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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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reconnaissante
s’il s’était agi du Bouddha lui-même, entouré de la merveilleuse lumière de
l’infinie compassion. S’étant furtivement écartée de Matahachi, elle avait
couru vers Sukekurō qui n’avait pas tardé à lui proposer de l’emmener.
Quand Matahachi ouvrit la bouche pour protester, Sukekurō lui répondit sur
un ton péremptoire :
    — Si vous avez quelque chose
à dire, venez le dire à Higakubo.
    Impuissant devant la prestigieuse
Maison de Yagyū, Matahachi tint sa langue et se mordit la lèvre
inférieure, de colère et de frustration, en voyant lui échapper son trésor.
     
     
     

Une lettre urgente
     
    A trente-huit ans, Yagyū
Munenori était considéré comme le meilleur de tous les hommes d’épée. Ce qui
n’avait pas empêché son père de s’inquiéter sans cesse au sujet de son
cinquième fils.
    « Si seulement il pouvait
venir à bout de sa petite bizarrerie de caractère !... » se disait-il
souvent. Ou : « Quelqu’un d’aussi entêté peut-il se maintenir à un
rang élevé ? »
    Cela faisait maintenant quatorze
ans que Tokugawa Ieyasu avait ordonné à Sekishūsai de lui fournir un
instructeur pour Hidetada. Sekishūsai avait éliminé ses autres fils,
petits-fils et neveux. Munenori n’était ni particulièrement brillant ni d’une
héroïque virilité mais il s’agissait d’un homme doté d’un bon jugement solide,
d’un homme pratique, qui ne risquait pas de se perdre dans les nuées. Il ne
possédait ni la stature de son père, ni le génie de Hyōgō ;
pourtant, on pouvait se fier à lui, et surtout il comprenait le principe
cardinal du style Yagyū, à savoir que la véritable valeur de l’Art de la
guerre résidait dans son application au gouvernement.
    Sekishūsai ne s’était pas
mépris sur les désirs d’Ieyasu ; le général vainqueur n’avait que faire
d’un homme d’épée qui n’enseignât que la technique à son héritier. Quelques
années avant Sekigahara, Ieyasu lui-même avait étudié sous un maître du sabre
appelé Okuyama, son objectif étant, comme il le disait souvent,
« d’acquérir l’œil nécessaire à embrasser le pays tout entier ».
    Pourtant, Hidetada était
maintenant shōgun, et il n’eût pas convenu à l’instructeur du shōgun
d’être un homme qui perdît un combat réel. Un samouraï du rang de Munenori
devait dépasser tous ses rivaux, et prouver que l’art du sabre des Yagyū
l’emportait sur tous. Munenori se sentait constamment scruté, mis à
l’épreuve ; alors que d’autres pouvaient le considérer comme chanceux
d’avoir été choisi pour ce poste important, lui-même enviait souvent Hyōgō,
et souhaitait mener la vie de son neveu.
    Hyōgō, précisément,
prenait alors le couloir extérieur qui conduisait à la chambre de son oncle. La
maison, bien que vaste, n’avait rien de majestueux. Au lieu de faire appel à
des charpentiers de Kyoto pour créer une demeure élégante et gracieuse,
Munenori avait exprès confié le travail à des entrepreneurs locaux, habitués au
style robuste de guerriers spartiates de Kamakura. Bien que les arbres fussent
assez clairsemés, et les collines plutôt basses, Munenori avait choisi un
solide style rustique d’architecture, à l’exemple de la vieille Maison principale
de Koyagyū.
    — Mon oncle, appela doucement
et poliment Hyōgō, en s’agenouillant sur la véranda devant la chambre
de Munenori.
    — C’est toi, Hyōgō ?
demanda Munenori sans quitter des yeux le jardin.
    — Puis-je entrer ?
    Ayant reçu l’autorisation
d’entrer, Hyōgō s’avança dans la chambre à genoux. Il avait pris pas
mal de libertés avec son grand-père, enclin à le gâter, mais se gardait bien
d’en faire autant avec son oncle. Munenori, qui n’était pas à cheval sur la
discipline, l’était sur l’étiquette. Maintenant comme toujours, il se tenait
assis de façon strictement protocolaire. Il arrivait à Hyōgō d’avoir
pitié de lui.
    — Et Otsū ? demanda
Munenori comme si la venue de Hyōgō la lui rappelait.
    — Elle est rentrée. Elle
était seulement allée au sanctuaire de Hikawa comme elle le fait souvent. Au
retour, elle a laissé son cheval errer un peu à sa guise.
    — Tu es allé à sa
recherche ?
    — Oui, monsieur.
    Munenori garda quelques instants
le silence. La lumière de la lampe accusait son profil aux lèvres serrées.
    — Cela me soucie qu’une jeune
femme habite indéfiniment ici. L’on ne sait jamais ce

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