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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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PAVILLON D’EN FACE
    P endant que d’Assas, dans le pavillon de gauche, soupait, s’étonnait, dormait et rêvait, une scène d’un tout autre genre se passait dans le pavillon de droite qui semblait si désert. La disposition de ce pavillon était identiquement la même que dans celui qu’occupait d’Assas : une entrée, trois pièces… Seulement, ces trois pièces, et surtout la chambre à coucher, avaient une apparence plus féminine, avec plus de bibelots d’art, des meubles plus délicats, des tapis plus épais, des rideaux de soie plus lourds et plus gracieux à la fois.
    Et en effet, ce pavillon était habité par une femme.
    Et cette femme, c’était Juliette Bécu, celle-là même que du Barry avait audacieusement présentée au bal de l’Hôtel de Ville comme la comtesse du Barry.
    Dans le petit salon, deux personnages étaient assis et se livraient à un entretien qui devait être des plus intéressants, à en juger par l’animation de leurs traits.
    C’étaient le comte très authentique et la fausse comtesse.
    Juliette Bécu semblait inquiète.
    Du Barry cherchait à calmer ses inquiétudes.
    – Mais enfin, reprenait la fille galante, continuant une conversation commencée, que veut-il ?… Si le roi est amoureux de cette petite mijaurée, que puis-je y faire ?…
    – Ecoutez, ma chère, répondit du Barry. Je vais vous exposer le plan de celui qui est en ce moment notre maître à tous deux et auquel nous devons obéir… Ce plan est simple et génial : M me  d’Etioles se trouve dans une maison… tenez, supposez que ce soit le pavillon qui se trouve en face et que vous avez vu en entrant.
    – Il est inhabité…
    – C’est vrai. Mais supposez un instant qu’il soit habité, et qu’il le soit précisément par M me  d’Etioles… Vous comprenez ?… Vous ici… M me  d’Etioles en face… Je continue mes suppositions : par suite de combinaisons qui vous seront expliquées, un beau soir M me  d’Etioles vient prendre votre place…
    – Ici ? fit Juliette.
    – Oui, ici. Or, en même temps, vous prenez la sienne… En d’autres termes, vous vous trouvez habiter tout à coup la maison qu’habite M me  d’Etioles. Et M me  d’Etioles se trouve habiter la vôtre. Est-ce clair ?
    – J’entends. Mais après ?…
    – Vous ne comprenez pas ?…
    – Que voulez-vous, mon cher, depuis quelque temps, je vis dans le pays des énigmes.
    – C’est pourtant simple…
    – Et génial, vous l’avez dit !…
    – Eh bien ! supposons qu’un soir, par une nuit sombre, le roi de France, qui aura enfin reçu un mot de M me  d’Etioles l’appelant près d’elle, supposons, dis-je, que Louis se mette en route pour se rendre chez M me  d’Etioles… Il arrive, il entre, il trouve les lumières éteintes parce que la pudeur de la pauvre enfant se révolte… et il tombe dans les bras d’une femme qui se trouve être…
    – Juliette Bécu, comtesse du Barry !… Admirable !…
    – N’est ce pas ? Alors, dame, si le roi s’aperçoit de la substitution, c’est à vous de ne pas la lui faire regretter…
    – Je m’en charge ! s’écria résolument la fille galante. Mais que devient pendant ce temps la petite d’Etioles ?
    – Je vous l’ai dit : elle a pris ici votre place. Et alors il se trouve que le pavillon d’en face est soudain habité par un galant qui adore cette charmante enfant, qui entre ici, qui aperçoit son idole, tombe à ses pieds pendant que le roi tombe aux vôtres, et lui prouve que la jeunesse et l’amour valent bien la royauté, tandis que vous prouvez à Louis qu’en amour erreur peut faire compte…
    – Mon cher, fit Juliette, ce n’est pas génial : c’est sublime !
    – Plus que vous ne pensez !… Car voyez si tout a été prévu, combiné, arrangé… Supposez que ce galant dont je vous ai parlé…
    – Celui qui tombe aux pieds de la petite mijaurée…
    – Oui. Eh bien ! supposez que ce galant ait gravement insulté un honnête homme… comme moi, par exemple. Le galant entre ici, fait un rêve somptueux, s’enivre d’amour pendant huit, dix, quinze jours… Moi, je suppose que c’est moi l’honnête homme insulté, – moi, pendant ce temps, j’attends avec cette impatience que vous me connaissez. Et quand mon galant sort enfin, je lui mets la main à l’épaule et je lui dis : A nous deux, d’Assas !…
    – Ah ! il s’appelle d’Assas ?…
    – Oui ! fit du Barry en éclatant de

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