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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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de laPie .
    Ils rencontraient quand même chaque jour Pierre Corneille qui exerçait avec sérieux ses charges d'avocat du roi pour les Eaux et Forêts et d'avocat du roi à l'Amirauté de France. Avec lui, ils se rendirent fréquemment aux audiences de la Table de marbre du palais où, trois jours par semaine, se réglaient les affaires dont il avait la charge.
    Corneille leur parlait aussi de ses pièces avec un brin de nostalgie. Le grand auteur n'avait plus connu de succès depuis Polyeucte et le Menteur , aussi préparait-il une nouvelle tragédie dont il attendait beaucoup. L'histoire traitait de l'affrontement entre un héros et de vils politiciens, expliqua-t-il. Nicodème et Attale étaient des demi-frères, mais la mère d'Attale voulait placer son fils sur le trône à la place de l'autre, héritier naturel. Celui-ci était emprisonné mais finalement libéré par son frère qui lui rendait le pouvoir. Un soir, écoutant Corneille leur lisant un extrait, Louis se rendit compte que Nicodème, qui recherchait la gloire et la reconnaissance, ressemblait trait pour trait au prince de Condé. Cette pièce ne connaîtra le succès, songea-t-il, que si ce dernier l'emporte dans sa partie contre la Cour 5 .
    Corneille souhaitait que Poquelin, qu'il appelait de son surnom Molière, fût l'interprète du rôle. Il lui avait écrit à ce sujet, mais Louis n'était pas certain de ce choix tant, si Poquelin savait faire rire dans les comédies, il faisait tout autant rire, mais sans le vouloir, dans les rôles tragiques comme il l'avait observé en assistant à la représentation d' Artaxerce , au jeu de paume de la Croix-Noire 6 .
    *
    Au début de la troisième semaine de novembre, Fronsac et Tilly reçurent, un soir, la visite de M. de La Barre.
    En entrant dans la chambre de leur auberge, le procureur parut particulièrement sombre.
    â€” Le monde est devenu, sans mentir, bien méchant, messieurs. J'ai de fâcheuses nouvelles. Depuis quelques jours, le premier président monsieur Faucon de Ris et le procureur général monsieur Courtin, qui vous étaient favorables, se trouvent à Paris. C'est précisément le moment qu'a choisi le rapporteur pour attaquer la véracité du mémoire de votre père. Ce document n'étant pas signé, il a fait faire une enquête auprès du prévôt des maréchaux, lequel a déclaré n'en avoir aucune trace…
    â€” Évidemment puisque mon père est mort avant de l'avoir envoyé !
    â€” Je le sais, mais la pièce a été retirée. Quant aux mémoires de monsieur Nardi, il les a aussi balayés comme textes sans valeur. Bref, après dîner, une délibération collégiale a eu lieu qui a rejeté mes dernières requêtes et durant laquelle les avocats du roi ont mis en minorité le procureur. Les conclusions arrêtées par le parquet sont donc contre vous et vont emporter la sentence. J'ai, en vain, exigé un arrêt sur requête et même proposé un accommodement. La cour a requis une saisie de corps et votre emprisonnement pour la suite du procès. Je fais partir ce soir un courrier pour monsieur Séguier et demande une suspension de procédure auprès de monsieur de Longueville, argumentant qu'on n'a pas encore examiné la présence de l' Échafaud chez monsieur Mondreville, mais je dois vous avouer que la situation est fort grave. Je vais quand même attaquer leurs conclusions en objectant que le parquet est en désaccord et récuser la demande des avocats du roi, mais je crains de gagner seulement quelques jours.
    â€” Que conseillez-vous ?
    â€” Quittez la ville sur-le-champ, en espérant que les capitaines des portes n'aient pas déjà votre signalement, laissa tomber le procureur.
    Déjà Bauer rassemblait leurs bagages. C'est alors qu'on gratta à la porte.
    Serait-ce déjà des sergents ? s'inquiéta Louis.
    Il alla ouvrir, mais ce n'était que l'hôtelier.
    â€” Monsieur le marquis, un moine insiste pour vous rencontrer.
    â€” Un moine ?
    â€” Oui, monsieur. Un cordelier. Il dit s'appeler Bernardo Gramucci.
    1  Les causes étaient distribuées par le président de chambre à des conseillers rapporteurs.
    2  Ce nom venait de ce que les conseillers y allaient par roulement.
    3 

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