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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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c’est la mer, l’île d’Oléron, des kilomètres de côte. Pour des liberticides, c’est le moyen le plus habile de gagner l’Angleterre.
    – Je poursuis, donc?
    – C'est avisé. Et tu ne peux pas te tromper. Tu croiseras un village très étrange. Adossé à une colline, tu verras en effet un monument constitué d’un faisceau de onze colonnes surmonté d’une lanterne tout au haut de la flèche qui achève de manière très pointue l’édifice. La lumière d’un fanal y éclaire la plupart des nuits et l’ensemble fut construit voici six siècles sur un ancien cimetière et sur les ruines d’une chapelle décorée des vices et des vertus, de griffons et de chimères, de vierges sages et de vierges folles. Le monument a donné son nom au village, un nom qui fait frémir, surtout au cœur de la nuit: «La Lanterne des Morts 1 ».
    Ils étaient une bonne centaine, armés de pics, de faux et de haches.
    Blacfort se leva, livide, tandis que Chapeau-ciré sortait deux pistolets.
    Un vieillard tendit un doigt accusateur vers les deux hommes:
    – C'est bien ceux qui ont violé et tué ma petite fille. Lui, avec son chapeau de cuir et l’autre, le borgne, leur chef!… Assassins!…
    La foule s’avança.
    Espérant l’impressionner, Chapeau-ciré tira. Il tua effectivement deux hommes mais fut aussitôt happé, dépecé vif, découpé, chacun tirant un lambeau de chair, la langue, les yeux ou le long serpentin des intestins.
    Horrifié, Blacfort recula. Étrangement, la foule s’écarta. Il prit de l’assurance, cherchant des mots qu’il espérait propres à toucher ces paysans: au fond, la Saintonge est voisine de la Charente où il naquit:
    – Ah, mes amis, quel bonheur d’être reconnu!… Oui, je suis général de Vendée pour Dieu et pour le roi et je sais être bien tombé: ici, point de pieds-gris 2 vendus à cette ignoble République!.. Où est votre bon prêtre, mes amis?
    – Nous l’avons pendu en même temps que le marquis!… lança une voix.
    La foule menait Blacfort, insensiblement. Le passage, étroit, s’ouvrait derrière lui et se fermait devant.
    Un grand tumulte se produisit alors et Blacfort, son œil unique agrandi par la terreur, vit arriver comme des sauveurs Valencey d’Adana, Mahé et deux des Indiens.
    Il hurla et sa voix contenait toute sa soif de vivre encore:
    – Joachim!… Mahé!… Ne les laissez pas faire, ils me veulent tuer!
    Joachim poussa son cheval parmi la foule qui s’écarta puis:
    – Libérez-le immédiatement!… Il appartient dès cet instant au Comité de salut public qui le fera juger.
    – Qui es-tu, général?… demanda le forgeron lequel, d’évidence, commandait à tous les autres.
    – Joachim de Niel, ci-devant comte de Valencey et prince d’Adana, général de la République et capitaine de vaisseau: livre-moi cet homme, citoyen, nous le devons juger à Paris.
    Un murmure d’admiration courut parmi les villageois mais le forgeron répondit:
    – Nous t’aimons et te respectons car nous savons qui tu es depuis la guerre d’Amérique mais cet homme, nous, nous l’avons déjà jugé pour son abominable crime.
    Aussitôt, une forêt de piques pointa, menaçante, vers les quatre cavaliers tandis que Blacfort hurlait:
    – Joachim, ne les laisse pas!… Tue-moi, Joachim, tue-moi, j’ai trop peur d’avoir plus peur encore.
    «C'est tout lui, cette phrase!» songea Valencey d’Adana attendri malgré lui. Il saisit son pistolet et visait déjà Blacfort lorsqu’une pique lui traversa la main.
    Le forgeron secoua la tête:
    – Tu nous fais commettre un sacrilège, général: te blesser, toi que nous admirons tant.
    – Laisse-moi cet homme, citoyen!… répondit Valencey d’Adana dont la main sanglante, traversée de part en part, avait lâché le pistolet.
    Mahé, d’une stupéfiante rapidité, brandit les deux pistolets passés dans son ceinturon et visait Blacfort lorsqu’il fut assommé par-derrière d’un coup de gourdin. Il dégringola de cheval et tomba lourdement sur le sol.
    – Ne nous obligez pas à ceci!… supplia le forgeron.
    Sans le quitter des yeux, Valencey d’Adana, de la main gauche, sortit un second pistolet de l’écharpe tricolore qui lui ceinturait la taille. Un très violent coup de marteau lui brisa cette autre main.
    – Renonce, général, je t’en supplie!
    – Livre-moi cet homme, citoyen, il ne t’appartient pas et relève de la haute justice de la République.
    Alors, plus prompt encore que le geste

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