La malediction de la galigai
décision trente ans plus tôt.
Pouvait-il révoquer le passé ?
1 Rattachée à la paroisse Sainte-Geneviève, l'institution comptait une vingtaine de religieuses.
Quatrième partie
Quand le passé ressurgit
26
A rmande pouvant toujours séjourner à Mercy, Louis et Gaston décidèrent de s'y rendre avant de remonter sur Paris. Ils dormirent dans une auberge de Pontoise et arrivèrent le vendredi dans la matinée.
En chemin, Gaston avait à nouveau évoqué la personnalité de Bréval avec Louis.
â Tu ne crois pas qu'il puisse être Petit-Jacques, n'est-ce pas ?
â Non.
â Pourquoi ? Pourtant, ça crève les yeux : il est un vieil ami de Mondreville, son meilleur ami sans doute, puisque son fils est toujours chez lui.
â Mondreville a certainement d'autres proches que nous ne connaissons pas, persifla Louis.
â Je te l'accorde. Mais Petit-Jacques se montrait un excellent marinier et Bréval possède des bateaux.
â Le prévôt de Vernon nous a décrit la cruauté de Petit-Jacques. Crois-tu Bréval de cette trempe ?
Comme Gaston ne mouftait pas, Fronsac poursuivit :
â Tu as connu bien des criminels. Peuvent-ils changer à ce point ?
â Cela arrive⦠Mais je reconnais comme toi que Bréval ne correspond en rien au portrait dressé par le prévôt de Vernon. J'ai néanmoins envie de m'intéresser à lui, certain qu'il en sait plus qu'il ne le prétend.
â Cela, je te l'accorde à mon tour.
Gaston aurait aimé l'interroger sur cette réponse énigmatique, mais il savait que tant que Louis ne serait pas parvenu à des conclusions indiscutables, il ne dirait rien de plus.
*
à Mercy, Armande, submergée de chagrin et d'inquiétude, se trouvait dans la cour du château avec Julie quand elles entendirent le roulement du carrosse mené grand train. Prises d'un espoir fou, elles se précipitèrent de l'autre côté du portail. Aussitôt, Julie reconnut leur voiture, avec Nicolas debout sur le siège du conducteur et, à côté, Gaston faisait de grands gestes avec son chapeau, vociférant à pleins poumons.
Armande eut l'impression que son cÅur s'arrêtait de battre et Julie eut un étourdissement.
La suite ne fut qu'embrassades, larmes, rires et effusions. Devant un solide dîner, Tilly raconta ses épreuves et Fronsac son enquête. Comme les moissons n'avaient pas commencé, Margot Belleville et son époux 1 se joignirent à eux pour écouter les nouveaux exploits de leur seigneur.
â Que vas-tu entreprendre, maintenant ? demanda Armande à son mari lorsqu'il eut terminé.
Elle craignait que Gaston ne s'engage dans une vengeance susceptible de leur faire perdre leur bonheur.
â Poser quelques questions à Paris. Je suis allé à Tilly découvrir la vérité sur la mort de mes parents. Je la connais désormais, et crois savoir qui est l'assassin. Mais, sans le vouloir, Louis et moi avons mis à jour d'autres intrigues : le vol de la recette des tailles par Concini, certainement la cause du décès de mes parents ; l'étrange disparition de ce Richebourg qui a permis à Louis de me retrouver ; enfin ces trois hommes, Canto, Pichon et je-ne-sais-qui, jamais vus jusqu'alors mais qui se trouvaient avec Bréval et dont l'un a été blessé. D'après Louis, ce sont des traîne-rapière, gens de rien qui se font passer pour des gentilshommes de Monsieur le Prince. Que faisaient-ils là -bas, en pleine campagne normande ?
â Comment arriver à résoudre ces affaires à Paris ? interrogea Armande, dubitative. Car je suppose que Louis restera avec toi.
â Je bénéficie tout de même des moyens de la police du Grand-Châtelet, ma mie, sourit Gaston.
â Nous partirons lundi, confirma Fronsac. Nous te ramènerons, Armande, si tu veux rentrer. Je n'emmènerai que Bauer. La moisson va bientôt commencer et nous avons besoin ici de tous les bras. Je reviendrai d'ailleurs, dès que je le pourrai. Lundi, j'irai d'abord m'entretenir avec Madame de Rambouillet. Je me suis souvenu que son mari a été au service de Concini. Elle ou lui pourront m'apprendre beaucoup. Ensuite, je passerai chez Tallemant.
Louis était encore notaire quand, quelques années
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