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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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qui peut arriver. J’ai
dit à Sukekurō de guetter l’occasion de lui suggérer d’aller ailleurs.
    — Il paraît qu’elle n’a nulle
part où aller, répondit Hyōgō d’un ton légèrement plaintif.
    Il s’étonnait du changement
d’attitude de son oncle : quand Sukekurō avait ramené Otsū en la
présentant comme une femme qui avait bien servi Sekishūsai, Munenori
l’avait cordialement accueillie, et lui avait déclaré qu’elle était libre de
rester aussi longtemps qu’elle le souhaitait.
    — ... N’avez-vous pas pitié
d’elle ? demanda Hyōgō.
    — Si, mais il y a des limites
à ce que l’on peut faire pour les gens.
    — Je croyais que vous-même
l’estimiez.
    — Ça n’a rien à voir. Quand
une jeune femme vient habiter une maison remplie de jeunes hommes, les langues
risquent d’aller bon train. Et pour les hommes, cela crée une situation
difficile. L’un d’eux risque de faire une bêtise.
    Ce fut au tour de Hyōgō
de se taire, mais non pas parce qu’il prenait pour soi les remarques de son
oncle. Il avait trente ans et, comme les autres jeunes samouraïs, il était
célibataire, mais il croyait fermement que ses propres sentiments envers Otsū
étaient trop purs pour susciter des doutes sur ses intentions. Il avait pris
soin d’endormir les soupçons de son oncle en ne faisant pas mystère de son
affection pour elle, sans laisser entendre à aucun moment que ses sentiments
allaient au-delà de l’amitié.
    Hyōgō pressentait que le
problème risquait de concerner son oncle. L’épouse de Munenori venait d’une
famille hautement respectée et bien en place, de ces familles dont les filles
étaient remises à leurs maris, le jour de leurs noces, dans un palanquin tendu
de rideaux pour n’être pas vues des étrangers. Ses appartements, ainsi que ceux
des autres femmes, se trouvaient fort éloignés des parties plus publiques de la
maison ; ainsi, pratiquement personne ne savait si les relations entre le
maître et sa femme étaient harmonieuses. On imaginait sans peine que la dame du
logis risquait de voir d’un mauvais œil une jeune femme belle et désirable
aussi près de son mari. Hyōgō rompit le silence :
    — Reposez-vous de cette
affaire sur Sukekurō et moi. Nous trouverons une solution qui ne soit pas
trop pénible pour Otsū.
    — Le plus tôt sera le mieux,
dit Munenori en approuvant du chef.
    En cet instant, Sukekurō
pénétra dans l’antichambre, déposa sur le tatami un coffret à lettre,
s’agenouilla et s’inclina.
    — Votre Seigneurie... dit-il
avec respect.
    Tournant les yeux vers
l’antichambre, Munenori demanda :
    — Qu’y a-t-il ?
    A genoux, Sukekurō s’avança.
    — Un courrier vient d’arriver
de Koyagyū par cheval rapide.
    — Par cheval rapide ?
répéta Munenori vivement, mais sans surprise.
    Hyōgō reçut le coffret
des mains de Sukekurō et le tendit à son oncle. Munenori ouvrit la lettre,
qui était de Shōda Kizaemon. Ecrite en hâte, elle disait : « Le
Vieux Seigneur vient d’avoir une nouvelle crise, pire qu’aucune des
précédentes. Nous craignons qu’il ne vive pas longtemps. Il affirme courageusement
que sa maladie n’est pas une raison suffisante pour que vous abandonniez vos
devoirs. Toutefois, après en avoir discuté entre nous, nous autres membres de
sa suite avons résolu d’écrire pour vous informer de la situation. »
    — ... Il est dans un état
critique, dit Munenori.
    Hyōgō admira la faculté
qu’avait son oncle de rester calme. Il supposait que Munenori savait exactement
ce qu’il convenait de faire, et avait déjà pris les décisions nécessaires.
Après quelques minutes de silence, Munenori demanda :
    — ... Hyōgō,
veux-tu aller à Koyagyū à ma place ?
    — Bien sûr, monsieur.
    — Je veux que tu assures à
mon père qu’il ne doit s’inquiéter de rien quant à Edo. Et je veux que tu
t’occupes de lui personnellement.
    — Bien, monsieur.
    — Je suppose que maintenant,
il faut s’en remettre à la volonté des dieux et du Bouddha. Tout ce que tu peux
faire, c’est te hâter pour essayer d’arriver là-bas avant qu’il ne soit trop
tard.
    — Je partirai ce soir.
    De la chambre du seigneur
Munenori, Hyōgō passa aussitôt à la sienne propre. Durant le temps bref
qu’il lui fallut pour réunir les quelques affaires dont il aurait besoin, la
mauvaise nouvelle se répandit dans toute la maison. Otsū se rendit discrètement
à la chambre de Hyōgō en

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