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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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brûler d'impatience de pouvoir acclamer leur souverain, la Cour… et le cardinal Mazarin.
    La foule se révélait si nombreuse et pressante que les rues n'étaient pas assez larges pour la contenir. De plus, les carrosses innombrables paralysaient la circulation, aussi Louis et Armande mirent-ils près de trois heures avant d'arriver à la porte Saint-Denis, malgré un Bauer qui conduisait la voiture en menaçant ceux qui ne s'écartaient pas assez vite du chemin.
    Une fois hors de Paris, les encombrements ne cessèrent pas à cause de l'immense cortège du duc d'Orléans juste devant eux. Enfin, après une patiente recherche, Bauer trouva une place libre permettant d'attendre la procession royale. L'endroit, appelé la Croix-de-la-Chapelle, n'était pas loin d'une auberge où ils purent se restaurer et désaltérer. Ils revinrent au carrosse au moment même où les premières cavalcades des gendarmes et des chevau-légers du roi et de la reine arrivaient.
    Le duc de Montbazon – gouverneur de Paris –, le prévôt des marchands, les échevins et les conseillers de la ville, les quarteniers 1 et les plus notables bourgeois attendaient, tous en robes de cérémonie. Peu de temps après retentirent autour d'eux de retentissants : Vive le roi    ! Le cortège royal apparaissait.
    La foule, considérable, reçut la Cour avec des cris de joie. Louis XIV, penché à une portière du carrosse, affichait un visage fermé et résolu. Il avait son jeune frère à côté et, en face, le duc d'Orléans et la reine, sa mère. Le prince de Condé et le cardinal se faisaient acclamer à l'autre portière 2 .
    Les voitures s'arrêtèrent et, tandis que le corps de ville s'agenouillait, le prévôt des marchands entama une longue harangue assurant le roi de l'obéissance des Parisiens et de leur immuable fidélité. Il y eut ensuite d'autres discours, tous ponctués de vivats, de : Vive le roi ! Vive la reine ! La chaleur devenait insupportable et Louis, monté sur le siège du cocher avec Armande, songeait combien la famille royale devait étouffer dans sa voiture.
    Les cris d'allégresse se succédaient et se mélangeaient. Les Parisiens manifestaient d'autant plus leur joie que leur jeune roi était parti depuis plusieurs mois. La reine, elle, paraissait satisfaite du respect et de l'amour des présents. Pourtant, Fronsac n'entendit pas un seul : Vive le cardinal    !
    Enfin, le cortège s'ébranla à nouveau. Les gardes du corps du roi, de la reine et du duc d'Orléans suivirent le carrosse royal avec quelques officiers. La voiture de Louis et d'Armande, toujours précédée de Bauer, reprit la route quand la voie fut dégagée.
    La Cour entra à cinq heures du soir par la porte Saint-Denis et n'arriva qu'après huit heures au Palais-Royal. On avait accroché partout des lanternes aux fenêtres. En même temps, les décharges de pétards et des canons de la ville ne cessaient pas.
    Le soir, il y eut un beau feu d'artifice à la place de Grève et des feux de joie devant toutes les maisons. On rapporta que la reine avait dit qu'après ce bel accueil, elle oublierait le passé.
    La seule fausse note de la journée fut la venue tardive du duc de Beaufort au Palais-Royal, même s'il s'en excusa. Quant au coadjuteur, Paul de Gondi, il n'apparut pas du tout.
    *
    C'est seulement le samedi matin que M. de Bussy se présenta chez Gaston de Tilly. Il était encore très tôt et sexte venait juste de sonner au couvent de Sainte-Croix 3 .
    La veille, au Palais-Royal, un valet avait porté à Gaston un billet de Bussy s'excusant et prévenant qu'il passerait le lendemain assez tôt, car il devait ensuite rejoindre le Prince pour un dîner.
    Comme toujours, le maître de camp de Mgr de Condé affichait belle prestance, surtout en costume de Cour avec une épée à garde d'argent pendue à son baudrier de soie brodée. L'œil pétillant, le regard ironique et le sourire perpétuellement infatué ne parvenaient pas à dissimuler son caractère ferme et loyal. Le comte était accompagné d'un homme de son âge, c'est-à-dire la trentaine, au visage triangulaire et à la bouche perpétuellement entrouverte comme souvent les timides. Le reste de son expression traduisait le

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