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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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soirée chez le gouverneur, était tombé sous le charme d’Ann.
    Il avait cru qu’Emma avait déjoué cette nouvelle manigance, mais elle était dans tous ses états, martelant le plancher marqueté de ses talons.
    — Si vous me mentez, Cormac, je jure que cette fois je n’aurai aucune pitié !
    — Je ne vous mens pas. Si vous êtes étrangère à sa disparition, alors il faut croire qu’Ann n’a eu besoin de personne pour s’évader du couvent. Je suis sans nouvelles d’elle. Et, voulez-vous que je vous dise, j’espère ne pas en avoir.
    Emma s’immobilisa, livide.
    — Et pourquoi donc ?
    — Parce que cela voudra dire que ma fille a retrouvé sa mémoire et repris sa liberté. Quoi qu’il m’en coûte de la perdre, j’aime mieux cela que de la savoir à vos côtés.
    — Je vous fais surveiller, Cormac, vociféra-t-elle. Pas un seul de vos gestes, de vos déplacements, de vos visites ne m’échappera. Tôt ou tard, Ann se manifestera et, cette fois, vous paierez pour tous vos affronts. Tous, vous entendez ? Jusqu’au dernier.
    Il hocha la tête. Ann ne reviendrait pas. Il n’avait qu’un moyen de la sortir définitivement des griffes d’Emma de Mortefontaine. Il aimait assez sa fille pour juger que cette extrémité valait mieux que l’esclavage auquel on la destinait. A peine Emma partie, il se pencha sur son écritoire pour rédiger un courrier à son notaire. Avant longtemps, tous à Charleston sauraient qu’il avait déshérité Ann. Ce serait bien le diable si sa fille n’en était pas informée et suffisamment vexée pour le fuir. Loin, très loin.
    Emma entra dans une colère noire en l’apprenant et ordonna à Gabriel de la débarrasser une fois pour toutes de Cormac.
    Celui-ci, occupé à se curer les dents avec une aiguille d’os de poularde, ses bottes sur la table, la toisa d’un regard condescendant.
    — L’éliminer te condamnerait, et moi de même. Je ne suis pas stupide, Emma. Cormac n’est pas dangereux, juste gênant. Qu’il s’agite. Nous retrouverons Ann malgré lui.
    — Je veux qu’il meure et qu’il souffre, lança-t-elle. Il m’a suffisamment humiliée.
    — Tu n’auras pas ce plaisir, persifla Gabriel.
    Emma serra les dents et les poings sur sa colère. Elle lui offrit un sourire hypocrite en se disant qu’un jour ou l’autre, si Ann revenait dans sa vie, elle briserait cette dépendance et immolerait son bourreau sans aucune pitié.
     
    *
     
    En une fraction de seconde, sur le pont du Maria, tout avait basculé.
    Le capitaine Calvi avait rejoint Junior, occupé à transborder la cargaison.
    — Je crois, capitaine Olgersen, que vous devriez regarder là-haut, avait glissé le Vénitien avec un sourire énigmatique.
    Inquiet de quelque traîtrise, Junior s’était retourné vers la dunette pour découvrir avec effarement sa mère enlacée par cet homme, dont le masque était tombé.
    Il s’était aussitôt imaginé le pire. Un nouveau malaise, un coup d’épée ou de poignard. Quelque chose qui explique que sa mère soit ainsi effondrée dans ses bras. Il s’était précipité, l’arme au poing, en hurlant :
    — Maman !
    Elle s’était alors dégagée et retournée, et il avait baissé le pistolet pointé vers l’inconnu. Larmes et sourire se mélangeaient sur le visage de Mary.
    — Junior, je te présente le marquis de Baletti, avait-elle murmuré simplement.
    — Cornes du diable ! avait juré Junior, stupéfait. Mais vous étiez mort, il me semble !
    — Je l’étais, avait répondu le marquis comme Mary s’écartait. Je l’étais, mon garçon, mais je viens de ressusciter.
    Junior était demeuré la bouche ouverte, son arme ballante à sa main retombée. Une fraction de seconde. Non, pas davantage. Puis son visage s’était éclairé. Il s’était rué vers la rambarde, avait saisi le porte-voix et hurlé à l’attention de son équipage :
    — Cessez le chargement jusqu’à nouvel ordre !
    Puis il s’était dressé devant Baletti.
    — Je suppose, marquis, que vous êtes prêt à collaborer.
    — Collaborer, non. Vous suivre, oui. Où Mary le décidera. Nous avons, je crois, beaucoup à nous raconter.
    — Mary ?
    — Cap sur la Tortue, avait-elle annoncé. Je reste à son bord. Regagne le tien.
    Junior avait seulement hoché la tête. Même si tout cela lui avait semblé précipité, il avait compris. Compris dans le regard de sa mère ce que toutes les lettres que Forbin lui avait lues autrefois

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