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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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détruire toutes les sectes et
hérésies ! Et ils voudraient, quand ils sont plus nécessaires
que le pain et le fromage, les réduire à néant ! Dans quel
gouffre puant, infect abominable nous fait-on choir
maintenant ? Luther, ce sale Luther, ce bœuf enragé, triomphe
en Saxe, en Brunswick, en Lunebourg, en Mecklembourg ;
Brentius, le breneux Brentius, qui vécut en Allemagne de glands
dont les cochons ne voulaient pas, Brentius triomphe en
Wurtemberg ; Servet le Lunatique, qui a un quartier de lune
dans la tête, le trinitaire Servet, règne en Poméranie, en Danemark
et en Suède et là il ose blasphémer la sainte, glorieuse et
puissante Trinité. Oui. Mais on m’a dit qu’il a été brûlé vif par
Calvin, qui ne fut bon qu’en cela, oui par le puant Calvin, qui
sent l’aigre ; oui, avec son museau long d’une loutre ;
face de fromage, avec des dents grandes comme des pelles de
jardinier. Oui, ces loups se mangent entre eux, oui, le bœuf de
Luther, le bœuf enragé, arma les princes d’Allemagne contre
l’anabaptiste Munzer, qui fut bonhomme dit-on, et vivait selon
l’Evangile. Et on a entendu par toute l’Allemagne les beuglements
de ce bœuf, oui !
    « Oui, et que voit-on en Flandre, Gueldre, Frise, Hollande,
Zélande ? Des Adamites courant tout nus dans les rues ;
oui, bonnes gens, tout nus dans les rues, montrant sans vergogne
leur viande maigre aux passants. Il n’y en eut qu’un,
dites-vous ; – oui, – passe, – un vaut cent, cent valent un.
Et il fut brûlé dites-vous, et il fut brûlé vif, à la prière des
calvinistes et luthériens. Ces loups se mangent, vous
dis-je !
    « Oui, que voit-on en Flandre, Gueldre, Frise, Hollande,
Zélande ? Des Libertins enseignant que toute servitude est
contraire à la parole de Dieu. Ils mentent, les puants
hérétiques ; il faut se soumettre à la Sainte Mère Eglise
romaine. Et là, dans cette maudite ville d’Anvers, le rendez-vous
de toute la chiennaille hérétique du monde, ils ont osé prêcher que
nous faisons cuire l’hostie avec de la graisse de chien. Un autre
dit, c’est ce gueux assis sur ce pot de nuit, à ce coin de
rue : « Il n’y a pas de Dieu ni de vie éternelle ni de
résurrection de la chair ni d’éternelle damnation. » « On
peut, dit un autre, là-bas, d’une voix pleurarde, on peut baptiser
sans sel, ni saindoux, ni salive, sans exorcisme et sans
chandelle. » « Il n’y a point de purgatoire, dit un
autre. » Il n’y a point de purgatoire, bonnes gens !
Ah ! il vaudrait mieux pour vous avoir commis le péché avec
vos mères, vos sœurs et vos filles, que de douter seulement du
purgatoire.
    « Oui, et ils lèvent le nez devant l’Inquisiteur, le saint
homme, oui. Ils sont venus à Belem, près d’ici, à quatre mille
calvinistes, avec des hommes armés, des bannières et des tambours.
Oui, Et vous sentez d’ici la fumée de leur cuisine. Ils ont pris
l’église de Sainte-Catholyne pour la déshonorer, profaner,
déconsacrer par leur damnée prédicastrerie.
    « Qu’est-ce que cette tolérance impie et scandaleuse ?
Par les mille diables d’enfer, catholiques mollasses, pourquoi ne
mettez-vous pas aussi les armes à la main ? Vous avez, comme
ces damnés calvinistes, cuirasses, lances, hallebardes, épées,
bragmarts, arbalètes, couteaux, bâtons, épieux, les fauconneaux et
couleuvrines de la ville.
    « Ils sont pacifiques dites-vous ; ils veulent
entendre en toute liberté et tranquillité la parole de Dieu. Ce
m’est tout un. Sortez de Bruges ! chassez-moi, tuez-moi,
faites-moi sauter tout ces calvinistes hors de l’église. Vous
n’êtes point encore partis ! Fi ! vous êtes des poules
qui tremblez de peur sur votre fumier ! Je vois le moment où
ces damnés calvinistes tambourineront sur le ventre de vos femmes
et de vos filles, et vous les laisserez faire, hommes de filasse et
de pâte molle. N’allez point là-bas, n’allez point… vous mouillerez
vos chausses en la bataille. Fi, Brugeois ! fi,
catholiques ! Voilà qui est bien catholicisé, ô couards
poltrons ! Honte sur vous, canes et canards, oies et dindes
que vous êtes !
    « Ne voilà-t-il pas de beaux prédicants, pour que vous
alliez en foule écouter les mensonges qu’ils vomissent, pour que
les fillettes aillent la nuit à leurs sermons, oui, et pour que
dans neuf mois la ville soit pleine de petits Gueux et de petites
Gueuses ? Ils étaient quatre là, quatre scandaleux vauriens,
qui ont

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