La malediction de la galigai
maréchal d'Ancre. Ils se sont brouillés peu de temps avant l'assassinat sur le pont du Louvre, au sujet d'une indiscrétion supposée. à la suite de cette fâcherie, mon mari a perdu la faveur du roi.
Louis digéra cette réponse avant d'ajouter :
â Monsieur le marquis connaissait-il un nommé Mondreville ?
â Je ne crois pas avoir jamais entendu ce nom, mais ma mémoire me joue parfois des tours, répondit-elle dans un petit rire.
Ménage et Tallemant affichèrent aussi une moue d'ignorance.
â Balthazar Nardi. Ce nom vous dit-il quelque chose ?
Elle resta concentrée un instant, sans répondre.
â Je ne sais, avoua-t-elle. Il me semble bien l'avoir entendu. C'est un nom italien, et comme fille de la famille Savelli, je devrais m'en souvenir !
Louis se tourna vers Ménage, l'interrogeant du regard en espérant que le secrétaire de Gondi aurait lu quelque chose sur ce Nardi, mais celui-ci ne savait rien, ou ne voulait rien dire.
â Tu devrais interroger Corbinelli, suggéra Tallemant. Son père, Raphaël, était au service de Concini.
â Monsieur Tallemant a raison ! J'ai connu Jacques Corbinelli, le père de Raphaël. Un homme de courage autant que d'intrigue, issu d'une noble maison de Florence. Il s'était réfugié en France après son implication dans une conjuration. Catherine de Médicis l'avait donné au duc d'Anjou pour son voyage en Pologne. Son fils, Raphaël, était âgé de dix-huit ans en entrant au service du surintendant de la reine. Devenu secrétaire de Marie de Médicis, on l'avait ensuite donné à Léonora Galigaï pour s'occuper de ses pensions et des revenus de ses terres.
â Raphaël serait-il encore vivant ?
â Non, mais son fils Jean est secrétaire de monsieur de Bussy, énonça la marquise. Ce très honnête homme pourra certainement vous renseigner sur l'entourage de Concini, car son père lui en parlait souvent.
â Monsieur de Bussy se trouve peut-être à Paris en ce moment. Je vais me rendre à l'enclos du Temple, décida Fronsac.
Avec d'immenses remerciements, il prit congé après avoir promis à la marquise de revenir en compagnie de Julie, à Tallemant d'aller voir sa fille Anne-Ãlisabeth dans sa maison du faubourg Saint-Germain, et à Ménage de visiter le coadjuteur au petit archevêché.
*
Ce même lundi 17 août, tandis que none sonnait au couvent des Minimes, Canto, Pichon et Sociendo entraient à la Fosse aux Lyons . Depuis trois jours, ils cherchaient à rencontrer le gantier qui se faisait appeler Alberto Fenicci. Plusieurs fois, son commis leur avait annoncé qu'il était en voyage.
Mais aujourd'hui, Fenicci était là , seul et pensif devant une chopine de vin. Ils s'assirent avec lui.
â Nous vous cherchions.
â J'étais absent.
Ganducci se trouvait en réalité à Compiègne où Mazarin voulait savoir s'il pouvait revenir à Paris sans risque.
â Où en êtes-vous de nos affaires ? demanda-t-il.
â Nous avons rencontré Mondreville, expliqua Pichon avant de poursuivre à voix plus basse : il a reconnu être le voleur des tailles, en 1617. Nous avons aussi appris la mort de Petit-Jacques.
â Dommage ! laissa tomber Ganducci.
â Mondreville a un ami, un nommé Bréval qui fait du négoce sur la Seine. Ce Bréval est d'accord pour participer à notre entreprise, possède des barques et sait naviguer.
â Bene  ! sourit le gantier.
â Il m'en a d'ailleurs confié une et j'ai pu naviguer avec le fils de Mondreville, mais nous avons dû partir précipitamment, intervint Sociendo.
â Pourquoi ?
â Il y a eu⦠comment dire ?⦠un problème, admit Pichon, embarrassé.
â Ah ?
â Nous n'en savons pas tous les détails, monsieur Fenicci, mais Mondreville semble s'être disputé avec l'un de ses voisins, un certain Gaston de Tilly. Un fou furieux à l'en croire.
â Quoi ? Quel nom avez-vous dit ? s'exclama Ganducci, ébahi.
â Tilly, Gaston de Tilly. Le connaissez-vous ?
â Si c'est celui à qui je pense, oui⦠Mais poursuivez plutôt.
â Mondreville s'est saisi de ce Tilly et l'a emprisonné. Ceci, nous ne
Weitere Kostenlose Bücher