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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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avertir M. Palenier de votre arrivée, annonça le gardien avant de se retirer.
    Margont ne savait presque rien de ce Palenier. Il lui en voulait et c’était réciproque, car Palenier considérait que c’était lui, Margont, qui avait fait échouer l’arrestation des membres dirigeants des Épées du Roi, et il s’employait à en convaincre Joseph !
    — J’aimerais que nous fassions le point, insista Lefîne pour la quatrième fois.
    Enfin, Margont l’entendit.
    — Oui, bien sûr... Tout s’est brutalement éclairé...
    — Éclairé, je ne sais pas, mais brutalement, ça oui, pour sûr !
    — Reprenons dans l’ordre... C’est quand ils m’ont volé la lettre de Joseph que j’ai compris que Louis de Leaume et les siens allaient tenter d’assassiner l’Empereur. Il y a aussi le curare, et nous savons que l’homme qui l’a employé est certainement un membre des Épées du Roi. Ils ont dû se donner bien du mal afin d’obtenir une substance aussi rare. Pour empoisonner quelqu’un, en France, on dispose de bien d’autres produits. Quelle est la raison qui les empêche d’employer l’arsenic ? Ou le cyanure ? J’ai alors songé que les très hauts personnages ont des goûteurs et des hommes de confiance qui surveillent la préparation de leurs plats. De plus, le véritable objectif des Épées du Roi est d’une telle importance que les Alliés ont accepté de les aider à se procurer du curare. Même s’il est possible que cela n’ait été qu’officieux et que les Épées du Roi aient dû payer des intermédiaires, ces royalistes ont forcément bénéficié du concours de certains Portugais et peut-être aussi des Anglais, qui ont des liens privilégiés avec les Portugais depuis que ceux-ci ont transplanté leur Cour au Brésil.
    Il se passa les mains dans les cheveux, une vieille habitude.
    — Voilà ce que je pense. D’abord, Charles de Varencourt s’est mis à informer la police, mais il jouait un double jeu, il agissait avec l’accord des autres membres du comité directeur ! Ensuite, l’un d’entre eux, j’ignore pour l’instant lequel, a assassiné le colonel Berle et a laissé l’emblème du groupe. Leur but était de déclencher une enquête, car ils se doutaient qu’elle serait menée par un agent d’une police secrète, comme c’est souvent le cas dès qu’un meurtre est lié à des motifs politiques et militaires. Varencourt est bien sûr devenu l’un des interlocuteurs de cet enquêteur. Ils n’avaient pas prévu que j’exigerais de Varencourt qu’il me fasse admettre comme membre. Mais ils ont réussi à adapter leur plan. Ils ont accepté de prendre des risques pour endormir ma méfiance : ils m’ont rencontré – tous les meneurs ont été obligés de se présenter à moi, puisque je les ai forcés à m’admettre au sein même du comité directeur –, ils se sont rendus à mon imprimerie... Quand nous avions rendez-vous, Varencourt devait évaluer mon état d’esprit, essayer de déterminer si j’allais conseiller à Joseph de tenter une arrestation générale ou pas. Il était contraint de donner des informations véridiques sur les membres dirigeants, car, s’il avait raconté n’importe quoi, les agents de Joseph auraient vu que ses renseignements ne concordaient pas avec ce qu’eux-mêmes savaient. Tout cela pour obtenir la lettre que m’avait remise Joseph ! On n’approche pas Napoléon comme cela. Mais si quelqu’un se fait passer pour un membre de la police secrète de Joseph, s’il est manifestement au courant de l’enquête dont il parle, s’il présente une lettre signée de Joseph I er , le propre frère de l’Empereur... alors on le laissera s’approcher de Napoléon, après l’avoir fouillé. Et quel garde remarquera une aiguille glissée dans une poche ? Or Jean-Quenin me certifie qu’une simple piqûre de curare est fatale en quelques secondes...
    Lefine se pénétrait peu à peu de cette idée.
    — Alors l’un d’eux va vraiment essayer d’assassiner l’Empereur...
    — Non ! Je vais essayer d’assassiner l’Empereur ! C’est mon nom qui est écrit sur cette lettre : major Quentin Margont !
    Il était si furieux qu’il semblait sur le point de déchiqueter le monde, faute de pouvoir déchirer ce maudit papier. Lefine n’était pas encore convaincu, tel un saint Thomas réclamant plus de preuves.
    — Mais pourquoi les brûlures ? Pourquoi tuer l’envoyé du Tsar ?
    Margont brandit le bouton

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