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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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pressai la détente. Un rugissement sourd salua le jaillissement de la flamme rouge. Deux des fantassins soviétiques se relevèrent à demi et retombèrent aussitôt, flambant comme des torches. Une autre mitrailleuse ouvrit le feu dans ma direction et je rentrai vivement sous terre, stoppant en même temps mon lance-flammes.
    Cette fois, j'agis avec plus de prudence, ramenant la gueule de mon engin sur le bord du trou et visant à l'aide de mon périscope. Je pressai la détente. La seconde mitrailleuse se tut.
    Puis vint la deuxième vague de tanks et, cette fois, ce n'était plus de la rigolade, parce qu'ils savaient que nous étions là, dans nos trous. La méthode de corps à corps entre biffin de chair et d'os et un tank de soixante-dix tonnes est la suivante : le fantassin, sans peur et sans reproche ainsi que le veut le règlement, bondit hors de son trou, charge le tank de face , se jette sur lui, agrippant avec une tendresse réglementairement infaillible son gros crochet de remorque, sans jamais lâcher, comme de juste, la bombe magnétique qu'il tient de l'autre main.
    L'effort violent nécessaire pour me hisser sur l'énorme brute qui fonçait à pleine vitesse m'inonda de sueur des pieds à la tête. Dieu merci, l'équipage d'un T-34 ne peut voir quoi que ce soit dans un rayon d'une dizaine de mètres autour de son tank. Plusieurs fois, je faillis être désarçonné. Mes mains saignaient, mes ongles se cassaient. Mais le guerrier indomptable résista vaillamment et colla sa bombe à l'endroit prescrit, contre le collier d'acier qui court à la partie postérieure de la tourelle. Ensuite, il tira sur la corde du détonateur, regagna d'un bond la terre ferme et plongea dans un entonnoir où se trouvaient déjà une douzaine de grenadiers et une mitrailleuse. Cinq secondes plus tard, il y eut une explosion sourde et le tank s'immobilisa, le nez dans un trou d'obus. Tout l'équipage avait été tué sur le coup par la puissante déflagration de la bombe magnétique.
    Quand vint le T-34 suivant, le soldat sans peur reprit une des bombes que les grenadiers avaient dans leur trou et sauta lestement sur le tank, arrachant et cassant ses autres ongles. Ce genre de chose devient pratiquement une routine, comme tout le reste. A quel point cette routine pouvait être efficace, je ne m'en rendis vraiment compte que lorsqu'un morceau de tourelle, ayant décrit dans les airs une gracieuse trajectoire, s'enfonça dans le sol à trente centimètres de moi. Il ne pouvait guère peser moins d'une demie-tonne.
    Notre artillerie antitank repoussa les chars ennemis, harcelés par les mines et les bombes magnétiques. Puis les canons russes se remirent de la partie et tous nos grenadiers, toutes les nouvelles recrues du 27 e , prirent leurs jambes à leur cou et s'égaillèrent vers l'arrière. Nous-mêmes, les vétérans, contaminés par tant d'ardeur à détaler droit devant soi, suivîmes leur exemple. L'infanterie russe se lança sur nos traces en hurlant : « Vive Staline ! Vive Staline ! »
    Un vieux major tenta de nous arrêter, de nous obliger à faire face aux fantassins soviétiques, mais son pistolet automatique lui fut arraché des mains, et les bottes des soldats affolés le piétinèrent et le tuèrent. Ce qui nous fit stopper et revenir sur nos pas, je l'ignore. Mais nous stoppâmes, nous fîmes face aux Russes et les combattîmes en corps à corps. Je saisis à deux mains le flingue d'un Mongol et tentai de le lui arracher. Il résista et je persistai, grondant, l'un et l'autre, comme deux fauves, car nous savions que l'un de nous devrait mourir. 
    Soulevé par une frénésie homicide, je m'emparai finalement du flingue et, prompt comme la foudre, plongeai sa baïonnette dans le dos du soldat russe déséquilibré. Il s'écroula en hurlant, m'arrachant le fusil dans sa chute. Je dus lui flanquer mon pied sur le dos pour ressortir la baïonnette. Puis je fonçai, glapissant comme un dément, la baïonnette tenue droit devant moi, à l'horizontale, comme une lance. J'embrochai un Russe avec une telle force que la lame ressortit dans son dos. Il cria, la bouche démesurément ouverte. Il n'y avait rien que ces grondements et ces cris de bêtes féroces, jaillis de lèvres tordues dans des visages convulsés.
    Soudain, le sang se glaça dans mes veines. Bouche bée, je regardai le ciel, du haut duquel un essaim dense de fusées hurlantes, incandescentes, descendaient vers nous en traînant leurs queues de

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