La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

du
monde ne fut plus que futilité, car elle refusa de pleurer. « Vous
n’obtiendrez de moi que des larmes sèches », dit-elle, moqueuse.
« Balder ne m’a fait aucun bien et je ne lui en ferai aucun. » Et
Hela garda son mort.
    Loki fut puni. Les dieux se saisirent de lui et
l’enchaînèrent dans une caverne profonde. Un serpent fut placé au-dessus de sa
tête, afin que son venin retombât sur le visage de Loki, lui causant une
souffrance intolérable. Mais sa femme, Sigyn, vint à son aide. Elle se tint à
ses côtés et recueillit le venin dans une coupe. Même alors, chaque fois qu’il
lui fallait vider la coupe et que le venin coulait à nouveau sur lui ne fut-ce
qu’un moment, sa souffrance était si intense que ses convulsions en secouaient
toute la terre.
    Des trois autres grands dieux Thor était celui du
tonnerre, et le jeudi lui était consacré ; il était le plus fort des
Aesir ; Freyr prenait soin des fruits de la terre ; Heimdall était le gardien de Bifröst, le pont arc-en-ciel qui menait à Asgard ; Tyr était le dieu de la Guerre et le mardi était son jour consacré. { Jeudi, en anglais, se dit Thursday, jour de Thor ;
mardi se dit Tuesday, autrefois Tyrsday, jour de Tyr ; et vendredi,
Friday, jour de Freya }
    Les déesses avaient moins d’importance à Asgard que dans
l’Olympe. Aucune déesse nordique ne peut rivaliser avec Athéna et deux d’entre
elles seulement ont une certaine notoriété. Frigga, la femme d’Odin, était fort
sage, disait-on, mais elle était aussi très silencieuse et ne communiquait sa
science à personne, fut-ce à Odin. C’est une figure vague, souvent dépeinte à
son rouet ; les fils qu’elle dévide sont d’or mais on ignore pourquoi elle
les file.
    Freya était la déesse de l’Amour et de la Beauté,
mais – et selon nos idées, le fait paraît étrange – la moitié de ceux qui
succombaient au cours d’une bataille lui appartenaient. Les Valkyries ne
pouvaient emporter que l’autre moitié dans le Valhalla. Freya elle-même se
rendait sur le champ de bataille et réclamait ses morts, et pour les poètes
nordiques, ce rôle convenait tout naturellement à la déesse de l’Amour. Le
vendredi* passe pour lui avoir été consacré.
    Mais il existait un empire qui ne dépendait que de la seule
toute puissance d’une déesse. Le Royaume de la Mort appartenait à Hela. Aucun
dieu n’y avait autorité, pas même Odin. Asgard la Dorée était aux dieux, le
glorieux Valhalla aux héros, Midgard était le champ de bataille des hommes et
les femmes n’y avaient pas place. Gudrun, dit dans l’Ancienne Edda  :
    La férocité des hommes gouverne le destin des femmes.
     
La création
    Dans l’Ancienne Edda ,
une Femme Sage dit ceci :
    Autrefois, il n’y avait rien,
    Ni sable, ni mer, ni vagues froides.
    Ni terre, ni ciel non plus.
    Seul existait l’abîme béant.
    Le soleil ne connaissait pas sa demeure
    Et la lune ignorait son royaume.
    Les étoiles n’avaient pas trouvé leur place.
    Mais pour vertigineux qu’il fut, l’abîme avait des limites.
Tout au nord se trouvait Niflheim, l’empire glacé des morts, et bien loin au
sud se situait Muspelheim , le pays du feu. De Niflheim, douze rivières
déversaient leurs eaux dans l’abîme : là, elles se gelaient et lentement
le remplissaient de glace. De Muspelheim venaient des nuages brûlants qui
transformaient la glace en brouillards. Des gouttes d’eau tombaient de ce
brouillard et de ces gouttes naquirent les filles du Gel et Ymir , le
premier Géant. Son fils fut le père d’Odin, dont la mère et la femme étaient
filles du Gel.
    Odin et ses deux frères tuèrent Ymir. Ils firent de lui le
ciel et la terre : la mer de son sang, la terre de son corps, les cieux de
son crâne. À Muspelheim, ils prirent des étincelles et les placèrent dans le
ciel où elles devinrent le soleil, la lune et les étoiles. La terre était ronde
et encerclée par la mer. Un grand mur bâti par les dieux avec les sourcils
d’Ymir défendait le lieu où l’humanité allait vivre. L’espace intérieur se
nommait Midgard. Ici, le premier homme et la première femme furent créés à
l’aide d’arbres, un frêne pour l’homme, un bouleau pour la femme. Ils furent
les parents de toute l’humanité. Il y avait encore, dans le monde, des Nains – créatures fort laides mais remarquablement adroites – qui vivaient sous la
terre, et des Elfes , lutins ravissants qui prenaient soin des fleurs