Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
certainement appuyé par le procureur du roi. Laissez-moi vos dossiers, j'y travaillerai cette nuit et je remettrai mon mémoire dès demain au conseiller rapporteur.
    *
    Dans la justice de l'Ancien Régime, les avocats plaidaient et les procureurs s'occupaient de la procédure. En simplifiant, ces derniers jouaient les stratèges et les avocats les combattants des batailles juridiques. C'était chez un procureur qu'on apprenait la chicane, tant les lois se révélaient nombreuses, souvent incohérentes et s'appliquant de façons différentes suivant la façon dont on présentait les affaires devant la cour.
    â€” Devrons-nous venir au palais ? s'enquit Louis.
    â€” La procédure étant écrite, ce ne serait pas nécessaire, mais la procédure judiciaire joue le rôle des cérémonies en matière de religion. Les conseillers et le président de la Tournelle seraient flattés de votre présence ; mieux vaudrait donc que vous soyez là. Je déposerai immédiatement mes conclusions au greffe. Ensuite, il vous suffira de venir assister aux audiences.
    Â»Â Monsieur Dufour, poursuivit-il en s'adressant à l'avocat, je vous rendrai toutes ces pièces dans l'après-midi ; d'ici là j'aurai eu le temps de les faire copier. Vous préparerez une plaidoirie arguant que messieurs Tilly et Fronsac ont agi sur ordre du roi.
    â€” N'attendez-vous pas le résultat du déclinatoire de compétence ? s'intrigua Gaston.
    â€” Absolument pas. Ce déclinatoire ne sert à rien ! Il servira juste à gagner du temps pour mieux préparer l'affaire. Certes, sur le fond, il devrait être retenu et le procès renvoyé à Paris, mais la distance est immense entre le droit et les faits, n'est-ce pas, monsieur Dufour (l'avocat hocha la tête). Ces gens de la Tournelle veulent la peau de monsieur Séguier, et ce n'est pas mon déclinatoire qui les arrêtera. Tout au plus va-t-il les entraver un moment. Je lancerai d'ailleurs d'autres procédures de contestation sur les pièces que la partie adverse aura déposées au greffe. Ces escarmouches dureront bien une quinzaine avant que nous commencions à aborder le fond. Quand nous y arriverons, monsieur Dufour plaidera que vous devez être renvoyés hors de cour. Certes, cela n'arrêtera pas plus les ennemis de monsieur Séguier, mais ils seront déjà moins nombreux, surtout qu'entre-temps la situation aura évolué à Paris. Nous établirons alors une troisième ligne de défense arguant que la présence de ce truand, l' Échafaud , est une preuve manifeste de la participation de Mondreville à des actions délictueuses.
    â€” Les faits sont tellement évidents ! intervint Louis.
    â€” On ne jugera pas l'évidence, ici, monsieur Fronsac. On ne s'intéressera pas plus au droit ! On voudra sanctionner un homme ayant été le bras armé de Mgr Richelieu. Il y a trop de haine contre monsieur Séguier, et trop de sang encore frais pour laisser place à une justice sereine ! L'ennui, c'est que vous en ferez les frais !
    Tilly écarta les mains pour montrer qu'ils se laissaient guider. Ce procureur semblait maître dans sa profession.
    â€” Vous êtes entre de bonnes mains, messieurs, confirma Pierre Corneille. Dans la chicane, il n'y a pas meilleur procureur que monsieur de La Barre au parlement de Normandie !
    â€” Imaginons, je dis bien imaginons, que nous perdions, monsieur de La Barre. Que risquons-nous ? demanda Fronsac.
    â€” D'abord la condamnation au dépens, c'est-à-dire le payement d'amendes et d'épices, sans doute pour quelques milliers de livres. Ensuite, une exposition au pilori et une dégradation de la noblesse sont possibles. Vos juges pourraient aller jusqu'aux galères à cause de la mort des archers de Mondreville et de son fils, mais évidemment nous nous opposerons à l'exécution. Il y aura appel et, dans tous les cas, le roi ne laissera pas faire. Vous aurez certainement une lettre de rémission 4 .
    â€” Ce serait bien le moins ! ironisa sombrement Gaston.
    â€” En vérité, ce que je crains, c'est plutôt une prise de corps si on juge suffisamment graves les faits que l'on vous reproche.
    â€” Ce qui veut signifie ? interrogea Louis avec inquiétude.
    â€” Vous seriez écroués

Weitere Kostenlose Bücher