de toque. Il avait à sa ceinture une épée et un poignard, et tenait à sa main une hache d’armes danoise, qu’on appela depuis hache du Lochaber {63} . Il sortit ensuite par cette espèce de portique sauvage quatre hommes d’une taille non moins grande, habillés et armés de la même manière, et qui passèrent l’un après l’autre.
    Catherine

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