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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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éviter sa lame.
    — ... Qu’est-ce que vous
dites de ça ? cria Iori en décapitant un haut arbuste, non loin de Hyōgō.
    Puis, épuisé par son effort, il se
laissa tomber à terre. Le souffle court, il demanda :
    — ... Qu’est-ce que tu penses
de ça, renard ?
    Se tournant vers Otsū, Hyōgō
lui dit avec un large sourire :
    — Pauvre petit bonhomme, il
m’a l’air possédé par un renard.
    — Peut-être avez-vous raison.
Ses yeux sont féroces.
    — Tout comme ceux d’un
renard.
    — Ne pouvons-nous rien pour
lui ?
    — Mon Dieu, on dit qu’il n’existe
aucun remède ni pour la folie ni pour la bêtise, mais je soupçonne qu’il y en a
un pour son mal.
    Il s’avança vers Iori et le
foudroya d’un regard sévère. Levant les yeux, le garçon reprit vivement son
sabre.
    — Encore là, hein ?
cria-t-il.
    Mais avant qu’il ne pût se
relever, ses oreilles furent assaillies par un furieux rugissement venu du
creux de l’estomac de Hyōgō.
    — R-r-r-r !
    Iori mourait de peur. Hyōgō
l’empoigna par la taille et, le tenant horizontalement, redescendit à grands
pas la colline jusqu’au pont. Il retourna le garçon sens dessus dessous, le
saisit par les chevilles et le tint au-dessus du parapet.
    — Au secours !
Maman ! Au secours ! Au secours ! Sensei  !
Sauvez-moi !
    Ses cris se transformèrent peu à
peu en gémissements. Otsū s’élançait à son aide.
    — Arrêtez, Hyōgō !
Lâchez-le ! Ne soyez pas aussi cruel.
    — Je crois que ça suffit, dit
Hyōgō en déposant doucement le garçon sur le pont.
    Iori se trouvait dans un état
affreux ; il hurlait, hoquetait, persuadé que nulle âme au monde ne
pouvait rien pour lui. Otsū alla à côté de lui, et entoura d’un bras
affectueux ses épaules tombantes.
    — Où demeures-tu, mon
enfant ? demanda-t-elle avec douceur.
    Entre ses sanglots, Iori
bégaya :
    — P-par là-là-là-là-bas.
    — Que veux-tu dire,
« par là-bas » ?
    — Ba-ba-ba-kurōchō.
    — Mais c’est à des
kilomètres ! Comment as-tu fait tout le chemin jusqu’ici ?
    — Je suis venu en course. Je
me suis perdu.
    — Quand donc ?
    — Je suis parti de Bakurōchō
hier.
    — Et tu as erré toute la nuit
et toute la journée ?
    Iori acquiesça à moitié de la
tête, mais ne répondit pas.
    — ... Voyons, mais c’est
affreux ! Dis-moi, où devais-tu aller ?
    Maintenant un peu calmé, il
répondit promptement comme s’il avait attendu la question :
    — A la résidence du seigneur Yagyū
Munenori de Tajima.
    Après avoir tâtonné sous son obi,
il saisit la lettre froissée et l’agita fièrement devant son visage.
L’approchant de ses yeux, il déclara :
    — ... Elle est pour Kimura Sukekurō.
Je dois la remettre et attendre la réponse.
    Otsū voyait bien qu’Iori
prenait sa mission très au sérieux, et se trouvait disposé à donner sa vie pour
protéger la missive. Iori, pour sa part, était résolu à ne montrer la lettre à
personne avant de parvenir à destination. Ni l’un ni l’autre ne se doutait de
l’ironie de la situation : une occasion manquée, un événement plus rare
que la conjonction, à travers le Fleuve céleste, du Berger et de la Vierge. Se
tournant vers Hyōgō, Otsū lui dit :
    — Il semble avoir une lettre
pour Sukekurō.
    — Il a pris la mauvaise
direction, vous ne croyez pas ? Heureusement, ce n’est pas très loin.
    Il appela Iori pour lui indiquer
le chemin :
    — ... Longe cette rivière
jusqu’au premier croisement de routes, puis tourne à gauche et monte la
colline. Arrivé à un endroit où trois routes se réunissent, tu verras deux
grands pins à ta droite. La maison est à gauche, de l’autre côté de la route.
    — Et prends garde à ne pas te
faire à nouveau posséder par un renard, ajouta Otsū.
    Iori avait repris confiance.
    — Merci ! cria-t-il en
courant déjà le long de la rivière.
    Lorsqu’il atteignit le croisement
de routes, il se tourna à demi pour lancer :
    — ... Ici, c’est à
gauche ?
    — Exactement, répondit Hyōgō.
La route est sombre ; aussi fais attention.
    Lui et Otsū, debout sur le
pont, le regardèrent une minute ou deux.
    — ... Curieux enfant !
dit-il.
    — Oui, mais il m’a l’air
assez brillant.
    Dans sa tête, elle le comparait
avec Jōtarō, à peine un peu plus grand qu’Iori lorsqu’elle l’avait vu
pour la dernière fois. Jōtarō, se disait-elle, devait avoir
maintenant dix-sept ans. Elle se

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