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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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il avait sauvé la vie.
    C'était donc la Cour qui récusait ce témoignage.
    â€” Je comprends, ou plutôt je devine, concéda-t-il, mais quel est, alors, l'objet de votre visite ?
    â€” Voici une lettre que j'ai préparée cet après-midi, monsieur l'avocat. Lisez-la et transmettez-la au coadjuteur. J'y ai mis tout ce que je sais des sieurs Pichon, Canto et Sociendo. Quand le Parlement apprendra que ce sont des fripouilles, nul doute qu'on abandonnera les poursuites.
    Jérôme Bignon prit la lettre, chaussa des bésicles et la lut.
    â€” En effet, monsieur Fronsac, voici de belles fripouilles ! admit-il avec un sourire de satisfaction quand il eut terminé. Mais que ne portez-vous vous-même cette lettre à Gondi ? Il vous en serait reconnaissant.
    â€” Je vous l'ai dit, monsieur l'avocat général, nous étions ses amis. Pour des raisons trop longues à vous exposer, il a cru que nous l'avions trahi. Il se trompait et nous voulons qu'il sache que nous n'avons pas changé.
    Bignon resta silencieux. Les charges contre Beaufort et le coadjuteur se montraient à ses yeux insuffisantes pour les mettre en cause, mais le procureur général voulait cette condamnation et pourrait bien y parvenir demain, tant le président Molé et la majeure partie du Parlement accepteraient le réquisitoire du parquet, même si les avocats généraux ne s'y étaient pas joints.
    Seulement, Mathieu Molé était un magistrat honnête et rigoureux. En apprenant la nature des témoins présentés par le procureur général – des hommes de sac et de corde –, il ne suivrait pas la réquisition.
    Cependant, était-ce à lui, avocat général, de transmettre ces informations à un accusé ? Il pesa longuement sa décision avant de convenir qu'il devait accepter.
    â€” Je porterai cette lettre, messieurs, et je plaiderai votre cause auprès de Mgr le coadjuteur.
    *
    Le lendemain, le 22 décembre, avant même le lever du soleil, une foule immense se pressait dans les galeries du Palais et la cour de Mai. Tout Paris et toute la Cour venaient assister à l'arrestation probable du coadjuteur de l'archevêque et du petit-fils d'Henri IV.
    Gondi arriva seul, le bonnet à la main, et peu de gens lui rendirent son salut, tant chacun le voyait perdu. Beaufort entra à son tour et tous deux prirent place dans la Grand'Chambre.
    Ils n'étaient pas présents en tant qu'accusés, puisque dans les procès de l'Ancien Régime, ceux-ci n'assistaient pas à l'audience, mais là de par leur état : Beaufort était duc et pair, donc siégeait dans les séances plénières, comme le prince de Condé ; quant à Gondi, il avait pris la place de son oncle l'archevêque, ce dernier siégeant aussi d'office parmi les conseillers.
    L'audience ouverte, le président de Mesmes fit lire la déposition des trois témoins entendus la veille attestant l'existence d'une conjuration contre l'État et la maison royale. Le seul témoignage de Canto dura quatre heures et fut suivi d'une déclaration du procureur général demandant à faire assigner pour être ouïs, M. de Beaufort, M. Broussel et Mgr de Gondi.
    Le coadjuteur ôta alors son bonnet pour intervenir. Le président Molé voulut l'en empêcher, affirmant qu'il parlerait à son tour, mais un tel murmure monta de l'assistance qu'on dut le laisser faire.
    Paul de Gondi commença dans un silence de mort 3  :
    â€” Je ne crois pas, messieurs, que les siècles passés aient vu des ajournements personnels donnés à des gens de notre qualité sur des ouï-dire ; mais je crois aussi peu que la postérité puisse souffrir, ni même ajouter foi, à ce que l'on ait seulement à écouter ces ouï-dire de la bouche des plus infâmes scélérats qui soient jamais sortis des cachots. Canto, messieurs, a été condamné à la corde à Pau, Pichon a été condamné à la roue au Mans, Sociendo est encore sur vos registres criminels…
    Ã€ peine eut-il lâché ces paroles accusatoires qu'un immense brouhaha de stupeur se répandit.
    En même temps, les amis du coadjuteur faisaient circuler dans les galeries des papiers imprimés durant la nuit décrivant, avec forces détails, les turpitudes de Canto, Pichon et

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