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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Condé avait pris Charenton pour empêcher le ravitaillement de la capitale. De là, il jetait ses prisonniers dans la Seine en crue qui inondait la ville. Comprenant qu'ils perdaient la partie, le prince de Conti, le coadjuteur et le duc de Beaufort avaient appelé l'Espagne à leur aide, tandis que les parlementaires, effrayés par ce désordre en train de les ruiner, avaient demandé à Mathieu Molé, leur président, de négocier un accord avec la Cour.
    La paix de Saint-Germain, signée en avril, reconnaissait les articles constitutionnels votés par les cours souveraines et accordait une amnistie aux rebelles. Lesquels avaient même obtenu avantages et récompenses en faisant allégeance.
    Seuls le duc de Beaufort et le coadjuteur Paul de Gondi refusèrent de se soumettre. Gondi jugeait même ne rien avoir à se faire pardonner, n'ayant agi, assurait-il, qu'au service du roi et pour l'intérêt de l'État. Mais comme ces deux-là restaient les maîtres de la populace parisienne, la Cour avait jugé prudent de ne pas revenir dans la capitale. Elle s'était alors transportée au château de Compiègne, prétextant ainsi être au plus près de l'armée qui combattait les Espagnols.
    Quant au prince de Condé, il s'imposerait en grand vainqueur de cette guerre civile puisqu'il avait sauvé le roi, la régente et Mazarin. Après la paix de Saint-Germain, il s'était réconcilié avec son frère Conti, sa sœur Longueville et les principaux princes rebelles. Désormais, il jugeait donc avoir tous les droits. Pour lui-même, il ne demandait rien sinon que le cardinal devienne un fidèle exécutant de ses ordres. Pour ses amis en revanche, il voulait tout.
    Au début du mois de mai, il avait donc exigé le gouvernement de Pont-de-l'Arche pour son beau-frère, le duc de Longueville, rangé du côté des frondeurs. Pont-de-l'Arche était le verrou qui gouvernait les passages sur la Seine entre Rouen et Paris. Or, Longueville avait été un rebelle et, déjà gouverneur de Normandie et grand bailli de Rouen et de Caen, sa formidable puissance inquiétait la Cour.
    La politique de Richelieu ayant toujours été de séparer les gouvernements des provinces, charges honorifiques et lucratives, des commandements des places fortes, confiés à des hommes sûrs, il y avait eu unanimité de la régente, de M. Le Tellier et de Mazarin contre cette décision. La tension remontait d'un cran.
    *
    Dans le château de Compiègne, le Conseil venait de se terminer. La régente et les ministres s'étaient retirés. Ne restaient dans la salle que Mazarin et Le Tellier. Le cardinal avait fait signe à son vieux compagnon – il avait connu Le Tellier en Italie – de demeurer encore un moment. Mazarin était en robe rouge, Le Tellier en robe noire, avec la croix de Saint-Louis sous son col.
    â€” Il sera bon de convaincre Sa Majesté de ne pas refuser ouvertement Pont-de-l'Arche à Longueville, fit suavement Mazarin.
    â€” Mais vous venez de dire le contraire, monseigneur ! s'étonna Le Tellier.
    Le cardinal retint un sourire. Décidément, ce pauvre Le Tellier, le vieux fidèle comme on le surnommait, ne comprenait jamais rien !
    â€” Il serait habile qu'il soit évident que Longueville ne mérite pas Pont-de-l'Arche. Que même Monsieur le Prince 7 soit de cette opinion. Ainsi Sa Majesté n'aurait rien à refuser.
    â€” Comment cela ? s'enquit Le Tellier qui ne devinait jamais à quel point Mazarin pouvait être retors.
    â€” Depuis que l'on me calomnie, expliqua Mazarin en forçant sur son accent italien, j'ai observé qu'il reste toujours traces des mensonges… Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, dit-on. Je souhaite que vous entendiez ce que Ondedei et Ganducci m'ont proposé.
    â€” Pourquoi pas… bougonna le ministre de la Guerre, toujours mal à l'aise quand les hommes de l'ombre du ministre venaient proposer leurs manigances.
    Mazarin agita une clochette et son secrétaire et maître de chambre, l'abbé Giuseppe Zongo Ondedei entra, suivi à quelques pas de Tomaso Ganducci, son gantier.
    *
    Le cardinal avait pour précepte qu'il était nécessaire d' avoir des informations sur tout le monde . Si Hugues de Lionne surveillait les réseaux d'espionnage étrangers, l'abbé

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