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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qu’il l’avait fait pour elle jadis. S’il n’était plus le conteur léger, le bienfaiteur idéaliste qu’elle avait connu, il n’en demeurait pas moins d’un esprit vif et leurs échanges avaient très vite retrouvé la verve d’autrefois. Lorsqu’il prenait son violon, Mary fermait les yeux et les images de Venise et du Bay Daniel se mêlaient. Baletti et Christophe Raymond. Tous deux avaient su parler à son âme. Elle s’était sentie sereine.
    Jusqu’à ce que la vigie signale cette voile à l’horizon.
    — Ils se rapprochent, lança-t-elle.
    Les îlots étaient en vue mais n’offraient aucune crique pour se cacher.
    Elle secoua la tête, les dents serrées. Elle ne craignait pas pour elle, mais pour lui. Corneille lui avait prouvé qu’on pouvait se battre malgré son handicap, mais elle n’était pas persuadée que Baletti en soit capable.
    L’idée de le perdre alors qu’elle venait à peine de le revoir voila un instant son regard. Elle la rejeta avec violence. Depuis sa fausse couche et la mort de Corneille, elle réagissait exagérément aux émotions. Elle s’ébroua de cette faiblesse comme un oiseau aux plumes gorgées de pluie. Elle était lady pirate, que diable ! Et avait passé l’âge des émois de jouvencelle !
    Elle inspira une large goulée d’air pour retrouver sa vindicte. Ce ne serait pas la première fois qu’elle se battrait pour deux.
    — Tous à vos postes ! Attendez qu’ils soient à bord pour sortir vos armes. Seule la surprise nous permettra de vaincre. Pas de quartier, messieurs, ajouta-t-elle après avoir rassemblé l’équipage. Ce brigantin serait parfait pour achever notre course.
    Un murmure d’approbation déferla sur le navire. Mary savait pouvoir compter sur ses hommes. Les marins vénitiens vendraient chèrement leur peau, mais elle ne les avait jamais vus au combat. Il faudrait faire avec.
    Lorsqu’elle s’en revint à son poste de barreur, en délogeant Calvi, elle savait qu’il ne servirait plus à rien de fuir et de risquer une canonnade. Baletti se présenta devant elle, débarrassé de sa cape et de son masque. Deux pistolets étaient piqués à sa ceinture, un sabre battait sa cuisse et son visage marquait une détermination farouche.
    — Faites tomber les voiles et mettre en panne, capitaine, ordonna simplement Mary. Nous lutterons, puisqu’il le faut, jusqu’au dernier.
    Le Maña se mit donc à attendre par tribord qu’on vienne les prendre.
     
    — Bon sang, mais qu’est-ce qu’ils fabriquent ? s’étonna John Rackham.
    Le second du capitaine Charles Vane passa une main sur sa barbe.
    — Curieux, en effet, lui accorda celui-ci. Ils veulent nous tromper dans l’espoir de nous dissuader, je suppose. Le pavillon noir ne nous a pas convaincus, ils essaient autre chose.
    — Il faut donc que leur cargaison soit précieuse, s’ils refusent de l’exposer à nos tirs.
    — Je le crois aussi. Ils n’ont pourtant pas de batterie pour la protéger.
    — Mais beaucoup d’hommes. Beaucoup trop d’hommes, répéta-t-il en fouillant les ponts du Maria de sa longue-vue. Et armés, je parierais. Ce capitaine m’a tout l’air d’un roublard. Il a eu la gueule cassée et connaît les manières des pirates.
    — Un corsaire reconverti, peut-être, suggéra Vane.
    — Ou un corsaire tout court, capitaine.
    Vane hocha la tête. Sa pensée venait de rejoindre celle de son second. Le Maria était peut-être un leurre. Un bâtiment de guerre déguisé pour les prendre. Il inspecta les sabords avec soin, plus perplexe que jamais. Ils seraient à portée de tir dans quelques instants.
    — Mettez en batterie, ordonna-t-il. Abattez-moi ces mâts sans sommation, et visez à la poupe pour abîmer son gouvernail. Les courants sont côtiers. Nous allons le forcer à s’échouer sur la caye la plus proche.
    Rackham hocha la tête. Pour une fois il était d’accord avec son capitaine qu’il jugeait souvent trop prudent.
    Il descendit en batterie et relaya ses ordres.
     
    L’instinct de Mary ne la trompa pas. Il lui suffit de voir dans sa lunette cet homme affublé de couleurs vives descendre du gaillard et gagner l’entrepont pour comprendre aussitôt l’intention du capitaine.
    Elle se précipita à la rambarde et hurla :
    — Larguez les voiles, bâbord toute !
    Aussitôt, le navire vira.
    — Que se passe-t-il ? demanda Baletti, surpris par ce changement brutal de manœuvre.
    Mary n’eut pas le temps de répondre que les

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