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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Fouquet – qui pour l'heure n'était pas à Compiègne –, Ondedei et Ganducci s'occupaient du renseignement intérieur. Ces trois-là bénéficiaient d'innombrables agents à la Cour et dans la capitale, des gens qu'ils payaient ou sur lesquels ils pouvaient faire pression, possédant quelque secret inavouable sur leur compte.
    Ã€ la Cour, provocations, machinations et fausses rumeurs étaient courantes. Ondedei, malgré son visage d'ange, se révélait un maître dans les intrigues les plus tortueuses que Ganducci se chargeait ensuite d'exécuter.
    Les deux hommes ne se ressemblaient guère. Habillé d'une robe noire avec le col blanc et carré des clercs, Giuseppe Zongo Ondedei était imberbe, tandis que Tomaso Ganducci, bien que marchand tenant échoppe, arborait un habit de cavalier avec épée au côté. Sa chevelure était aussi noire que son pourpoint et il portait une petite barbe carrée en queue de canard surmontée d'une courte moustache à l'italienne.
    Tous deux s'inclinèrent devant Le Tellier, après quoi Mazarin leur fit signe de s'asseoir à la table du Conseil.
    â€” L'idée que m'a suggérée Giuseppe Zongo est que nous pourrions laisser courir la rumeur que monsieur de Longueville est un mauvais gouverneur, mal entouré et corrompu. Prêt à tout pour s'enrichir, y compris à voler la Couronne. Et donc, que lui confier Pont-de-l'Arche relèverait d'une grave erreur d'appréciation.
    â€” Que monsieur le duc de Longueville ait souvent été rebelle, c'est certain, mais le portrait que vous brossez ici n'est pas le sien, monseigneur. Voici un prince honorable, protesta Le Tellier.
    â€” Je n'ai pas dit qu'il s'agissait de la vérité ! remarqua Mazarin avec un regard chafouin, je suggère seulement que ce soit l'image que l'opinion ait de lui.
    â€” Expliquez-vous, monseigneur.
    Le cardinal fit signe à Ondedei de parler.
    â€” Il y a quelques semaines, Gabriel Naudé 8 a acheté à un libraire, pour la bibliothèque de monseigneur, un lot de mémoires jamais imprimés. Il s'agissait de textes curieux du temps du roi Henri ou de la régence de Marie de Médicis. Parmi ceux-ci, il y avait les récits d'un nommé Balthazar Nardi. Cet homme, né à Arezzo, avait fait ses études avec le maréchal d'Ancre. Il était son avocat, son diplomate et parfois son agent secret. Parmi les affaires troubles qu'il relatait, se trouvait un vol de la recette des tailles de Normandie auquel il aurait participé et qu'il relatait avec un luxe de détails.
    â€” Le vol des tailles de Normandie ? s'exclama Le Tellier. Je n'en ai jamais entendu parler ! Sans doute s'agit-il plutôt du vol de quelque receveur…
    â€” J'ai vérifié, intervint Mazarin. La recette des tailles de Normandie a bien été volée en 1617, quelques jours avant l'assassinat du maréchal d'Ancre. Il s'agissait de un million de livres.
    â€” Un million ! s'étouffa Le Tellier.
    â€” Ce vol aurait été préparé par Concini, alors gouverneur de Normandie, et par son épouse Léonora Galigaï.
    â€” Incroyable !
    â€” D'après ce récit, l'entreprise a été conduite par un bandit de grand chemin bien connu à l'époque, Petit-Jacques, et un nommé Mondreville, commis aux tailles. Nardi y a participé avec un autre Italien.
    â€” Comment se fait-il que personne n'en ait parlé ?
    â€” L'affaire a été étouffée. Deux semaines après le vol, le maréchal d'Ancre était assassiné et le roi avait autre chose à faire. L'argent dérobé a sans doute été confisqué lors des pillages de la rue de Tournon et a fini dans la poche de Luynes !
    â€” Où voulez-vous en venir, monseigneur ? s'inquiéta Le Tellier.
    â€” Petit-Jacques a disparu, mais j'ai retrouvé un Mondreville. J'ignore si c'est le même. Il est lieutenant du prévôt de Rouen, ayant acheté sa charge en 42, et il vit à Mondreville.
    â€” Et alors ?
    â€” Cet homme est un fidèle de Longueville et de Condé. Il a même prêté de l'argent au duc pour lever des troupes dans cette fameuse armée de dix mille hommes que Longueville avait promise aux Parisiens.
    Mazarin se tut un instant pour observer Le Tellier, mais le rude visage du

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