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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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canons grondèrent depuis les sabords ennemis.
    — Mordiou ! jura-t-il en voyant s’abattre la volée de boulets. Ils visent pour démâter.
    — Nous ne leur donnerons pas ce plaisir, grinça Mary en barrant à l’ouest comme une forcenée.
    Une seconde bordée affaissa les vergues du mât de misaine. Le brigantin s’en venait sur arrière tribord.
    — Très bien, fulmina-t-elle, puisque c’est ce que tu veux ! Je vais te le donner, chien galeux !
    Baletti se détourna de sa longue-vue pour l’observer un instant. Jamais il n’avait vu Mary aussi déterminée et farouche. Ses ordres fusaient, pour les gabiers, les huniers, pour les pirates qui cette fois ne cherchaient plus à dissimuler leurs armements.
    Mary filait droit vers la plage, toutes voiles dehors, pour empêcher le brigantin de les couler en mer. Elle avait envie de se battre jusqu’à la mort si nécessaire, pas d’offrir à ce fourbe le privilège de l’envoyer par le fond sans qu’elle ait pu sortir son épée.
    Le capitaine Calvi s’était retranché derrière Baletti, conscient qu’il n’aurait su mieux faire et que seule l’expérience de Mary pouvait encore les sauver.
    La carène s’enfonça dans le sable et Le Maria s’échoua à quelques mètres de la plage.
    — A l’abordage ! hurla-t-elle comme le brigantin prenait leur flanc, les serrant par bâbord.
    Il avait renoncé à les canonner. C’était ce qu’elle voulait.
    Des hunes qu’elle avait fait aménager, des grappins fusèrent, devançant ceux de leurs ennemis, tandis que ses pirates déchargeaient leurs fusils avec acharnement.
    Mary n’attendit pas davantage pour se jeter dans la mêlée en hurlant :
    — À moi les pirates ! Pas de quartier !
     
    — Crébonsang ! s’étrangla Vane. Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?
    — On s’est fait berner, fulmina John Rackham, qui venait de comprendre que le capitaine de ce navire n’était pas celui qu’il croyait.
    — Ce chien ne va pas s’en tirer comme ça ! s’emporta Vane qui, comme lui, avait réalisé que la flûte avait dû tomber aux mains d’un pirate. Je ne le laisserai pas me prendre La Revanche  ! beugla-t-il en dégainant son sabre.
    Rackham agitait déjà le sien. Ils se jetèrent dans la mêlée.
     
    On se battait à présent sur les deux navires, avec la même hargne, la même férocité. Mary enfonça son sabre dans une poitrine, tira à bout portant dans une autre. Elle était déchaînée, d’autant plus que Baletti l’avait rejointe et ferraillait avec une dextérité qui l’étonnait. Il était presque aussi belliqueux et doué que Corneille. Ayant perdu ses raisons de s’inquiéter, elle ne songeait qu’à mettre en pièces, récupérant les pistolets des pirates qu’elle tuait pour tirer sur d’autres.
    L’air était empli de cette odeur de poudre et de sang qui décuplait sa rage, comme chaque fois. Elle cessa de voir et d’entendre, concentrée tout entière sur ce seul but. Avancer et ne laisser rien de vivant à ses côtés.
    Charles Vane n’en revenait pas de cette furie qui déferlait sur son navire. Ils avaient le dessus, pourtant. On sabrait encore, mais avant longtemps tout serait terminé. Il en était de même sur le pont de La Revanche. A l’exception de ce gaillard défiguré et du capitaine qui n’en finissaient plus de les malmener. Ces deux-là étaient à deux contre dix et ne baissaient pas pavillon. Ils méritaient sa clémence.
    — Rackham ! hurla-t-il. Fais-les prisonniers !
    Mary entendit l’ordre, et saisit d’un coup la précarité de leur situation. Elle découvrit ses hommes qui se mouraient, croulant sous le nombre, et Baletti qui faiblissait.
    Elle se rapprocha de lui, défaisant deux matelots qui lui barraient le passage, refusant qu’il se retrouve seul, acculé au gaillard d’avant. En quelques minutes, ils y furent plaqués.
    — Cessez le combat ! ordonna une voix.
    Leurs assaillants reculèrent, les menaçant d’un demi-cercle de gueules enragées, pistolet au poing. Ils s’écartèrent pour laisser passer le capitaine du brigantin et son second.
    — Lâchez vos armes, ordonna le premier.
    Mary le fusilla d’un regard mauvais et envoya son sabre lui atterrir aux pieds. Baletti dénoua ses doigts du sien et le fit choir sur le plancher.
    — A la bonne heure, déclara le capitaine. Vous nous avez fait grands dégâts pour…
    Il n’acheva pas. Un matelot avait saisi le porte-voix sur Le Maria et

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