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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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qui empêche le massacre de républicains blessés en disant: «Si vous agissez comme ceux qui font le mal, où est la bonne cause?»
    – Je le déteste!… Qu’il crève, celui-là: que les républicains brûlent sa charogne!… lança Blacfort, faisant sursauter le prêtre et l’officier.
    Vaincu au passage de la Loire par les généraux Marceau, Kléber et Westermann, La Rochejaquelein s’enfonce dans le bocage avec quelques fidèles…
    – Nous en sommes là!… dit Blacfort à mi-voix d’un ton désenchanté.
    Il secoua la tête. La Rochejaquelein allait être tué sous peu, il en était persuadé, devinant que le jeune général vaincu cherchait la mort.
    – Lui et son honneur, c’est le comble du ridicule!
    Côté généraux vendéens, à part lui-même, ne restaient que M. de Charette, fort ombrageux, avec son «armée des marais» et le général Stofflet, brutal et cruel. Certes, ils menaient une guerre de harcèlement fort coûteuse en hommes pour la République, mais non point décisive.
    Oui, il fallait filer en Angleterre, et au plus vite. Mais avant…
    – Nous arrivons, général!… lança l’officier en voyant venir à eux, à l’entrée de la petite ville, des hommes tenant des torches.
    On ouvrit la porte du carrosse au général-comte de Blacfort et un vieil officier, baronet du bocage et ancien mousquetaire de la garde du roi, salua.
    – Des précisions!… lança Blacfort de méchante humeur.
    Le vieil homme, la perruque légèrement de travers sous le chapeau à cocarde blanche, haussa les épaules.
    – Une petite affaire, général, mais qui va tourner au drame.
    – Quoi?… hurla Blacfort qui poursuivit: On me dérange en pleine nuit pour «une petite affaire»?
    Un officier plus jeune, ancien du régiment d’Aquitaine, la taille bien prise par une écharpe blanche, intervint sans y être invité:
    – Général, l’affaire n’est pas si mince. C'est la première fois que nous venons sur ces terres et nos gens exigent d’y régler quelques vieux comptes. Ainsi, nous avons capturé une jeune baronne…
    Il s’interrompit, montra au loin un petit manoir livré aux flammes, puis expliqua:
    – Le château brûle. Le père de la baronne, élu de la noblesse, a rallié le tiers état en 89, fut député à la Constituante et est aujourd’hui colonel dans l’armée de Jourdan. La fille est aussi endiablée que le père dans son fol engouement pour la République…
    Voyant Blacfort comme absent l’officier s’interrompit, ignorant que celui-ci songeait: «Tiens, voilà le même cas que Victoire. Où peut-elle bien être, celle-là?… J’ai pourtant promis une très forte prime…»
    L'officier reprit en montant le ton car il croyait son général perdu dans quelque léthargie:
    – S'il est une chose que nos paysans tiennent en grande détestation, c’est bien le spectacle d’aristocrates nantis par Dieu et qui rejoignent pourtant la cause des Bleus.
    – Inutile de parler si fort, je vous entends. Eh bien, que veulent nos gens?
    – Qu’on leur livre la baronne et la ville acquise à la République afin qu’ils y exécutent des représailles qui honorent Dieu et vengent le roi.
    – C'est parfaitement légitime, qu’il en soit fait ainsi!… répondit Blacfort sachant d’expérience que le spectacle des viols, incendies, mutilations et mises à mort l’allait distraire de sa morosité.

3
    La pluie avait cessé et le froid devenait plus mordant à mesure que les six clandestins s’enfonçaient dans les terres.
    Un vent d’une extrême violence s’était levé, venant de l’océan, et déferlait sur le bocage obscur avec une telle furie que Valencey d’Adana et ses compagnons avançaient comme poussés dans le dos.
    À Paris, ce vent devait détruire une partie du toit des Tuileries, briser les lanternes servant à l’éclairage des rues et arracher le plomb des cloches de Notre-Dame!
    Un instant, John O'Shea regretta sa Virginie natale et se demanda ce qu’il faisait en ces terres désolées, un soir d’hiver, par un épouvantable temps d’ouragan quand rôdait un ennemi cruel qui ne faisait pas de quartier. Puis il s’interdit ce genre de pensées, préférant se concentrer sur leur mission. Double, au reste: reconnaître l’ennemi avec le plus grand soin avant de revenir l’affronter, mais cette fois en nombre. Et aider son ami à retrouver celle qu’il aimait… sans l’avoir vue depuis treize ans!… Une telle constance dans les sentiments lui

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