Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
chevalier porteur d’armes également vermeilles. » Du coup, Guenièvre apostropha vivement Gauvain : « Par la foi que tu dois à ton roi, Gauvain, dis-moi la vérité. Le chevalier aux armes vermeilles était-il Lancelot ? Si tu sais quelque chose à ce sujet, confie-le-moi, je t’en prie. – Dame, ronchonna Gauvain, je ne saurais rien te cacher. À la vérité, je puis t’affirmer que c’était Lancelot en personne qui portait des armes vermeilles et une manche sur son heaume. »
    Sans souffler mot, la reine sortit de la salle et regagna sa chambre, le cœur si lourd que, sitôt seule, elle se mit à pleurer. Accablée de douleur, elle se disait en elle-même : « Ah ! Dieu ! il m’a odieusement trompée, celui dont j’aurais juré le cœur fidèle et loyal, celui pour qui je suis allée jusqu’à déshonorer mon époux, le meilleur roi qui soit au monde ! Hélas ! Qui pourra désormais se fier à la loyauté d’aucun chevalier quand la déloyauté s’est logée au cœur même du meilleur d’entre les plus braves ? »
    Le lendemain, vers le milieu du jour, arrivèrent de Caerwynt Bohort, Lionel et Hector avec leurs compagnons. Quand ils furent entrés dans la maison du roi, où ils résidaient toujours durant leurs séjours à la cour, Hector demanda aux gens restés près de la reine des nouvelles de Lancelot qu’ils avaient laissé malade à Kamaalot, lors de leur départ pour le tournoi. « Seigneur, lui répondit-on, il est parti le lendemain du jour où vous avez pris la route, n’emmenant que son écuyer. Depuis lors, nous ne l’avons pas revu et n’en avons appris nulle nouvelle. »
    Lorsque la reine Guenièvre apprit que le frère de Lancelot et ses deux cousins étaient revenus à la cour, elle manda Bohort et lui demanda s’il avait assisté au tournoi. « Certes, répondit-il, et j’y ai même participé ! – Y as-tu vu ton cousin Lancelot ? – Non, reine, et je puis t’assurer qu’il n’y était pas. » La colère empourpra Guenièvre. « Et moi, dit-elle, je t’affirme qu’il y était ! Il portait des armes vermeilles de couleur unie, et une manche de dame ou de demoiselle flottait sur son heaume. Et c’est lui qu’on a proclamé vainqueur du tournoi. » Bohort fut d’autant plus décontenancé qu’il ne s’attendait certes pas à cette brutale révélation. « Par ma foi ! s’exclama-t-il, Dieu me préserve que celui-là fût mon cousin, car l’homme dont tu me parles a quitté le tournoi vilainement blessé d’une plaie que je lui ai faite au côté en joutant ! » La reine, alors, ne put réprimer un accès de fureur. « Eh bien ! s’écria-t-elle, il est bien dommage que tu ne l’aies pas tué, car il s’est comporté envers moi avec tant de déloyauté que je ne pourrai jamais lui pardonner ! – Comment cela ? » s’ébahit Bohort. Elle lui expliqua en détail ce qu’elle imaginait.
    Bohort était de plus en plus embarrassé. « Reine, dit-il, ne va pas croire qu’il en soit comme tu le penses avant de savoir là-dessus la vérité pleine et entière. Je connais bien Lancelot. Il est impossible qu’il t’ait trompée de cette manière. – C’est pourtant ce qu’il a fait ! s’emporta Guenièvre, j’en suis convaincue. Sauf si quelque dame ou quelque demoiselle a surpris sa foi par un philtre ou par un sortilège, je puis t’affirmer que lui et moi ne serons plus jamais en bons termes. Et s’il advenait qu’il revînt à la cour, je lui défendrais l’accès de la maison du roi et lui interdirais de remettre les pieds ici ! – Dame, tu agiras comme bon te semble, mais je suis persuadé, moi, que jamais Lancelot ne s’est rendu coupable d’une si noire forfaiture. – L’heure n’est plus aux conjectures ! rétorqua la reine, au comble de la fureur, les preuves sont formelles, et tu m’en vois navrée ! » Bohort prit congé de Guenièvre sans insister car, tout innocent qu’il croyait son cousin, force lui était d’admettre que la reine refuserait d’entendre raison. Durant toute cette semaine ainsi que la suivante, Bohort demeura chez le roi Arthur avec Lionel et Hector. Tous trois étaient fort affligés de l’état de Guenièvre qui passait sans cesse de la rage à la prostration. Au surplus, on fut tout ce temps sans nouvelles de Lancelot. Nul ne l’avait vu ni même aperçu, de près ni de loin, et le roi Arthur commençait à s’en alarmer.
    Un soir qu’il devisait avec Gauvain à l’une

Weitere Kostenlose Bücher