Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
n’avaient pas mentionné. Baletti et Mary s’étaient aimés. Même si sa mère avait construit ses rêves avec Corneille, ce lien avait défié le temps.
    Il avait rappelé ses hommes, refusant leurs questions jusqu’à ce que le Maria soit rendu à la liberté. Là, il avait fait mettre les voiles et, tandis que le capitaine Calvi l’imitait, il avait expliqué à son équipage que le marquis avait sauvé Mary autrefois à Venise et qu’à ce titre il lui devait le respect. L’honneur était sacré chez les pirates. Il ne s’en trouva pas un pour s’y opposer.
     
    Demeurée seule avec lui sur le Maria, Mary avait suivi Baletti dans l’escalier. Il avait voulu remettre son masque pour ne pas l’indisposer. Elle l’en avait empêché.
    — Je veux te voir tel que tu es.
    Il n’avait rien répondu et avait ouvert la porte pour la faire entrer dans sa cabine.
    Celle-ci était sobre. La flûte était un grand navire hollandais de trois mâts, conçu spécialement pour le commerce. Le confort y était précaire et Baletti s’en excusa, tamisant le jour qui entrait par les larges fenêtres du gaillard d’arrière. C’était une élégante manière de se masquer.
    — Veux-tu boire quelque chose ? J’ai la gorge sèche. L’émotion de cette rencontre. Inattendue. Inespérée, ajouta-t-il. Porto ?
    Elle hocha la tête. Il y avait longtemps qu’elle n’en avait pas goûté. Il lui en tendit un verre. Brusquement, l’un et l’autre se trouvèrent gênés de cette promiscuité, de ce temps qui avait passé. Seize années.
    — Pardonne-moi, s’excusa-t-elle. Je me sens un peu stupide et gauche. Je ne sais quoi te dire.
    — Tu as déjà tout dit, Maria, sourit tristement Baletti en s’approchant d’elle. Tu as tout justifié en te jetant dans mes bras malgré cette apparence monstrueuse.
    — Elle ne m’effraie que par les tourments que je devine derrière.
    Pour l’en convaincre, elle passa un doigt sur la boursouflure de sa joue. Il n’était que tendresse. Elle ne s’expliquait pas pourquoi elle avait été bouleversée autant tout à l’heure. Elle se souvenait de s’être vite résignée à la perte de Baletti, l’oubliant dans les bras de
    Corneille. Était-ce la mort de ce dernier qui l’avait rendue si vulnérable et fragile ? Ou son apparition fantomatique qui l’avait renvoyée à ces images, à cette douleur qu’elle avait refusée alors à Venise, pour ne pas souffrir de l’absence.
    — Comment as-tu pu sortir de ce brasier ? demanda-t-elle. Ton cri est demeuré dans ma mémoire, même si la torture qu’Emma m’a imposée l’a piétiné.
    — Emma t’a torturée ?
    — Dans les geôles de Venise. Jusqu’à ce que Cork et Corneille me délivrent. C’est en me ramenant sur le navire de Forbin que Cork est tombé.
    Mary soupira et se laissa glisser dans un fauteuil.
    — Tout cela est si loin, marquis. Je t’ai cru perdu. Je ne voulais plus entendre parler ni d’Emma ni du trésor. Je voulais seulement retrouver mon fils et revivre. Corneille m’y a aidée.
    — Où est-il ?
    — Mort. Il a été pris par des corsaires, il y a quelques mois. Junior et moi avons continué. Mais laissons cela, dit-elle en chassant ces images d’une main lasse. Je te parle de moi quand toi seul devrais compter. J’ai changé, marquis. Je ne suis plus celle de Venise. Je suis une femme pirate, aujourd’hui, bien éloignée de celle que tu as aimée.
    — Je ne crois pas, non. Ton regard est le même, Mary. Il sait toujours voir au-delà des apparences. Tu aimes la liberté et la mer. Je le savais. Je l’ai toujours su. Il m’a s uffi de rencontrer Corneille à Venise pour le comprendre. Je ne t’aurais pas privée de cela. Je voulais t’aider à te construire, pas t’aliéner.
    Elle eut un triste sourire.
    — Comment as-tu survécu ? demanda-t-elle.
    — Cork m’a récupéré dans le souterrain. Les moines me l’ont dit à mon réveil.
    — Cork t’a récupéré, répéta-telle.
    Elle ferma les yeux sur une évidence.
    — Alors Corneille savait. Il savait forcément. Il ne m’a rien dit, marquis.
    — Il t’aimait. Autant que moi. Autant que Forbin aussi.
    Mary fouilla ce regard. Cela aurait-il changé quelque chose à son destin si Corneille lui avait révélé la vérité ? Serait-elle restée auprès de Baletti plutôt que de le suivre ? Elle l’ignorait. Ce qui devait être avait été.
    — J’ai mis presque dix années à me remettre tout à

Weitere Kostenlose Bücher