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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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une heure.
    Et puis, les toc-toc-toc reprirent, nous signant un nouveau bail avec la vie. J'entendis, derrière moi, le Vieux pousser un soupir de soulagement.
    Nous nous préparâmes à l'action.
    En sourdine, le Vieux chuchota, au profit de ceux qui étaient jeunes et inexpérimentés :
    — Ne cherchez jamais à poignarder entre les côtes, c'est trop aléatoire. Frappez à la gorge ou au ventre, obliquement dans l'aine et de haut en bas, si possible, et en éventrant de bas en haut, quand vous retirez la lame.
    Prudemment, nous progressons dans les boyaux si étroits par moments que nous devons ramper sur le ventre. Au détour d'une galerie, nous tombons pratiquement sur quatre Russes qui piochent activement la terre, à trois mètres de là. Nous nous approchons d'eux, sans un bruit, et les couteaux entrent en action. Tout autour de nous, dans les boyaux de communication, nos hommes attendent les sapeurs russes qui semblent flairer quelque chose. Le Vieux, Porta, moi et six jeunes recrues surprenons une équipe de huit terrassiers au travail dans le fond d'un tunnel. Tandis que les autres se cachent, Porta crie en excellent russe :
    — Vous pouvez rappliquer, camarades. Nous sommes relevés.
    Les Russes se retournent, mais ne peuvent nous voir dans les méandres du tunnel. L'un d'eux questionne:
    — Faut qu'on sorte tous ?
    — Oui, oui. Dépêchez-vous. Les autres sont déjà là. Ils vous attendent.
    Nos couteaux luisent dans la lumière de leurs torches électriques défaillantes. L'un d'eux parvient à flanquer son pic dans le ventre d'un de nos gars, qui se met à hurler si fort que nous devons lui trancher la gorge.
    Ils essaient de nous emmurer, en nous balançant des charges explosives.
    Un jour, nous enterrâmes ce bon gros bœuf de Pluton. Impossible de retrouver sa tête, mais c'était bien lui, aucune erreur possible.
    Il échut à notre 27 e , une fois de plus, de rester en arrière-garde dans un secteur évacué large de cent vingt kilomètres, afin de camoufler une retraite de grande envergure. Durant vingt-quatre heures au moins, les poêles devaient être entretenus, les cheminées continuer de fumer, les mitrailleuses tirer une salve de temps à autre.
    Et nous étions également chargés de préparer des pièges. Les deux cents hommes de notre compagnie devaient tenir une largeur de vingt kilomètres. Nous avions l'ordre strict de n'abandonner nos positions sous aucun prétexte, à moins que les Russes n'envahissent réellement nos tranchées.
    Nous étions trente dans notre peloton, face à quatre mille cinq cents fusiliers sibériens, les troupes de l'Armée Rouge que nous craignions plus que toutes les autres.
    Dieu merci, nos préparatifs faisaient passer le temps. Relier chaque porte de gourbi à des mines qui exploseraient dès que quelqu'un pousserait le battant. Disposer une bûche innocente de telle sorte qu'elle fasse exploser un ballot de cartouches, si quelqu'un voulait la ramasser pour la jeter dans le poêle. Etablir sous une planche disjointe, à l'entrée d'une tranchée, un dispositif qui ferait sauter en chaîne cinquante mines antitanks, enfouies à cent mètres de là. Pourquoi préparer effectivement ces pièges, au lieu de tout laisser tomber ? Je l'ai déjà dit, ça faisait passer le temps. Et s'abstenir de les tendre eût été tout aussi absurde...
    L'après-midi s'envola rapidement. Les Russes ne semblaient pas se douter le moins du monde qu'ils n'avaient plus rien en face d'eux, qu'une poignée de pauvres bougres miteux, pleins d'amertume. La nuit fut très désagréable. Nous n'osions pas dormir. Cinquante à cent mètres nous séparaient de nos plus proches voisins, et rien ne nous garantissait contre les attaques des patrouilles. De ces fameuses patrouilles sibériennes ! La tête farcie d'idées saumâtres, je restai assis toute la nuit près d'une pile de grenades et d'une paire de mitraillettes chargées, scrutant désespérément les ténèbres.
    Au petit jour, les Russes commencèrent à flairer le pot au rose. Nous lâchâmes quelques rafales, mais ils s'enhardirent de plus en plus, allant jusqu'à nous observer ouvertement, par-dessus les parapets de leurs tranchées. Je rejoignis le Vieux et lui dis :
    — Tu crois pas qu'on ferait mieux de foutre le camp avant qu'il soit trop tard ? Vingt heures ou vingt-quatre heures, ça ne peut pas faire une telle différence.
    Le Vieux secoua la tête.
    — Sven, un ordre est un ordre. Et surtout, les autres

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