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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ministre n'exprimait rien, sinon une ombre de désaccord.
    â€” Continuez, Ondedei, fit-il avec un geste de la main.
    â€” Avec la suppression des intendants, la collecte de la taille a été désorganisée mais elle est à nouveau assurée par les trésoriers généraux. Pendant la Fronde, le parlement de Rouen a ordonné aux receveurs des généralités de Rouen et de Caen de limiter les convois, ou de garder les fonds par-devers eux, à cause des pilleries. Il n'y a donc pas eu de transports depuis neuf mois. Vous savez que la Normandie paye le quart des tailles du royaume, le versement à venir sera supérieur à deux millions.
    Le Tellier restait impassible.
    â€” Laissez-moi vous parler maintenant de ce Mondreville. J'ai envoyé quelqu'un se renseigner sur lui. Cupide, rapace, féroce et méchant, il est détesté par la population. C'est un homme réputé impie et sans morale. Seigneur haut justicier, il rapine les plus faibles en exigeant des amendes injustifiées. Son fils est pire encore. Il outrage les filles qui se refusent à lui et a enlevé une bourgeoise qu'il a déshonorée. Cela s'est passé pendant les troubles et son père a fait étouffer l'affaire. Depuis, il promène son arrogance dans le pays de Mondreville et Tilly, où il fait régner la terreur parmi ceux qui lui résistent.
    â€” Un coquin comme il y en a tant, hélas ! gronda Le Tellier. La paix revenue, je m'occuperai de tous ces gens !
    â€” Pour l'instant, il peut nous servir. Imaginez, monsieur, qu'une nouvelle tentative de vol des tailles survienne, que Mondreville soit compromis et mis en cause au Parlement. Cela n'étonnerait personne et en soulagerait beaucoup. Or, tout le monde sait que monsieur de Longueville manque cruellement d'argent. Il a encore réclamé huit cent mille livres sur les deniers de la Couronne pour ses frais d'ambassade à Munster, et en veut trois mille de plus pour des fortifications qu'il aurait faites. Quelqu'un pourrait alors sortir les mémoires de Balthazar Nardi, laisser entendre que Longueville est derrière Mondreville, comme Concini, lui aussi gouverneur de Normandie, se cachait déjà derrière l'autre Mondreville. Le scandale serait immense, et tout le monde approuverait que le duc n'obtienne pas Pont-de-l'Arche.
    Tous les regards convergèrent vers Le Tellier qui resta impassible. Le silence tomba dans la salle. Finalement, le ministre se leva.
    â€” Monseigneur, je suis désolé, mais cette affaire me déplaît souverainement. Il y a bien trop d'incertitudes. Je ne vois pas comment Mondreville envisagerait de voler les tailles, ce qui par ailleurs me paraît fort dangereux. Vous allez devoir mettre des gens dans la confidence du transport des recettes des tailles et imaginez qu'ils les volent vraiment ! De plus, comment être certain que cette machination ne sera pas découverte ? Ce serait une catastrophe pour la Couronne ! Je ne veux pas y être impliqué.
    â€” Vous avez raison, monsieur, intervint Ondedei obséquieusement, mais j'ai une grande expérience de ce genre d'entreprise. Je dispose autour de moi de gens sûrs et talentueux. Monseigneur n'a jamais été déçu.
    â€” C'est non ! trancha sèchement le ministre en se dirigeant vers la porte.
    Il sortit et Mazarin grimaça un sourire.
    â€” Avez-vous des hommes capables de conduire cette affaire ? demanda-t-il à Ondedei. Le Tellier parle juste, mais nous ne renoncerons pas pour autant. Tout juste ne devons-nous apparaître ni de près ni de loin.
    â€” Tomaso a déjà une petite idée, fit Ondedei en suggérant au gantier de parler.
    â€” Comme vous le savez, monseigneur, après l'affaire Charles de Bresche 9 , j'ai ouvert une autre boutique de gants et de parfums, rue du Pas-de-la-Mule, pour mieux sentir l'air de Paris, fit Tomaso Ganducci en lissant sa petite barbe carrée. Un commis la tient. À la Fosse aux Lyons , le cabaret voisin, j'ai rencontré trois pendards venant de Bordeaux. Ayant plusieurs fois parlé avec eux, ils m'ont paru convenir à notre entreprise. Voulez-vous que je vous les présente ?
    Mazarin opina.
    â€” Le premier se nomme Canto et se dit seigneur de La Cornette. C'est un Béarnais ancien commis chez monsieur de La Rallière 10 . Chargé du recouvrement de la

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