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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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à parler, monsieur le coadjuteur, proposa alors sa mère dans un sourire de comploteuse.
    1  Mémoires de Mazarin (carnets).
    2  Surnom donné au premier président du Parlement, Mathieu Molé.
    3  Les fortes paroles qui suivent sont rapportées dans ses Mémoires .

52
    D epuis deux mois, la duchesse de Chevreuse s'était réconciliée avec la reine et Mazarin. Et pourtant Marie de Rohan avait participé à tous les complots contre la royauté depuis trente ans. Un engagement payé fort cher : ruinée, abandonnée de son mari, vieillie et flétrie, la duchesse ne ressemblait plus à la femme magnifique qui séduisait les hommes en leur laissant toucher sa cuisse, comme elle s'en vantait. Revenue de son exil bruxellois, elle avait humblement demandé pardon à son ancienne amie la reine et juré d'être, désormais, loyale à la Couronne. Docile, elle avait rencontré Mazarin à l'automne et proféré les mêmes promesses de fidélité. À cette occasion pourtant, toujours saisie par le démon des cabales, Marie de Rohan avait proposé au cardinal de lui offrir la tête du coadjuteur !
    Paul de Gondi, abandonné de sa maîtresse Mme de Guémené, qui avait de plus en plus souvent des saillies de dévotion comme le dira Gédeon Tallemant dans ses Historiettes , était, lui, devenu l'amant de la fille de la duchesse : Charlotte de Chevreuse.
    â€” Par ma fille, avait assuré Marie de Rohan à Mazarin, je peux manœuvrer le coadjuteur à mon gré. Réconciliez-vous avec lui, offrez-lui le chapeau de cardinal et il deviendra l'un de vos fidèles. Je m'y engage. Avec Gondi près de vous, c'est tout le peuple de Paris qui vous aimera.
    C'était tentant, mais Mazarin connaissait trop la duplicité de la Chevreuse pour la croire. Il avait donc préféré se débarrasser du coadjuteur par le procès. Mais quand le ministre constata que Gondi s'était sorti du piège, il reconsidéra sa position. Et laissa l'affaire s'enliser dans la procédure, ce qui avait pour avantage d'exaspérer Condé. Une attitude qui faillit provoquer un désastre.
    *
    Le 29 décembre, le procès ayant repris, Beaufort et Gondi vinrent au Palais accompagnés d'un corps de trois cents gentilshommes et entourés d'une foule à leur dévotion. En face, les hommes de Condé étaient encore plus nombreux.
    Nous nous faisions civilités , raconta le coadjuteur dans ses mémoires, mais nous étions dans la défiance et il n'y avait personne qui n'eût un poignard dans la poche . Cette arme , poursuivit-il, était à la vérité peu convenable à ma profession . Comme le manche de sa lame sortait de sa poche, un capitaine des gardes du Prince lança d'ailleurs : Voilà le bréviaire de M. le coadjuteur !
    Heureusement, il n'y eut pas d'échauffourée. Condé refusait d'aller plus loin dans la provocation de crainte de perdre le procès, et le coadjuteur était persuadé d'emporter la partie.
    Car sous l'égide de la duchesse de Chevreuse, un renversement d'alliance s'opérait. Gondi avait écouté les propositions du ministre lui promettant la paix et le chapeau de cardinal. N'ayant jamais été si fort, le coadjuteur pouvait accepter sans se renier. Comme il le rapporta dans ses Mémoires  : En fait de calomnies, tout ce qui ne nuit pas sert à celui qui est attaqué.
    Quant à Mazarin, il était pressé de conclure tant le Prince devenait insupportable. Ne l'accusait-il pas, maintenant, d'être l'auteur de l'attentat contre lui, puisque Paul de Gondi en était innocent ? De plus Louis de Bourbon exigeait l'Amirauté avec une insistance forcenée et s'était attiré l'inimitié de la reine en défendant l'un de ses fidèles ayant commis une incroyable grossièreté.
    Jarzé, jeune fat qui avait défié Beaufort aux Tuileries, persuadé d'être aimé de la reine, avait glissé une lettre d'amour sur son lit. Celle-ci l'avait très mal pris, et devant la Cour, lui avait déclaré avec un immense mépris :
    â€” Monsieur de Jarzé, vous êtes bien ridicule. On m'a dit que vous faites l'amoureux. Vous me faites pitié, il faudrait vous envoyer aux petites maisons 1  !
    Humilié, le soupirant avait quitté la Cour. Plus tard, Condé avait

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