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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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dans une de nos prisons. Soit dans la tour des Normands, soit dans la tour de l'Aubette qui sert de chiourme aux galériens. Leurs souterrains sont redoutés à cause de l'humidité. On y descend à vingt-cinq ou trente pieds de profondeur. Il y a là quelques caves voûtées qui ne reçoivent le jour et l'air que par de pauvres lucarnes infiniment étroites. Les prisonniers sont scellés par des fers dans l'épaisseur des murs ou mis sans distinction de sexe dans des cages. Ils reçoivent peu de nourriture et restent dans leurs excréments . Si on vous y enfermait, j'aurais du mal à vous en faire sortir avant que vous ne deveniez fous.
    Louis et Gaston se regardèrent, jurant silencieusement de ne pas se laisser prendre.
    *
    M. de La Barre remporta plusieurs succès qui rendirent Fronsac optimiste. Obtenant des contre-enquêtes, des appels incidents, des vérifications de pièces, des ajournements, multipliant les procédures annexes, les enquêtes, les interlocutoires, les appointements, usant et abusant d'exploits, d'instances et d'arrêts de défense, exigeant des décrets de prise de corps pour interroger des archers de Mondreville, découvrant des incohérences dans les dépositions, les recollements et les confrontations, il faisait feu de tout bois. Il alla jusqu'à paralyser la procédure en gardant les sacs confiés au greffe, choses pouvant pourtant le conduire à la prison.
    Il savait aussi adroitement jouer des querelles entre les personnes. Une déclaration royale de 1581 exigeait que les décisions du parquet, c'est-à-dire des deux avocats et du procureur du roi, fussent collégiales, mais qu'en cas d'avis différent, celui qui était seul suivît les conclusions des deux autres. L'arrêt prévoyait en outre que le plus jeune prît l'avis d'un des anciens et qu'au cas où il y aurait seulement deux avis différents, on fît appel à un ancien avocat pour tiers. Or les deux avocats s'étaient rangés du côté de ceux qui voulaient la condamnation des serviteurs de Séguier, tandis que le procureur général suivait l'avis de la cour. Ces querelles étaient pain béni et M. de La Barre rappelait sans cesse que seul le procureur du roi pouvait porter la parole à l'audience, récusant systématiquement les avis des avocats du roi.
    Cela dura jusqu'à la mi-novembre.
    *
    Ã€ Rouen, Louis et Gaston s'occupaient comme ils le pouvaient. Ils écrivaient tous les jours chez eux, recevant aussi des lettres qui mettaient parfois dix jours à arriver. Heureusement, la capitale normande était une immense ville, la plus grande du royaume après Paris. Même si elle gardait ses remparts et ses dédales de ruelles tortueuses bordées de maisons à pans de bois, on y découvrait aussi de magnifiques monuments, dont le palais de Justice, le beffroi avec sa grande horloge et le nouvel hôtel de ville construit par Jacques Gabriel.
    Corneille les faisait inviter dans la société de qualité, flattée de recevoir deux hommes proches de Mazarin et de M. le Prince, même si chacun connaissait le procès qu'on leur faisait.
    Imprimeurs et libraires étaient innombrables et le concierge de Corneille, que Louis appelait d'un monsieur de Petit-Jean gros comme le bras, tant il savait l'importance de ménager les serviteurs, les conduisit chez les plus réputés où Fronsac acheta quelques ouvrages qui l'intéressaient. Enfin, le Parlement ayant autorisé dès la fin du siècle précédent les troupes de comédiens à jouer dans les salles de jeu de paume de la ville, se rendirent-ils souvent à des représentations.
    Le quartier de Saint-Sauveur où ils logeaient se révélait calme et bourgeois, sauf durant les exécutions qui avaient lieu sur la place du Vieux-Marché, là où Jeanne d'Arc avait été brûlée. Le dimanche, ils se rendaient à la messe à l'église Saint-Sauveur malheureusement bien ruinée depuis son pillage par les huguenots.
    Louis et Gaston dînaient souvent à la table du grand auteur, avec son épouse, Marie de Lampérière, et ses enfants. La double maison était grande, mais ses habitants si nombreux, avec tous les serviteurs à domicile, qu'ils quittèrent rapidement leur chambre où ils étaient très serrés pour une grande pièce dans l'auberge voisine

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