La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
désobéi à Odin ; sa punition sera de se voir imposer un
sommeil qui ne cessera que lorsqu’un homme la réveillera. Elle supplie Odin de
lui accorder une faveur : que l’homme qui viendra à elle possède un cœur
ignorant la crainte. Odin entoure sa couche d’un brasier que seul un héros
osera braver. Sigurd, le fils de Sigmund, sera celui-là. Il force son cheval à
traverser les flammes et il réveille Brynhild qui se donne à lui avec joie, car
il a montré sa valeur en l’approchant. Quelques jours plus tard, il la quitte,
la laissant au cœur du même cercle embrasé.
Sigurd s’en va chez les Giukungs où il échange un serment de
fraternité avec leur Roi, Gunnar. La mère de Gunnar, Griemhild, voudrait que
Sigurd épouse sa fille Gudrun ; elle donne à Sigurd un philtre magique qui
lui fait oublier Brynhild ; il épouse Gudrun puis, grâce au pouvoir
magique de Griemhild, il prend l’apparence de Gunnar et brave à nouveau les
flammes pour conquérir Brynhild, mais cette fois au profit de Gunnar, lequel
est un héros trop déficient pour y parvenir lui-même. Sigurd passe trois nuits
avec Brynhild, mais il dépose son épée entre eux deux, sur le lit. Brynhild
revient avec lui chez les Giukungs où Sigurd reprend sa propre forme, mais à
l’insu de Brynhild. Celle-ci épouse Gunnar ; elle est persuadée que Sigurd
lui a été infidèle et que Gunnar a traversé les flammes pour venir jusqu’à
elle. Au cours d’une querelle avec Gudrun, elle apprend la vérité et dès lors
prépare sa vengeance. Elle dit à Gunnar que Sigurd a trahi le serment qu’il lui
avait fait, qu’il l’a vraiment aimée au cours de ces trois nuits pendant
lesquelles il avait prétendu avoir placé son épée entre leurs deux corps et
qu’elle le quittera, lui, Gunnar, à moins qu’il ne tue Sigurd. Gunnar ne peut
lui-même tuer Sigurd à cause de ce serment de fraternité qu’ils ont autrefois
échangé, mais il persuade son jeune frère d’égorger Sigurd pendant son sommeil,
et Gudrun se réveille inondée du sang de son mari.
Alors Brynhild rit
Mais seulement une fois, de tout son cœur,
En entendant les cris déchirants de Gudrun.
Mais bien qu’elle ait causé sa mort, ou peut-être à cause de
cela, elle ne veut plus vivre maintenant que Sigurd n’est plus. Elle dit à son
mari :
Je n’en ai aimé qu’un seul
Jamais mon cœur n’a varié.
Elle lui dit alors que Sigurd n’a pas trahi son serment
lorsqu’il traversa le cercle enflammé pour la donner à Gunnar :
Dans un seul lit nous avons dormi
Comme s’il était mon frère.
Les hommes et les femmes viennent au monde
Dans la peine toujours, une peine toujours trop
longue.
Elle se tue, après avoir demandé que son corps soit déposé à
côté de celui de Sigurd sur le bûcher funéraire.
Près du cadavre de Sigurd, Gudrun veille en silence. Elle ne
peut parler ; elle ne peut pleurer. Ils craignent tous que son cœur se
brise si elle ne trouve un réconfort et l’une après l’autre, les femmes lui
disent leurs propres peines.
La peine la plus amère que chacune ait jamais subie.
Mari, filles, sœurs, frères, dit l’une, tous me furent
enlevés et moi je vis encore.
Mais malgré sa douleur, Gudrun ne pleurait pas,
Tant son cœur était de pierre aux côtés du héros
mort.
Mes sept fils sont tombés dans le pays du Sud, dit une
autre, et mon mari aussi, tous les huit dans une bataille. De mes mains, j’ai
préparé leurs corps pour la tombe. Une demi-année a passé depuis, et personne
n’est venu me consoler.
Mais malgré sa douleur, Gudrun ne pleurait pas,
Tant son cœur était de pierre, aux côtés du
héros mort.
Alors l’une d’elle, plus avisée que les autres, soulève le
linceul du mort.
… Elle déposa
Sa tête tant aimée sur les genoux de sa femme.
« Regarde celui que tu aimais et presse
tes lèvres
Sur les siennes comme s’il vivait
encore. »
Gudrun n’eut qu’un regard.
Elle vit ces cheveux raidis par le sang,
Ces yeux aveugles jadis si brillants,
Alors elle se pencha et inclina la tête
Et ses larmes ruisselèrent comme des gouttes de
pluie.
Tels sont les antiques contes nordiques. L’homme naît pour
la souffrance comme les hirondelles pour voler. Vivre est souffrir, et la seule
solution du problème de la vie est de souffrir avec courage. Sigurd, en allant
vers Brynhild pour la première fois, rencontra un homme sage et lui demanda
quel serait son destin.
Ne me cache rien, si
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