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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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généraux dans sa famille.
    — Je crois pouvoir vous garantir, Herr Untersturmführer, dit Schindler de sa voix rauque, que vous serez sur le front russe avant la fin de la semaine.
    Précédés par le sous-officier, Herr Schindler et l’officier SS avancèrent côte à côte entre les rangées de prisonniers et les wagons. La locomotive lançait déjà des jets de vapeur. Le conducteur, penché à l’extérieur pour bien mesurer la longueur du train, n’attendait plus que le signal du départ. Croisant un des adjoints du chef de gare, le SS lui demanda de retarder le convoi. Ils finirent par arriver à hauteur d’un des derniers wagons. C’est là qu’ils trouvèrent Bankier avec les autres employés d’Oskar. Ils s’étaient rassemblés dans le même wagon comme si leur seule chance de s’en sortir consistait à rester groupés. On les fit sauter sur le quai, Bankier et Fränkel des bureaux, Reich, Leser et les autres des ateliers. Il n’y eut pas d’effusions, personne n’osant exprimer devant les autres la joie d’en être sorti. Ceux qui étaient restés à l’intérieur du wagon se mirent à bavarder joyeusement, tout contents d’avoir retrouvé un peu d’espace. D’un grand trait de crayon, l’officier raya de la liste tous les travailleurs d’Emalia et demanda à Oskar de parapher les pages raturées.
    —  Vous comprenez, monsieur, pour nous, ça ne fait aucune différence. Peu importe que ce soit cette douzaine-là ou une autre.
    L’officier qui avait eu un mouvement d’humeur quand Oskar l’avait interpellé semblait désormais impavide, comme s’il avait découvert le théorème clé de la situation. Vous pensez que vos treize petits métallos sont importants ? Soit. Nous les remplacerons par treize autres petits métallos. Et toute votre sentimentalité ridicule n’aura servi à rien.
    —  Le seul problème, c’est qu’il faut modifier la liste, dit-il en guise d’explication.
    Bankier dut admettre qu’ils avaient tous omis d’aller retirer leurs Blauscheins à la Banque polonaise. Schindler déclara d’un ton sec qu’il faudrait se mettre en règle. Il se sentait tout à coup irrité. Il ne pouvait s’empêcher de penser que tous ces gens alignés sur le quai de la gare, faute d’avoir obtenu leurs macarons bleus, n’étaient guère plus que du bétail qu’on allait emmener Dieu sait où. Les wagons à bestiaux devenaient le symbole de leur nouvelle condition.

CHAPITRE 15
     
    Oskar pouvait lire sur le visage de ses employés les souffrances qui étaient désormais le lot commun des habitants du ghetto. Plus personne, là-bas, n’avait le temps de souffler, de bâtir un petit coin à soi, de poursuivre une quelconque marotte ou de recréer des rites familiaux. Certains se barricadaient sur eux-mêmes et tiraient une certaine satisfaction à se méfier de tous – son voisin de chambre aussi bien que le type de l’OD en train de patrouiller dans la rue. Même les plus sains d’esprit ne savaient plus à qui se fier. Ici chacun façonne son propre monde de secrets et de mystères, avait écrit un jeune poète, Josef Bau, à propos des habitants d’un immeuble du ghetto. Les enfants s’arrêtaient soudain de bavarder en entendant un pas dans l’escalier. Les adultes rêvaient d’exil et d’expulsion pour se retrouver au petit matin exilés et expulsés dans une pièce surpeuplée de Podgorze ; les moutures de leurs rêves, les peurs dans leurs rêves, ils les retrouvaient dans la vie de tous les jours. Les rumeurs les plus folles circulaient dans les rues, pénétraient sur les lieux de travail et de repos. Spira avait établi une autre liste deux à trois fois plus longue que la précédente… Tous les enfants seraient envoyés à Tarnow pour y être fusillés, au Stutthof pour y être noyés, à Breslau pour les lavages de cerveau, l’endoctrinement, les expériences médicales… Vous avez un parent âgé ? Ils raflent tous les gens de plus de cinquante ans pour les expédier dans les mines de sel de Wieliczka… Pour y travailler? Non, pour les murer dans des galeries désaffectées.
    Toutes ces rumeurs dont la plupart étaient parvenues aux oreilles d’Oskar procédaient sans doute de l’instinct de survie : on éloignait le mal en y faisant allusion, on forçait le destin en tentant d’imaginer le pire. Mais, en ce mois de juin, les cauchemars les plus sinistres prirent une forme concrète et les rumeurs les plus folles devinrent

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