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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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l’état-major avec son escouade de protection et d’honneur et, pour se mieux désigner à l’ennemi, Valencey d’Adana portant sur son tricorne noir à galon d’or un magnifique panache bleu, blanc et rouge. La lunette d’approche à l’œil, il le regardait, comme lui-même observait son rival républicain. Blacfort se souvint qu’enfant, à ce jeu-là, il baissait toujours les yeux avant Joachim.
    Il baissa sa lunette…
    L'abbé Phébus Monteroux, tournant le dos aux marins de la République, bénit les Vendéens qui se tenaient un genou à terre.
    Puis Blacfort, abaissant son sabre, hurla:
    – Pour Dieu et pour le roi, en avant!
    Les Vendéens s’élancèrent.
    Ils bousculèrent les premiers obstacles, des chicanes installées pendant la nuit, franchirent les premiers fossés tandis que, sans panique, la compagnie de choc qui tenait les puissantes contrevallations les abandonnait sans combattre pour se réfugier derrière la contrescarpe.
    Galvanisés, les Vendéens partirent à l’assaut du glacis tandis que les républicains, toujours en bon ordre, décrochaient pour s’abriter derrière la seconde et ultime ligne de fortifications.
    Plus haut, sur le plateau en pente douce, Valencey d’Adana et sa 123 e demi-brigade «Liberté, liberté chérie» demeuraient immobiles, ainsi qu’une armée de statues de pierre.
    Rien n’enthousiasme davantage une troupe passant à l’attaque que le spectacle de l’ennemi prenant la fuite, même lorsque cette retraite s’effectue dans un ordre parfait.
    Les officiers royalistes, l’écharpe blanche autour de la taille et les chapeaux à cocarde blanche crânement posés sur la tête, n’avaient guère à pousser leurs troupes hurlant le mot soufflé par Blacfort avant l’attaque:
    – Dieu!… Dieu!… Dieu!…
    Blacfort se pencha sur l’encolure de son cheval et souffla ironiquement au prêtre qui se trouvait à pied:
    – On vous appelle, l’abbé!…
    Phébus Monteroux hésita, détestant risquer sa vie. Mais même lui sentait la partie gagnée et il se situait si loin derrière les premières vagues qu’il estima qu’au cas où les choses tourneraient mal et qu’il devrait retraiter, la distance le sauverait.
    Blacfort, demeuré en lisière de forêt, était flanqué de Mme de Juignet-Tallouart, des officiers d’état-major et des deux tueurs qui ne le quittaient jamais, Chapeau-ciré et Simon dit «la Douceur».
    Le général vendéen, ivre d’orgueil, voyait sa troupe avancer sans faiblir, brandissant des drapeaux blancs à fleurs de lys.
    Il se pencha vers sa maîtresse, l’air suffisant, faisant étalage des quelques notions d’art militaire glanées çà et là:
    – Ils retraitent pour raccourcir une ligne de défense que leur faible nombre empêche de tenir. En outre, ils économisent leurs balles, dont ils doivent être à court. Quant aux canons, ils sont muets: sans doute plus de boulets.
    La comtesse de Juignet-Tallouart hocha la tête en dissimulant sa méfiance. Certes, même ici on savait la priorité absolue donnée par la République à l’armée du Nord mais ce Valencey d’Adana, contrairement à Blacfort, semblait un véritable homme de guerre.
    Le général vendéen reçut son démenti à cet instant: quarante pièces d’artillerie ouvrirent le feu.
    Une salve en vérité lamentable, et Blacfort ne manqua pas de s’esclaffer:
    – Ces canonniers tirent comme des cochons!
    Les boulets atterrissaient dans le vide, loin derrière la dernière ligne d’assaut vendéenne et on ne déplora qu’une seule victime, le prudent abbé Phébus Monteroux dont le visage vultueux et toute la tête furent arrachés du tronc.
    Le rire pointu de Blacfort fit office d’éloge funèbre de son confesseur:
    – Ah, c’est trop drôle!… Regardez l’abbé, il continue à courir sans sa tête, comme les poules!
    Le général vendéen déchanta vite: un tir d’artillerie précis faucha sa première ligne puis les canons jouèrent sur deux registres. En effet, vingt tiraient sur la dernière ligne vendéenne, interdisant en même temps toute retraite; vingt autres concentraient leurs boulets sur les premières vagues.
    C'était une boucherie, les canonniers de la 123 e étant d’une inégalable précision quand ils imprimaient à leurs salves une cadence infernale de rapidité.
    – Les lâches, ils se battent aux canons!… lança Blacfort, haineux, à Mme de Juignet-Tallouart, et s’apercevant brusquement qu’elle venait de

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