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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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comptent sur nous pour leur donner ces vingt-quatre heures d'avance. Ils vont en baver suffisamment comme ça. Autant leur laisser une chance de se tirer des flûtes.
    Porta était également de mon avis, mais le Vieux se montra intraitable, disant que nous pouvions foutre le camp, si ça nous chantait, mais qu'il resterait. Seul, si nécessaire.
    — Oh ! ça va, espèce de vieux con ! vociféra Porta, furibard. Tu sais très bien qu'on va pas te laisser choir. Mais tu pourras pas dire qu'on t'a pas prévenu !
    Jurant et pestant, nous regagnâmes nos postes respectifs. Grimpés sur leurs parapets, quelques Russes nous adressaient des signaux interrogateurs. Une série de rafales les renvoya dans leurs tranchées, mais un instant plus tard, ils étaient là, de nouveau.
    Brusquement, à mon horreur profonde, je vis apparaître un visage barbu au-dessus de mon propre parapet, à moins de dix mètres de là. Mécaniquement, je lançai une grenade et l'homme fut tué sur le coup. Puis les choses s'animèrent. Les Russes venaient aux renseignements, par groupe, et le Vieux reconnut enfin qu'il était grand temps d'abandonner ces positions.
    Nous filâmes sur nos skis à travers la steppe enneigée. De temps à autre, quelque chose explosait, derrière nous. L'une de nos petites farce6 et attrapes. Mais en dehors de cela, tout était silencieux, désolé. Parfois, des tanks russes passaient sur la route, à deux kilomètres de là. Après cinq jours de recherches, nous retrouvâmes les vestiges du 27e que l'on retirait enfin de la bataille pour le reformer.
    Je fus nommé Fahnenjunker et ça ne me plut pas le moins du monde. Jusque-là, j'avais été bien planqué dans le rang. Maintenant, il faudrait que j'aille me planter devant les autres et que je reçoive le rapport du Kommandofeldwebel qui la veille avait été mon supérieur. J'avais l'impression de m'offrir en spectacle, à poil, aux yeux du monde entier. Mes copains, eux, se marraient tout ce qu'ils savaient.
    Un moment plus tard, il dit de la même voix chuintante :
    — Quand vous ferez votre révolution contre les Nazis et les généraux, oubliez pas de flanquer deux bonnes pêches pour moi dans la gueule d'Adolf...
    — C'est promis, Porta, répliqua le Vieux. On va lui en filer tellement dans la moustache en ton nom que t'aurais été bougrement fatigué s'il avait fallu que tu le fasses toi-même !
    — Bon !
    Il y eut un silence. La bouffarde du Vieux grésillait furieusement.
    — Eh ! Vieux, t'as ton instrument sur toi ?
    Le Vieux sortit son harmonica de sa poche.
    — Joue-moi l'air de la fille qui peigne ses cheveux blonds, assise sur le rocher...
    Le Vieux s'exécuta et je chantai les paroles en sourdine, tandis que Porta regardait fixement le plafond :
    Ich weiss nicht, was soll es bedeuten, Dass ich so traurig bin. Ein Märchen aus alter Zeiten, Das kommt mir nicht aus dem Sinn.
    Nous pleurions. Porta murmura :
    — Et maintenant, Joseph Porta, Stabsgefreiter par la grâce de Dieu, va rejoindre son Créateur ! C'est un peu dur. Promettez-moi de veiller sur Staline. J'aimerais bien le voir, avant de lever l'ancre.
    Le Vieux approcha le matou du visage de Porta.
    — Oubliez pas mes châtaignes sur la gueule d'Adolf et d'Himmler ! A la revoyure...
    Un liquide noirâtre, jaunâtre, s'écoula lentement, à la commissure de ses lèvres, et ses mains serrèrent plus fortement les nôtres. Puis leur étreinte se relâcha. Joseph Porta était mort.

Couché sur un lit de barbelés

    BIEN que je n'en eusse pas la moindre idée, sur le moment, mon second séjour à l'hosteau marqua un tournant de mon existence. J'étais resté sur le carreau, mélangé avec des barbelés, mais ils m'avaient récupéré tout de même et renvoyé à l'atelier de réparation. Après ma guérison, ils m'expédièrent à l'école des tanks de Wünschdorf à Berlin, pour m'y infliger une formation accélérée d'officier avant de me  rebalancer au 27 e . Ce fut là, à Berlin, que par un étrange décret de la providence je devins courrier de la conspiration ourdie contre le Führer. Mais ceci est une autre histoire...
    Un matin, pendant que j'étais encore à l'hôpital de Franzenbad, un petit trapu d'environ vingt-cinq ans pénétra dans la salle, s'arrêta devant mon lit et dit avec l'accent viennois le plus claironnant qu'il m'eût jamais été donné d'entendre :
    — Salut, vieux frère ! Je m'appelle Ernst Stolpe, du 7 e Alpin. J'ai une araignée au plafond et des

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